FOOTBALL Le nouveau «B ombe r»
Buteur contre la France avec l’Allemagne, l’attaquant de Leipzig Timo Werner est la nouvelle promesse offensive venue d’outre-Rhin
L’Allemagne a peut-être trouvé son numéro 9 tant recherché. C’est quand même un comble pour un pays qui a breveté le fameux « renard des surfaces ». Miroslav Klose, Gerd Müller, Rudi Völler, Karl-Heinz Rummenigge, Oliver Bierhoff, Uwe Seeler, Joachim Streich, Horst Hrubesch, Karl-Heinz Riedle, Jürgen Klinsmann, voilà 50 ans que la Mannschaft s’appuie sur un vivier de buteurs incroyables. Et depuis plus rien. La source s’est tarie. Dernièrement, Joachim Löw a tenté des paris comme Sandro Wagner, avant-centre de 29 ans qui évolue à Hoffenheim, ou Lars Stindl (29 ans, Borussia Mönchengladbach) pour finalement toujours retomber sur ce bon vieux Thomas Müller qui n’est pas un numéro 9. C’est alors que la lumière est apparue au sein du club le plus détesté d’Allemagne : RasenBallsport Leipzig. C’est ironique de voir que l’avenir au poste d’attaquant du pays prend sa source au sein d’une entité honnie. Son nom : Timo Werner, 21 ans. Récemment appelé en sélection par Joachim Löw, Werner a notamment remporté la dernière Coupe des confédérations et terminé meilleur buteur du tournoi (3 pions). De quoi faire dire à son sélectionneur peu de temps avant sa première convocation l’an dernier que « Werner est jeune, c’est un joueur intéressant avec de belles perspectives. Il sait varier le jeu et il a montré de la régularité au haut (e niveau cette saison ». Car pour Werner, il y aura un avant et un après Leipzig. La saison passée, pour sa première avec le club du taureau énergétique, il plante 21 buts en Bundesliga, devient
‘‘ international allemand et devient vice-champion d’Allemagne. Mieux, avec 21 caramels à 21 ans, il rejoint Dieter et Gerd Müller, Klaus Fischer et Werner Weist dans la caste très fermée des joueurs de moins de 22 ans à plus de 19 buts en championnat sur une saison. Un joli retour sur investissement pour le club de Leipzig qui avait misé dix millions d’euros lors de l’été 2016 sur le jeune prodige de Stuttgart. C’était tout simplement un record pour le club fondé en 2009 par le groupe Red Bull et qui a monté les étages à un rythme effréné pour atteindre l’élite. Pour Werner, c’est la confirmation de son immense potentiel. Débarqué à Stuttgart à 6 ans, il va dépoussiérer tous les records de précocité à une vitesse folle. Professionnel depuis 2013, Werner a été formé au VfB où il débute par une rencontre de Ligue Europa à 17 ans, 4 mois et 25 jours. C’est simple, il devient le plus jeune joueur à porter le maillot de son club formateur. Même si son flair de buteur n’est pas encore visible, il joue plus de 100 matches avec le club de sa ville natale avant ses 20 ans (14 buts). Ce n’est qu’à Leipzig qu’il va découvrir les joies de marquer régulièrement et le très haut niveau. Et le très haut, c’est la Ligue des champions et son drôle de bizutage. La scène se passe au Vodafone Park d’Istanbul
‘‘ face au Besiktas. A la demi-heure de jeu, le jeune attaquant se tient la tête et demande à sortir du terrain. Pourtant équipé de boules Quiès, le silence assourdissant de l’enceinte turque le paralyse. « Je n’avais jamais vu une telle atmosphère. Je ne pouvais pas me concentrer sur le match. Je ne me sens toujours pas bien », balance le joueur de 21 ans après la rencontre, obligé d’être remplacé à la demi-heure de jeu. A priori, pour sa venue au Louis-II, il ne devrait pas connaître pareille mésaventure. Un bizutage auditif qui fait suite à un autre. Plutôt visuel en revanche. Lors du premier match de Stuttgart en deuxième division l’an dernier, les fans du VfB n’ont pas oublié celui qui a rejoint Leipzig et le font savoir par une banderole sans équivoque : « Celui qui va au Red Bull n’est pas un gars du VfB, mais un trou du c… sans caractère. » Stuttgart, Leipzig, quand on envisage d’être le nouveau numéro 9 de l’équipe d’Allemagne, on aspire sans doute à plus haut. L’avantage de Timo Werner, c’est qu’il pense ce qu’il dit et dit ce qu’il pense. Dans un entretien à Sky Sports, l’attaquant a par exemple révélé le nom de son premier club de coeur : « Quand tu es un petit garçon, tu rêves toujours d’énormes clubs. Moi, c’était Manchester United avec Alex Ferguson. Ils ont eu de bons joueurs et ont toujours gagné. » Plus loin, il annonce même la couleur pour son avenir : « J’exclus de rejoindre les ligues française ou italienne. Je me sentirais à l’aise dans les trois autres grandes ligues, l’Espagne, l’Angleterre et l’Allemagne, pas seulement à cause du football, mais aussi à cause des villes. » Pour ce joueur d’espace, bon des deux pieds, rapide et adroit, les prétendants se sont déjà manifestés l’été dernier. Et pas des moindres : Bayern Munich, Real Madrid, FC Barcelone, Liverpool. Nul doute qu’après une saison bien remplie à Leipzig et un Mondial russe en ligne de mire, le déménagement n’est pas loin.