Arkopharma renforce sa présence en Chine
Le laboratoire pharmaceutique carrossois attend beaucoup de ce partenariat signé avec Kaola, plateforme chinoise de e-commerce cross border
Aller vendre des compléments alimentaires aux Chinois pourtant réputés pour l’utilisation de plantes dans leur médecine traditionnelle. Un pari osé que le laboratoire pharmaceutique Arkopharma a entrepris en signant la semaine dernière à Paris un partenariat avec Kaola, plateforme de ecommerce chinoise ne distribuant que des produits étrangers pour le marché chinois. Pour le leader français et européen en médecine naturelle, c’est l’opportunité de renforcer sa présence en Chine. Yann Malaud, directeur du Pôle International, explique la stratégie.
Pourquoi la Chine?
Parce qu’en , elle sera le premier marché mondial des vitamines et minéraux et produits naturels avec un chiffre d’affaires off line estimé à plus de Mds€. Avec les filiales, l’international représente pour Arkopharma % de notre chiffre d’affaires de M€ dont une grande partie réalisée en Europe. Nous voulons écrire une nouvelle page en accélérant notre développement en Asie en parallèle de l’Europe.
Quels sont les projets en Asie ?
Nous en avons plusieurs. Tout d’abord, nous allons relancer, dès , notre présence à Singapour qui fait office de marché vitrine en installant un bureau sur place et en développant des partenariats avec des grandes chaînes et drugstores locaux. L’autre projet concerne la Chine où nous sommes présents depuis avec deux approches. La première, à long terme, vise à être vendu dans des points de vente physiques. Pour cela, il faut passer par des contraintes réglementaires très strictes, complexes et longues afin de faire enregistrer les produits. Nous débutons le processus. En attendant, nous nous adressons au consommateur chinois via le ecommerce. Ce dernier est très friand de marques d’importation qu’il achète via des plateformes marchandes.
C’est la raison pour laquelle vous avez signé un partenariat avec Kaola.
Oui, c’est une filiale du groupe NetEase qui pèse plus de Mds$. Kaola s’est positionnée comme la re plateforme de e-commerce cross border à proposer exclusivement des marques occidentales aux consommateurs chinois. Pour Arkopharma, c’est stratégique d’être sélectionné par Kaola comme partenaire privilégié pour les compléments alimentaires. Nous disposerons d’une boutique propre sur leur site. On n’est qu’aux débuts de l’aventure mais on s’attend à plusieurs millions d’euros d’ici un ou deux ans. Nous travaillons déjà avec d’autres plateformes en Chine mais elles ne sont pas exclusives des marques d’importation.
Quelles sont les caractéristiques du e-commerce en Chine ?
C’est un marché énorme, ne seraitce que par la population chinoise. La classe moyenne, très connectée, a intégré l’achat e-commerce comme un achat de re intention pour certaines catégories de produits. Les Chinois sont très intéressés par les compléments alimentaires car il y a chez eux une tradition multimillénaire de la médecine par les plantes.
N’est-ce pas paradoxal que les Chinois achètent des produits de médecine naturelle venant de l’étranger ?
Les nouvelles générations n’ont plus le temps de préparer des concoctions et trouvent dans les produits manufacturés une facilité de consommation. À cela s’ajoute une méfiance globale envers le made in China. Les Chinois préfèrent s’approvisionner auprès de marques occidentales qui garantissent un niveau de qualité des matières et des process parfois absents chez eux. Enfin, ils ont une appétence pour les marques étrangères. Arkopharma va valoriser le fait de produire en France selon des normes strictes de qualité pharmaceutique et jouera sur la beauté et de l’art de vivre à la française.
Quels produits mettrez-vous en avant?
Il y a une demande spontanée sur tout ce qui concerne la santé de la peau ainsi que pour la gamme destinée aux enfants. Depuis le scandale du lait de vache frelaté en , les Chinois doutent de leurs produits. Autre caractéristique : ces consommateurs veulent acheter le produit tel qu’il est vendu dans l’Hexagone avec le nom et la posologie en français. Nous ne faisons qu’apposer une étiquette en mandarin mais n’avons pas réalisé de packaging en chinois. Cela leur semblerait suspect.
À quels écueils faites-vous face ?
Nous avons dû contourner un double écueil digital et culturel. Pour nous qui sommes habitués à vendre nos produits dans des officines physiques au coin de la rue, nous avons dû d’un seul coup, maîtriser les différents éléments d’un écosystème digital. Nous devons bâtir une e-réputation.
Comment allez-vous procéder ?
Nous avons donc recruté une Chinoise qui, dès janvier, aura pour mission de développer la notoriété d’Arkopharma auprès des Chinois en France et des touristes chinois. Ils nous serviront de promoteurs de bouche-à-oreille sur les réseaux sociaux pour que les consommateurs chinois en Chine constatent que nos produits sont réellement achetés en France.