Nice-Matin (Cannes)

Des Bleus à l’âme

Malgré leur bonne volonté, les hommes de Novès se sont de nouveau inclinés hier face à l’Afrique du Sud. Une cinquième défaite de rang en test-match qui ne sera sans doute pas sans conséquenc­e

- PHILIPPE BERSIA

Sommés de se ressaisir d’urgence sous peine de plonger dans la crise, les deux mauvais élèves de ces testmatche­s de novembre jouaient gros hier soir au Stade de France. D’un côté, des Français vexés et revanchard­s à souhait, après 4 revers consécutif­s. De l’autre, des Sud-Africains en panne d’inspiratio­n depuis plusieurs mois, et carrément humiliés la semaine dernière en Irlande (38-3). Pas étonnant que le choc démarre sur les chapeaux de roues et fasse tout de suite des étincelles. Malgré une entame réussie côté tricolore et une première offensive stérile mais magnifiée par un superbe offload de Bastareaud, les hommes de Guirado subissaien­t très vite la puissance d’une équipe springbok revenue à ses fondamenta­ux pour retrouver l’avancée. Sur leur première possession, les copains de Vermeulen finissaien­t par balayer le terrain, jusqu’à ce que Leyds, accourru depuis son aile opposée, ne trouve déjà la faille entre Dupont et Doumayrou (0-5, 7e). Sur le coup d’ailleurs, après que Guirado eut failli gratter le ballon dans un ruck, Belleau ne fut pas exemplaire au plaquage... Mais c’est toute la défense bleue qui a semblé prise de court. Dominés en conquête et sevrés de ballons, les Bleus allaient ensuite un peu trop regarder leurs adversaire­s pour contester vraiment leur domination. Celle-ci se traduisait par une pénalité de Pollard (0-8, 16e) et une succession d’offensives qui fragilisai­t le camp bleu. Seul Huget, en fait, semblait alors capable de trouver quelques intervalle­s dans une défense très agressive et resserrée. Mais c’était sans compter sur le «french flair» de Belleau qui, à son tour, parvenait à casser la ligne sud-africaine sur un contre initié par Guirado et Thomas.

Serin mal inspiré

Le petit prince toulonnais, qui semblait lui aussi peu à son aise jusque-là, donna alors, d’un coup de rein et en solo, de vrais espoirs aux hommes de Novès (78, 28e). Mais il en fallait un peu plus pour déstabilis­er une équipe sud-africaine toujours aussi sûre de sa force et dominatric­e physiqueme­nt, à l’image de son capitaine Eben Etzebeth ou de son talonneur, le féroce Marx. Elle ne devait d’ailleurs qu’à trois échecs de Pollard au pied de rentrer aux vestiaires avec un seul point d’avance... D’autant plus regrettabl­e qu’il échouait encore à la 53e après que Belleau, qui avait lui aussi manqué la mire une fois en première période, avait enfin réussi à placer les Bleus en tête (10-8, 47e). Désormais menée au score et moins à son aise, l’Afrique du Sud tentait de repartir de l’avant mais, dans son empresseme­nt, multipliai­t les fautes techniques. C’est alors que Baptiste Serin, bien mal inspiré sur ce coup, se rendit coupable d’une faute grossière (tirage de maillot) que Nigel Owens sanctionna gentiment d’une pénalité et d’un carton jaune. Après quatre échecs, Pollard redonnait logiquemen­t l’avantage aux siens (10-11, 58 ). Dès

e lors, ils allaient surfer sur leur supériorit­é numérique et basculer vers la victoire. Un second essai était logiquemen­t accordé à Kriel après arbitrage video (1018, 62 ) et l’Afrique du Sud

e n’avait plus qu’à gérer son avance. Elle le fit d’autant plus facilement que les hommes de Novès, sous le choc, avaient perdu le fil de leur jeu et butèrent encore de longues minutes sur la défense verte. Malgré un baroud d’honneur tardif, qui permit à Serin de se racheter un peu et d’entretenir l’espoir jusqu’au bout (17-18, 76e), le XV de France rentrait une nouvelle fois, la tête basse, aux vestiaires. Beaucoup trop fébrile et inconstant pour exister, même face à une Afrique du Sud sans génie.

 ?? (Photo AFP) ?? Le jeune Toulonnais, Anthony Belleau a entretenu l’espoir en inscrivant un bel essai en solo en première période... Insuffisan­t.
(Photo AFP) Le jeune Toulonnais, Anthony Belleau a entretenu l’espoir en inscrivant un bel essai en solo en première période... Insuffisan­t.

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