Robert Hirsch : décès d’un monstre sacré
Robert Hirsch, un des derniers monstres sacrés du théâtre français, est décédé hier à 92 ans à Paris. Le comédien, qui disait ne jamais vouloir prendre sa retraite et avoir le théâtre pour « religion », était encore à l’affiche ces dernières années de pièces à succès, comme Le Père de Florian Zeller, après 65 ans de carrière, dont un quart à la Comédie Française. Il était hospitalisé depuis 48 heures après une chute à son domicile. Le comédiendevait à sa formation de danseur classique, avant d’entrer au Conservatoire, une exceptionnelle présence sur scène et une agilité qui ne l’aura quitté que dans les toutes dernières années. Entré à la Comédie Française dès sa sortie du conservatoire en 1948, puis sociétaire de 1952 à 1974, il se distingue notamment en Arlequin dans La Double Inconstance de Marivaux (1950), en Scapin des Fourberies de Molière, ou en Bouzin dans Un Fil à la Patte de Feydeau (1961).
Nombreux Molière
Après son départ de la Comédie Française, où il dira avoir « passé les 25 plus belles années de (sa) vie », Robert Hirsch débute une seconde carrière, alternant comédies et grands textes. Le Gardien de Harold Pinter lui vaut en 2007 un de ses nombreux Molière. Il reçoit aussi unMolière d’honneur en 1992 et un Molière du meilleur comédien d’un spectacle de théâtre privé pour Le Père en 2014. RobertHirsch avait fait réaliser sa tombe pour être enterré dans le cimetièredeBouère (Mayenne). Pierre Lescure, président du Festival de Cannes, se souvient avoir « toujours vécu avec son talent sensible et exorbitant, au théâtre beaucoup, à la télévision (pour des rires et de beaux rôles) et au cinéma aussi. Il savait qu’il ne jouerait plus et il enrageait ». Gilles Jacob, ancien président du Festival, évoque « un des comédiens français dont le tempo, la justesse du jeu, le sens du croquis, de la caricature humaine étaient extraordinaires » .