Moins on en parlera...
Hollande souhaitait inverser la courbe du chômage en la piétinant avec ses gros sabots. Macron, que le port de mocassins rend plus subtil, ambitionne de gommer tous les chiffres susceptibles de rappeler que des millions de travailleurs sont sans travail. Déjà privés de commentaires mensuels, les demandeurs d’emploi non satisfaits n’auront donc bientôt plus droit qu’à une statistique trimestrielle sur laquelle on se gardera bien d’insister si elle est négative. La prochaine, prévue pour le er avril, sera peut-être présentée comme un poisson. Ainsi affirme Mme Pénicaud, la ministre du Travail qui lorsqu’elle occupait un poste de direction dans le privé touchait une prime après chaque licenciement, renoncera-t-on à attribuer une importance disproportionnée à des variations qu’expliquent moins des erreurs de gouvernance que « des événements de nature administrative ». On croise les doigts pour que dans la foulée on cesse de compter les morts sur la route, les victimes de séismes, d’inondations et d’incendies et surtout les accidentés domestiques qui, dans leur cuisine, défuntent de plus en plus souvent en même temps que leur lapin à la moutarde. Nul doute que la disparition complète de tous ceux qui disparaissent assécherait notre vallée de larmes et remonterait le moral de braves gens ne demandant qu’à oublier que l’homme est mortel.