« La méfiance, très archaïque, nuit à la rencontre »
chaque fois qu’on est en position d’être, d’exister en face des autres, consciemment ou inconsciemment, on se demande si on est en position de force ou de faiblesse, et souvent on est dans la représentation de ce qui se passera de désagréable.
Une illustration ?
Lorsqu’on est invités chez des gens, la première question que l’on pose souvent est : «Qui seront les autres invités ?» On veut savoir. La méfiance vis-à-vis d’autrui est un réflexe très archaïque. Or, à moins de vivre en ermite, nous sommes contraints de rencontrer les autres, et aussi de collaborer avec eux. Tout le monde a besoin des autres. Cette méfiance, très archaïque, nuit à la rencontre et il faut que l’on oeuvre ensemble puisque la société nous demande d’apprendre à vivre ensemble.
Certains semblent moins bien « équipés » que les autres, et se posent systématiquement en victimes des autres. Comment se sortir de ce schéma ? Mon expérience de psychologue, mais aussi mes recherches m’ont amené à identifier trois forces majeures qui dialoguent en nous et influencent nos comportements, nos choix de vie et par-delà, notre existence tout entière. On doit essayer d’organiser différemment ce discours lorsqu’il nous gêne, nous dessert ou nous fait souffrir.
Quelles sont ces forces ?
L’homme est confronté à son monde émotionnel, relationnel et intentionnel.
Patrick Estrade
Psychothérapeute
Le monde émotionnel correspond à ce que ressent tout être humain lorsqu’il rencontre l’autre. Quelles sensations, quelles émotions, quels sentiments éprouve-t-on? Comment les gère-t- on ? Une fois que l’on a « ressenti », on est dans la relation. Vivre en société implique d’entretenir des relations avec autrui. Qu’est ce qui nous lie à l’autre ? Face à cet autre, se pose la question : que puis-je faire avec lui ? L’amour ? La guerre ?... Il y a enfin, dans toute relation à autrui, et même dans l’amour le plus pur, un aspect intentionnel. Ce monde intentionnel est le plus mystérieux, car en grande partie inconscient. Il réfère à la dimension animale de l’homme, celle qui tient à son instinct de survie. On revient à la notion d’archaïsme de départ. Pourquoi est-ce que je désire une relation