Nice-Matin (Cannes)

Et si vous adoptiez des poules dans votre jardin ?

Ils ont choisi de diminuer de 30% leurs poubelles en prenant des poules. L’initiative lancée par Laurence Thiébaut, ardente défenseur de l’environnem­ent, a séduit 20 foyers azuréens

- SOPHIE CASAL

Nos poubelles débordent, on engloutit des sommes énormes pour traiter les déchets, alors qu’on peut faire autrement, pose Laurence Thiébaut. « Les poules sont “une” solution pour réduire les biodéchets, si on dispose d’un peu de terrain. » Elle a ainsi lancé l’opération Poules rousses. Avec succès. Vingt foyers azuréens se sont portés candidats. Animés par un même objectif: réduire la taille de leurs poubelles.

Pour finir les restes

En ce beau samedi d’automne à Vence, les enfants s’agglutinen­t autour du poulailler dressé dans le jardin du parc de la Conque. Les familles se pressent pour récupérer leurs nouvelles pensionnai­res. Elles ont fière allure les quarante poules rousses. La veille, Laurence Thiébaut, cheville ouvrière de l’associatio­n Vie Initiative Environnem­ent, est allée les chercher chez un éleveur de Puget-Théniers. Elle veille au grain, pour qu’elles ne manquent pas d’eau. Avant de partir dans leur famille d’accueil. Premier arrivé, Lilian,7 ans, trépigne d’impatience. Avec sa mère Marcy, il s’approche de l’enclos. Jette son dévolu sur une noire et une grise. Cette famille vençoise a préparé le jardin à l’arrière de leur maison, pour qu’elles puissent s’y promener. Et déboursé 20 euros, pour l’achat des deux poules. Le poulailler en kit est offert par l’associatio­n, grâce au mécénat de la Fondation de France. Marcy compte sur ses protégées pour « finir les restes », et ainsi faire la peau aux déchets qui encombrent sa poubelle. «Ça me rappelle mon enfance, mon père avait des poules, et je me souviens, on avait un seau dans lequel on mettait ce qu’il restait dans nos assiettes, les épluchures. Les poules mangeaient tout. » Et c’est bien là tout l’intérêt de sa démarche. « À la maison, on fait le tri, on essaie de gaspiller le moins possible, alors, on espère arriver à ne plus produire qu’une petite poubelle par semaine. » Sylvie, compte, elle aussi, atteindre le même objectif. Venue de La Gaude, elle a déjà, depuis deux ans fait un compost. Et veut aller plus loin.

A chacun sa poule

« On s’est engagé dans une démarche zéro déchet, témoigne Sylvie. L’opération poule rousse est une super initiative. Quand elle a été lancée, on s’est inscrit tout de suite. Ce qui est intéressan­t, c’est le réseau d’entraide entre les familles. J’hésitais un peu à prendre des poules, parce que c’est compliqué quand on part en vacances, mais là, nous aurons un coup de main, et nous pourrons aussi dépanner d’autres familles en retour. » Sylvie a déjà prévu de récupérer la fiente de ses pensionnai­res comme engrais pour son potager, en permacultu­re. « Et nous aurons le plaisir d’avoir 1 oeuf par jour ou tous les 2 jours. » Son mari et sa fille friands d’omelettes appréciero­nt! A côté d’elle, sa fille Alix tient « Malaka » dans les bras. « C’est ma poule, l’autre, Pimprenell­e est à maman. » Pour bien s’occuper des gallinacés, l’adolescent­e s’est renseignée. «Il faut vérifier leur eau, mettre de la paille, nettoyer et leur apporter la nourriture. » Omnivores, elles mangent de tout... enfin presque. Pour les protéines, elles trouvent leur bonheur dans la terre et avec les insectes qu’elles attrapent dans la journée. Les restes de viande et de poisson sont aussi les bienvenus. Tous les restes de repas, alliés aux céréales en grain (ou pain), fournissen­t la base de leur alimentati­on. Elles doivent avoir de l’eau, à volonté. « Il faut prévoir 10 m2 par poule, pour qu’elles puissent vadrouille­r, gratter le sol et trouver des petits cailloux qui aideront à leur digestion », explique Laurence Thiébaut. Intéressé, un policier municipal, s’approche du poulailler : « il leur faut de l’ombre ? » Elle acquiesce. Son collègue lui lance : « Tu t’y connais en gallinacés, tu aurais pu être adjointe à la sécurité ! » Laurence sourit de la bonne blague. Mais son dada à elle c’est plutôt l’environnem­ent.

Une solution efficace

C’est pour faire bouger les lignes qu’elle a créé, il y a douze ans cette associatio­n. Et, côté gallinacés, Laurence Thiébaut n’en est pas à son coup d’essai. Elle a déjà été l’instigatri­ce d’une initiative similaire il y a quelques années. « Je m’étais inspirée d’une expérience menée à Mouscron, en Belgique. » Et ainsi pu en mesurer l’impact sur la réduction du volume des sacs poubelles. La solution « poules » est efficace. Plusieurs villes comme Aubagne, Toulouse, Versailles ont d’ailleurs lancé ces dernières années, des opérations « Adopte une cocotte. » Et partout, c’est le même bilan: elles contribuen­t à diminuer les déchets des foyers de 20 à 30%. « Elles ont aussi une vertu pédagogiqu­e. Les enfants peuvent voir que les oeufs ne poussent pas dans des boîtes en polystyrèn­e. »

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(Photos S.C.) Ils adoptent des poules pour réduire leurs déchets.
 ??  ?? Sylvie et sa fille Alix récupèrent leurs poules.
Sylvie et sa fille Alix récupèrent leurs poules.
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Les poules, alliées de la lutte contre les déchets.

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