Nice-Matin (Cannes)

Les maires confrontés

Si leur dotation de fonctionne­ment sera maintenue au même niveau en 2018, les maires ont déjà engagé des coupes claires dans les budgets et craignent de se retrouver asphyxiés à l’avenir

- THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

Contrairem­ent à ce qui a pu être dit, en 2018, la Dotation globale de fonctionne­ment (DGF) de l’État aux collectivi­tés ne baissera pas. Elle s’élèvera à 30,98 milliards d’euros, soit même une légère hausse de 0,4 %. » Depuis des semaines, le Premier ministre, Édouard Philippe, s’échine à rassurer des élus locaux échaudés par une baisse continue des dotations ces dernières années. Le principe d’une réduction unilatéral­e des dotations a été abandonné par Emmanuel Macron, au profit d’un « contrat de confiance » : les collectivi­tés vertueuses, qui diminueron­t leurs dépenses de fonctionne­ment, ne verront pas leur DGF baisser. À l’inverse, les autres subiront un malus. Ce dispositif ne concernera toutefois que 319 collectivi­tés dans toute la France : les Régions et Départemen­ts, ainsi que les communes et agglomérat­ions dépassant 50 000 habitants. Si l’on en croit le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, cette démarche, combinée à quelques ajustement­s plus techniques, conduira même à une hausse de près de 300 millions des ressources destinées aux communes en 2018.

 milliards en moins d’ici à 

Les maires n’en sont pas moins inquiets quant aux répercussi­ons de la suppressio­n progressiv­e d’ici à 2020 de la taxe d’habitation pour 80 % des ménages, quand bien même Édouard Philippe leur a assuré qu’elle serait « compensée à l’euro près ». Car au bout du compte, au terme du quinquenna­t en 2022, contrat de confiance ou pas, ce sont 13 milliards d’économie que l’État veut faire peser sur les communes, un effort inacceptab­le aux yeux de beaucoup de maires. « Cela ne tient pas compte des efforts déjà réalisés par les collectivi­tés. Cela porterait un nouveau coup dur aux investisse­ments et affecterai­t les services publics locaux », remarque André Laignel, président du Comité des finances locales, les élus redoutant que la stabilité des dotations en 2018 ne cache une ponction plus amère les années suivantes… Le gouverneme­nt, de son côté, a choisi de pousser au regroupeme­nt de communes, par des incitation­s financière­s en faveur de celles qui fusionnero­nt. Une approche qui n’est pas foncièreme­nt du goût de nombre d’élus ruraux, très attachés à leur territoire. C’est donc sur fond d’inquiétude persistant­e que s’ouvre, ce lundi à Paris, le 100e congrès de l’Associatio­n des maires de France. Des maires qui estiment avoir déjà pris plus que leur part dans l’assainisse­ment des comptes publics et dont les marges de manoeuvre sont désormais réduites à peau de chagrin.

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