Nice-Matin (Cannes)

Arman: l’oeuvre triomphe après douze ans de guerre

C’est l’épilogue d’une longue bataille autour de la succession de l’un des plus grands artistes français du XXe siècle. Un accord entre les ayants droit est signé. Nice aura bien son musée!

- FRANCK LECLERC

L’informatio­n a été révélée hier par le journal Le Monde. Un accordaété signé le 7 novembre dernier, à New York, qui dénoue douze années d’une guerre successora­le terrible dont on désespérai­t de voir le terme. D’un côté: Corice, seconde épouse d’Armandepui­s leur union en 1971. De l’autre: Marion Moreau, fille aînée du premier mariage de l’artiste avec la musicienne Éliane Radigue. En vertu de ce document, la première est confirmée dans son rôle de légataire universell­e. Mais la seconde siégera à son côté au sein d’un comité, seul compétent pour l’authentifi­cation des oeuvres, notamment. Ce qui constituai­t un point d’achoppemen­t majeur, préjudicia­ble à la postérité comme à la cote du cofondateu­r du Nouveau Réalisme. Me Jean-Jacques Neuer, conseil parisien de Corice Arman, se félicite de cette heureuse conclusion qui intervient après l’échec d’une demi-douzaine de tentatives de conciliati­on. L’avocat, qui souligne n’avoir initié lui-même aucune procédure, évoque « un litige internatio­nal et très dur » impliquant « une multiplici­té de parties » disséminée­s entre laFrance, les ÉtatsUnis et la Suisse. Me Neuer fait également référence à des « blocages psychologi­ques » et à des « enjeux affectifs » qu’il était impossible de gommer. « Souvent, les grands artistes ont une succession compliquée parce que leur vie l’a été. »

À Nice, le musée

« L’oeuvre d’Arman a été impactée par ce litige » , admet Me Jean-Jacques Neuer. L’avocat de Corice veut le rappeler: « Il a été le dernier artiste français à faire partie du top 5 mondial. C’est un très grand, dont la lisibilité sera restaurée grâce à l’accord qui vient d’être signé. » Un catalogue raisonné sera mis en chantier, qui fera autorité. De même que sera relancé le projet de musée. « Il avait été gelé suite à la mésentente familiale, la situation est aujourd’hui tout à fait différente. Un musée Arman à Nice, ce serait, bien sûr, merveilleu­x. » Marion Moreau, qui dans cette succession représente trois autres ayants droit, partage l’analyse. « Ce musée, j’y suis évidemment favorable. » La maison de Vence, dite Le Bidonville, pourrait abriter une fondation ou une résidence d’artiste. Tout détail serait prématuré mais sur le fond, Marion fait siennes les préoccupat­ions de Corice. « Il s’agit de redonner sa place à l’oeuvre de mon père. Nous avons tout pour nous entendre. Plus nous construiro­ns ensemble cet édifice commun, plus nous serons liées et soudées. » Les dissension­s relèvent donc du passé. « Comme dans toute guerre, il se passe des choses difficiles qu’il faut prendre le temps de digérer. Cet accord est une très, très bonne nouvelle. » Douze ans après la disparitio­n de l’artiste, le 22 octobre 2005 à New York, un seul vainqueur à l’issue de ce conflit: Arman. « Arman, son oeuvre et l’art d’une manière générale » , confirme Me Neuer.

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(Photo P. Lapoirie) En , sur la terrasse de sa maison de Vence.

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