Nice-Matin (Cannes)

Le « trésor » de Gérard Lhéritier aux enchères

Dans un mois, à Drouot, des milliers d’épargnants, qui s’estiment floués par la société du Niçois Gérard Lhéritier, espèrent limiter la casse. Leurs manuscrits précieux seront dispersés aux enchères

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Il y aura le premier manifeste du surréalism­e, vingt et une pages d’André Breton (estimé 800 000 à 1 million d’euros). Le mythique rouleau du Marquis de Sade écrit depuis son cachot de la Bastille (4 à 6 millions) ou encore le manuscrit complet écrit d’une traite intitulé Ursule Mirouët de Balzac (800 000 à 1,2 million). La vente des archives de la société Aristophil du Niçois Gérard Lhéritier (mis en examen pour « escroqueri­e en bande organisée en 2015, abus de biens sociaux et pratiques commercial­es trompeuses »), est prévue le 20 décembre à Drouot à Paris. La première d’une très longue série...

Manuscrits surévalués

Pour éviter un effondreme­nt des prix des manuscrits précieux après la liquidatio­n judiciaire d’Aristophil, société basée à Villeneuve­Loubet, le tribunal s’est donné six ans à travers près de 300 ventes pour remettre sur le marché quelque 130 000 oeuvres. Le but est de dédommager le moins mal possible les 18 000 investisse­urs qui ont acheté pour 850 millions d’euros 135 000 lettres et manuscrits avec la promesse chimérique de plusvalue à 8 % par an. Un juge d’instructio­n parisien soupçonne Gérard Lhéritier d’avoir monté une « pyramide de Ponzi », escroqueri­e qui consiste à se servir de l’apport de nouveaux investisse­urs pour payer ceux qui souhaitent récupérer leur mise. L’enquête laisse apparaître que les investisse­urs attirés dans les filets d’Aristophil ont, certes, acheté des manuscrits de grande valeur, mais à des cotes surévaluée­s de 50 à 80 %, selon certains experts. Ce que conteste vigoureuse­ment Gérard Lhéritier (lire par ci-dessous). L’étude Aguttes, chargée d’un colossal inventaire par le tribunal de commerce de Paris, donnera le premier coup de marteau. La collection constituée par Gérard Lhéritier est répartie en trois catégories : les lots de la liquidatio­n, ceux détenus par un propriétai­re unique et les lots détenus en indivision (jusqu’à 2 000 personnes pour un même lot). Les 190 lots mis en vente dans un mois sont estimés entre 12 et 16 millions d’euros. Avec l’espoir que l’État ne vienne pas perturber la vente. Celui-ci peut estimer que certaines pièces relèvent des archives publiques historique­s et a le droit de les saisir sans bourse délier. Ce qui serait une nouvelle désillusio­n pour des investisse­urs qui les ont, ces derniers temps, accumulées.

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(Photo Franck Fernandes) Gérard Lhéritier avec le contrat de mariage de Napoléon, du temps où sa société Aristophil, basée à Villeneuve-Loubet, était prospère.
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L’un des trésors mis en vente, le  décembre prochain : le manuscrit de L’Alchimiste ,de Dumas et Nerval à l’attention du Tsar Nicolas Ier. (DR)

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