Le squat d’un hangar irrite le voisinage depuis des mois
Des familles occupent illégalement un terrain désaffecté à Golfe-Juan. L’association Prales les défend mais les riverains ne supportent plus les nuisances sonores
Àbout de nerfs. Christophe Kramer et Joy Campanella n’en peuvent plus du brouhaha qui se trame en bas de chez eux. Une gêne acoustique perpétrée depuis des mois, par quelques familles rom qui squattent un hangar désaffecté situé à un jet de pierre de leur résidence, à GolfeJuan. « Ça dure depuis le mois de juin, témoigne Christophe. Au début, on voyait des enfants qui jouaient à la trottinette. Bon, ce n’était que des gamins. Mais désormais, ils sont installés avec des tables, du linge, et il y a de plus en plus de monde. »
« C’est devenu un parc d’attraction »
Ce n’est pas tout : « Fin août, ils ont découpé le grillage qui les sépare de notre résidence pour venir prendre leur douche à la piscine. Et tout l’été ils ont utilisé l’eau des bouches à incendie du chemin des Courcettes qui est juste derrière. Au début ils se faisaient discrets. Mais depuis que la police a été appelée, ils n’ont plus de retenue. » Joy, sa compagne, poursuit : «Depuis deux semaines, ils ont un chien qui aboie toute la soirée. Avec tous ces gosses, c’est devenu un parc d’attraction. Et comme c’est de la taule, ça résonne énormément. » Vincent Bertrand, président du conseil syndical de la résidence, confirme le calvaire vécu par Christophe et Joy : « Moi je ne les entends pas trop car je ne vis pas au quatrième étage comme eux. Mais j’ai reçu plusieurs plaintes d’autres résidents de l’immeuble, et nous avons déposé une plainte pour la dégradation du grillage cet été. » Naturellement, le couple appelle la police pendant le mois de juillet, pour tenter de mettre fin à ce tapage qui l’importune de jour comme de nuit. Avec de l’espoir au départ. Puis, finalement, un certain fatalisme. « Quand on a appelé la première fois pour les nuisances sonores, on nous a répondu qu’ils étaient au courant et qu’une procédure d’expulsion était en cours. Quand on a rappelé, ils nous ont dit qu’une procédure était en cours et qu’ils ne pouvaient donc rien faire. » Une version que confirme Michel Molesti, adjoint à la sécurité de Vallauris : «Nous avons effectivement été alertés par le voisinage. Des courriers ont été envoyés au propriétaire. Mais on ne peut pas s’y substituer. Ce dernier a toutefois déposé une plainte. Et pour qu’il y ait expulsion, il doit en faire la demande auprès du préfet. Mais en aucun cas il n’autorise le squat sur son terrain.» Quid des nuisances sonores qui durent depuis des mois selon les riverains ? L’élu répond : « Nous intervenons dans la mesure où il y a nuisance lorsque nous recevons un appel. Nous avons d’ailleurs effectué des contrôles d’identité et tout et tous sont en règle. Les véhicules également. »
« Des enfants qui commencent à rêver »
Viorel Costache, président de l’association Prales (1) qui lutte pour la défense des droits des Rroms issus de l’Europe de l’Est, exclut une expulsion sans solution de relogement derrière : « L’avenir de ces enfants est l’éducation. Nous demandons à la municipalité de trouver des solutions. On ne peut pas balancer dans la rue des enfants qui, grâce notamment à l’école, commencent à avoir des rêves. Notre but est de sortir les gens de la misère avec des solutions concrètes. Déplacer les gens d’un endroit insalubre vers un autre ne résout pas le problème. Nous voulons de vraies solutions. Ces enfants sont scolarisés en maternelle, primaire ou au collège. Il leur faut une solution pérenne. »