Nice-Matin (Cannes)

Noens : « C’était très long »

En février dernier, Nastasia Noens décidait de stopper sa saison pour bien préparer l’hiver suivant. Neuf mois plus tard, la Niçoise retrouve le circuit mondial, aujourd’hui, avec envie

- PROPOS RECUEILLIS PAR ROMAIN LARONCHE

Nastasia Noens est de retour. Neuf mois qu’elle attendait de remettre un dossard en Coupe du monde. Une éternité pour celle qui ne jure que par la compétitio­n. Mais un choix sage car la Niçoise devait d’abord soigner son corps. En février dernier, elle décidait de quitter le circuit dès les Mondiaux (e), après seulement quatre courses. Son genou droit, opéré des ligaments croisés un an plus tôt, la faisait trop souffrir. « J’avais mal, donc je ne skiais pas pareil. Et dans la vie de tous les jours, c’était l’enfer » .Aujourd’hui, voilà la licenciée de l’Inter club Nice débarrassé­e de ses douleurs et de retour en Coupe du monde. A  ans, la meilleure slalomeuse française de ces dernières années aborde la saison avec humilité. En manque de points, elle s’élancera très loin, ce matin à Levi (re manche à h, e manche à h). Mais la Niçoise reste ambitieuse et espère enclencher, ici, le début de sa remontée vers les sommets.

Vous êtes arrivée tôt en Finlande ?

Je suis arrivée le jeudi précédent. J’ai pu m’entraîner deux jours sur la piste de compétitio­n. A Tignes, c’était de la neigeglace. Ici, c’est complèteme­nt différent, donc j’ai eu le temps de m’adapter.

Quelles ont été vos différente­s phases de travail depuis votre arrêt ?

J’ai arrêté la compétitio­n mais j’ai poussé le plus possible le ski jusqu’à début mai. Ensuite j’ai pris un mois de vacances. J’ai attaqué un stage pré-olympique fin mai, puis la “prépa” physique avec les filles de l’équipe de France. On a adapté le travail par rapport à mes blessures. J’ai pu retrouver la forme, avant d’attaquer le stage aux Deux Alpes, début juillet. Le ski est revenu assez vite. Ensuite, on est parti début septembre à Ushuaia pour trois semaines. Malheureus­ement, je me suis fait un claquage musculaire à la cuisse et j’ai dû rentrer trois jours avant la fin. J’ai coupé pendant un mois et réattaqué l’entraîneme­nt il y a une quinzaine de jours.

Quelles sont vos sensations ?

Aujourd’hui, ça va plutôt bien, les sensations reviennent. J’ai repris progressiv­ement l’entraîneme­nt à Tignes, avec les filles de la Coupe

d’Europe. Et puis quand je vois ce qui est arrivé à Veronika Zuzulova à Ushuaia (victime d’une rupture du ligament croisé du genou droit), je me dis qu’il n’y a pas de comparaiso­n.

Même s’il y a eu ce souci musculaire, cela faisait longtemps que vous n’aviez plus pu faire une préparatio­n physique complète ?

Oui, ça change de pouvoir bien bosser physiqueme­nt. D’avoir de la continuité entre la fin de l’hiver et la reprise. Ça a été très intense et du coup je me suis vite sentie à l’aise sur les skis. Ça n’a pas encore été parfait, parce que j’ai dû m’arrêter un mois... Mais dans l’ensemble, je suis assez contente. Reste à retrouver la compétitio­n.

Neuf mois sans compétitio­n, c’est long ?

C’était très long. L’entraîneme­nt, c’est bien, mais ce qui me stimule c’est la compétitio­n. Je rentrais dans une routine, où c’est beaucoup de technique, de préparatio­n, mais ce n’est pas ça qui me fait avancer, donc j’ai hâte de ressentir la pression de la course. Y’a que ça d’important.

A cause de votre dernière saison, vous allez devoir partir d’assez loin ?

Oui, je devrais avoir le dossard , peutêtre un peu moins en fonction des absentes. Mais dans tous les cas, je partirai loin. Ça fait longtemps que ça ne m’est pas arrivé. Je suis bien consciente de ce nouveau statut, mais j’ai envie d’aller rechercher mon niveau, pour aller rejouer avec les filles devant. Il n’y a que ça qui m’intéresse. En attendant, ça fait longtemps que je n’ai pas couru. Il faut que je me remette dans le circuit, que je monte mon niveau sur chaque manche, sur chaque course, pour progresser au fur et à mesure de la saison.

Qu’attendez-vous de Levi ?

Je ne suis pas trop stressée, je suis excitée de retrouver la Coupe du monde. J’espère pouvoir me lâcher, skier à mon niveau. La saison dernière, j’avais encore mal au genou. Aujourd’hui, il va très bien. Ça fait un long moment qu’il me laisse tranquille, et ce n’est plus la même chose. Donc, même s’il me manque des données chronométr­iques, au moins j’ai des repères physiques et sur les skis.

Levi, c’est une station particuliè­re pour vous ? C’est ici que vous avez débuté en Coupe du monde en ...

C’était ma première Coupe du monde et j’ai eu ma première qualif’ (e à  ans), donc oui c’est particulie­r. Mais je n’ai jamais fait mieux que e làbas, donc c’est un sentiment un peu mitigé. Pourtant, j’aime bien cette piste, avec un sprint au début, puis un long mur. J’aime moins la neige ici, mais j’espère qu’avant la fin de ma carrière, je ferai mieux que e.

Vous êtes-vous fixée un objectif en terme de place ?

J’espère revenir dans les , mais il ne faut pas non plus que je précipite les choses. La saison dernière, je n’ai eu qu’une douzième place (à St-Moritz aux championna­ts du monde) et une fois dans les trente (e à Flachau). Il faut être réaliste, je repars de loin et je n’aurai pas un bon dossard. J’ai envie de refaire des podiums, mais ce n’est pas pour tout de suite. Cet hiver, il y aura des courses-clé et j’espère être présente à ces moments-là.

Comme les JO ? C’est déjà dans votre esprit ?

Oui, j’y pense. Comme à chaque fois qu’on entame une saison avec les Jeux, on nous en parle beaucoup, même si c’est bien moins marqué que sur les dernières olympiades. Mais avant PyeongChan­g, il y a des courses en Coupe du monde que j’adore. Il y a d’autres étapes avant.

PyeongChan­g, c’est quand même le rendez-vous le plus important de votre

saison ? Oui. Mais notre saison commence toujours maintenant et elle finit toujours en mars. Ilyacegros­picen février, mais je n’oublie pas qu’il y a cinq mois de compétitio­ns.

Ce serait quoi pour vous une saison réussie ?

D’avoir un podium et de finir dans les  premières mondiales. En partant e, viser les , ça sera compliqué. Et puis aussi une médaille aux Jeux. Là, ma saison sera réussie.

Quelles seront vos adversaire­s cette saison ? Shiffrin sera-t-elle toujours au-dessus ?

Shiffrin sera encore la favorite, mais il y a du monde en slalom, avec Holdener, Vlhova, Hansdotter, Loseth. Shiffrin n’a pas tout gagné non plus, elle s’est fait déborder parfois. Et puis elle n’a pas fait un podium à Sölden (e pour le géant d’ouverture), donc on ne sait jamais.

En équipe de France, on compare souvent les résultats de garçons, probants, et à ceux plus laborieux des filles. Cela vous agace ?

Ça ne m’agace pas, parce que c’est la réalité. C’est sûr que les bons résultats au sein d’un groupe procurent une émulation. J’entends souvent qu’il n’y a que Tessa (Worley) chez les filles ou que les garçons sont quatre dans les sept premiers en géant, mais chacun a son propre parcours. Ça ne me perturbe pas, ni m’énerve. Je garde les pieds sur terre. Je sais d’où je viens et quand je suis au départ d’une course, je me donne toujours à %.

Ce qui me stimule, c’est la compétitio­n ” Ma saison sera réussie avec une médaille aux Jeux ”

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(Photo Jean-François Ottonello) Nastasia Noens veut « rejouer avec les meilleures » cette saison.

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