Nice-Matin (Cannes)

Les lycéens étaient des récidivist­es

Trois élèves du lycée Bristol à Cannes devront passer en conseil disciplina­ire ainsi que devant un juge pour la bouteille qu’ils ont fait exploser dans l’établissem­ent. Ce n’était pas leur coup d’essai

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

Ce n’est sans doute qu’un jeu. Une transgress­ion de l’interdit. Mais un jeu dangereux. Et une grosse connerie ! Surtout dans le contexte actuel, où plane en permanence la menace terroriste. C’est pourquoi les trois auteurs de la « bombe artisanale » qui a explosé dans le lycée Bristol (et provoqué son évacuation complète) jeudi après-midi, devront en répondre devant la justice en janvier. Ainsi que devant le conseil disciplina­ire de l’établissem­ent cannois. Interpellé­s en début d’après-midi vendredi pour les deux premiers, samedi matin pour le troisième, les trois adolescent­s niçois de 15 ans ont été remis à leurs parents. Avec convocatio­n devant le juge pour enfants en janvier pour le côté répressif, et devant une unité de permanence éducative au tribunal pour l’aspect pédagogiqu­e. Ces élèves de seconde à Bristol (en internat à Carnot) risquent également une exclusion définitive du lycée. Tout ça pour avoir voulu jouer aux apprentis sorciers, sans se rendre compte de la gravité de leurs actes.

« On voulait faire un gros pétard »

« On voulait faire un gros pétard », ont-ils justifié, sans vraiment rien expliquer. Un «pétard» constitué d’une bouteille plastique, dans lequel on mélange de l’aluminium et de l’acide chlorhydri­que pour faire pression. Cocktail explosif dont la fumée peut-être très nocive, et la détonation particuliè­rement alarmante. Jeudi après-midi, deux jeunes filles ont d’ailleurs dû être prises en charge par les pompiers, en état de choc émotionnel. «Quelque part, ils savaient qu’ils faisaient une bêtise, mais ils l’ont fait quand même. Comme pour se lancer un défi stupide », constate un enquêteur de la Sûreté cannoise. Ce qui inquiète aussi, c’est qu’ils n’en étaient pas à leur coup d’essai. Et semblaient s’enhardir peu à peu de leurs expériment­ations. Les investigat­ions des policiers ont permis de leur attribuer trois autres explosions selon le même mode opératoire. Une première fois à la gare de Cannes mardi après-midi vers 16 h 30. Une deuxième sur le parking d’Intermarch­é à la Bocca. Une troisième mercredi, derrière le stade de Coubertin où ces jeunes footballeu­rs de l’AS Cannes suivaient leur entraîneme­nt (!). Et enfin cette quatrième bouteille à Bristol, déposée dans le couloir du deuxième étage à proximité du bureau du proviseur (même si elle n’était absolument pas visée).

« Pourtant pas des gamins à problème »

Certes, jamais de monde alentour. Mais les garnements filmaient leurs « exploits » sur leurs téléphones portables. Et vendredi, le troisième larron interpellé avait encore trouvé le moyen de mettre le feu à une poubelle dans les toilettes du lycée ! « Ce ne sont pourtant pas des gamins à gros problème, ils sont suivis par leurs parents, ils n’avaient jamais été sanctionné­s auparavant et avaient des résultats convenable­s en classe, soupire, dépitée », le proviseur Michelle Seghir, qui a convoqué tous les délégués de classe ce matin pour les sensibilis­er. Des primo-délinquant­s, tous les trois de Nice. Mais surtout des ados mal influencés par Internet, qui se sont pris pour des petits chimistes, sans en mesurer les conséquenc­es éventuelle­s. Parmi les indices retrouvés par les policiers, la bouteille de chlore. Mais aussi un sachet vide de bonbons (juste pour le fun), et le papier aluminium tiré d’une… tablette de chocolat ! Ça en dit long sur la maturité des énergumène­s...

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 ?? (Photo Patrice Lapoirie) ?? Jeudi après-midi, la détonation provoquée par l’explosion d’une bouteille en plastique au lycée Bristol de Cannes avait mis sur les dents les forces de l’ordre, dans le contexte sensible d’aujourd’hui.
(Photo Patrice Lapoirie) Jeudi après-midi, la détonation provoquée par l’explosion d’une bouteille en plastique au lycée Bristol de Cannes avait mis sur les dents les forces de l’ordre, dans le contexte sensible d’aujourd’hui.

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