Nice-Matin (Cannes)

FOOTBALL Le réveil ou l’abîme

Battue à l’aller en Suède (0-1), l’Italie de Gianluigi Buffon joue son avenir au Mondial ce soir

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L’Italie est au bord du gouffre. Battue par la Suède en barrage aller (1-0), elle devra chasser ses doutes et retrouver ne serait-ce qu’un peu de sa superbe ce soir à Milan pour décrocher sa place en Coupe du Monde, celle qu’elle occupe sans discontinu­er tous les quatre ans depuis 1962. « Il faut que tout change pour que rien ne change », comme dans Le Guépard, le roman de Giuseppe Tomasi di Lampedusa adapté au cinéma par Luchino Visconti. L’équipe d’Italie a un match pour montrer un visage radicaleme­nt différent de celui qu’elle présente depuis des mois et pour maintenir l’équilibre du monde du football, celui où l’Italie va toujours au Mondial. Jusqu’à vendredi et la défaite de Solna, les Italiens chassaient d’ailleurs la perspectiv­e d’une éliminatio­n comme un improbable mauvais rêve. « Ca n’est pas possible. On ne peut pas y croire. Sincèremen­t, l’idée ne nous avait même jamais effleurés. Un Mondial sans l’Italie, dans notre imaginaire collectif, c’est plus improbable que l’atterrissa­ge place Saint-Pierre d’un aéronef venu de Saturne », écrivait ainsi la semaine dernière la Gazzetta dello Sport. Alors peu avant la deuxième manche à San Siro, l’Italie en est là, un peu hébétée, à se demander à quoi peut bien ressembler un été de Coupe du Monde sans son équipe nationale. La dernière fois c’était en 1958, et seuls quelques grands-pères s’en rappellent. Pour les autres, c’est l’inconnu. Mais comment la Nazionale, encore très séduisante il y a à peine plus d’un an à l’Euro2016 en France (quart de finaliste) a-t-elle pu tomber si bas ?

« Etre féroces »

Logiquemen­t devancés en poules par une Espagne infiniment supérieure, Gianluigi Buffon et les siens sont en fait restés traumatisé­s par la défaite concédée début septembre à Madrid (3-0). En crise totale de confiance, mal guidée par Gian Piero Ventura, sélectionn­eur sans expérience du très haut niveau et qui semble aujourd’hui à court d’idées, la Nazionale a désormais bien peu d’éléments auxquels se raccrocher pour croire à un renverseme­nt de situation. Le premier reste la qualité très relative de l’adversaire. Bien organisés et costauds, les Suédois n’ont pas non plus semblé invincible­s à Solna et avec un peu de vitesse et d’audace, les Italiens peuvent probableme­nt changer la dynamique de ce barrage. Cette vitesse et cette audace peuvent être incarnées par Lorenzo Insigne, l’ailier de Naples, qui devrait être titulaire quel que soit le système choisi par son entraîneur. A l’aller, celui qui est l’élément offensif le plus talentueux de la sélection n’était entré qu’à un quart d’heure de la fin, remplaçant poste pour poste Marco Verratti (suspendu ce soir) dans l’incrédulit­é générale. Mais au-delà des schémas tactiques et des qualités individuel­les, l’Italie va surtout devoir arriver à San Siro avec un supplément d’âme. Buffon, dont l’immense carrière internatio­nale s’achèverait lundi soir en cas d’éliminatio­n, a lancé le mot d’ordre: « Nous devrons être féroces. Nous et toute l’Italie. On enlève tous nos maillots noir et blanc, rouge et noir ou bleu et noir et on enfile tous le Bleu». La réponse du stade San Siro, où l’Italie n’a jamais perdu, est désormais attendue. Ils seront plus de 70.000 à pousser très fort, pour faire que l’été 2018 ne ressemble pas à l’été 1958.

“Je

suis déçu parce que Pat’ est vraiment un ami et vraiment quelqu’un de bien, on perd un leader, quelqu’un d’important dans le groupe. En tant que joueur profession­nel, on se doit de montrer l’exemple, et c’est sûr que ce n’est pas un geste qu’on doit faire. Maintenant, on reste des humains, il y a des choses qui n’ont pas lieu d’être, aussi: les supporters n’ont pas à être au bord du terrain”

Steve Mandanda à propos de Patrice Evra, hier, à Telefoot.

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