Nice-Matin (Cannes)

Le monde tourne autour de notre ventre et ça nous plaît L’événement

La Matinale économique de la Maison de la Métropole Nice Côte d’Azur et de la Région Paca à Paris a profité du Mapic pour se décentrali­ser à Cannes. Un concentré d’idées Un fonds dédié

- CHRISTELLE LEFEBVRE clefebvre@nicematin.fr

Où que l’on soit sur Terre, les concepts autour du boire et manger dominent l’aire commercial­e. Pas un projet de centre où ne pullulent les points de restaurati­on. Pas une rue commerçant­e qui n’enchaîne les enseignes alimentair­es. C’est à croire que le monde tourne autour de notre ventre. Le Mapic, le marché mondial de l’immobilier commercial en a apporté la preuve cette semaine à Cannes. Puisque le thème Food and beverage inspire autant la planète, arrêtons-nous sur le phénomène. Qu’est-ce qui nous séduit ? Comment notre économie se réorganise-t-elle ? Qu’est-ce qui crée la dynamique, le consom’acteur ou la technologi­e galopante ? Sortez les couverts et n’oubliez pas vos gobelets.

Les chaînes du futur : l’exemple du Palais du fruit

Il se murmure qu’Un Palais du fruit et son frère de groupe l’Hanoï Cà Phê ouvriront dans la Métropole de Nice Côte d’Azur. Claude Louzon, le fondateur des chaînes, confirme : deux projets en propre sont à l’étude pour 2 018. Lui qui a créé le Paradis du Fruit en 1982 à Paris, qui compte 40 restaurant­s en France, dont un tiers en franchise, et exporte désormais son projet de New York à Tel Aviv, de quel oeil voit-il cette domination du Food dans la propositio­n commercial­e ? «La restaurati­on évolue en même temps que le consommate­ur. Il n’y a pas de nouvelles cuisines, il y a de nouveaux consommate­urs: ils veulent manger plus sain, plus vite et viennent chercher une expérience en même temps. Ca nous oblige à être créatifs. À cela, s’ajoute une technologi­e galopante, avec toujours plus de connectivi­té : je pense que la technologi­e nous simplifie la vie aussi dans le retail et la restaurati­on et que c’est une bonne chose à condition de garder les bons réflexes : le bien cuisiner et le bien recevoir. C’est ça qui, selon lui, fait le succès : un client qui aime ce qu’il mange et qui est satisfait du service. Vieux comme le commerce non? Peutêtre l’avenir n’est-il plus aux chaînes mais aux micro-entreprise­s qui défendent un concept autour d’un ou deux restaurant­s, souffle-t-il aussi. Il y a tellement d’imaginatio­n en la matière et on voit tellement de chefs défendre leur idée sans avoir envie pour autant de démultipli­er le modèle. Pourquoi pas ? Je pense que, dans le futur, une chaîne comme la nôtre peut se développer en partageant notre concept avec un animateur qui va se l’approprier et l’adapter à chaque nouveau point ouvert. »

Les hypers remodelés

Le consommate­ur change, il faut renouveler l’offre pour répondre à ses envies et rester attractif. Côté enseignes de la grande distributi­on dans la région, l’exemple est donné par le E.Leclerc bio et italien qui s’est installé au pied du Stade Allianz à Nice en juin 2016. Comme son nom l’indique, l’hyper s’est spécialisé dans le bio et les produits italiens. L’intention : répondre à une appétence du consommate­ur des Alpes-Maritimes, le garder de ce côté-ci de la frontière plutôt que de le voir partir s’approvisio­nner chez nos voisins. Le consommate­ur évoluant, lui proposer des produits qui correspond­ent à la qualité qu’il recherche et à ses moyens ne suffit plus, indique Philippe Lelaure, le président du Centre E.Leclerc bio et italien. Il faut lui apporter de l’expérience client. Nous avons décidé d’innover en créant non pas un lieu de restaurati­on au coeur du magasin comme on le voit désormais beaucoup mais un espace de dégustatio­n. Les produits servis, qu’il s’agisse du vin au verre ou des plats de pâtes, sont à retrouver en vente à l’intérieur du magasin. » L’opération séduction fonctionne. Et l’expérience prouve que l’espace dégustatio­n oblige à tirer la qualité vers le haut. Le consommate­ur applaudit doublement.

Le produit en mode startup

On peut ouvrir une brasserie artisanale et fonctionne­r en mode startup pour garder un temps d’avance sur ce qu’il est possible de produire de mieux et de la meilleure façon qu’il soit pour le futur. C’est le pari de Natasha Frost-Savio et son mari avec la Blue Coast Brewing Company, fabrique de bière locale depuis cet automne Qui dit concentrat­ion de projets, dit besoins de financemen­t. Un fonds spécialisé dans la thématique existe désormais : « FrenchFood Capital investit dans des PME et ETI du Food qui présentent une forte valeur de marque en répondant aux nouveaux usages et attentes des consommate­urs, explique Laurent Plantier, associé fondateur du fonds. Nous avons réalisé un premier closing à  ME en juillet . Le fonds regarde des entreprise­s sur toute la région. Les restaurate­urs qui comprennen­t le consommate­ur d’aujourd’hui explosent, les autres meurent. » Selon lui, la révolution food est globale et ne touche pas que le retail. Elle va de l’agriculteu­r aux Foodtechs.

à Nice et ils sont complèteme­nt dans la tendance: un produit de qualité, défendu avec le coeur, en locavore, respectueu­x de l’environnem­ent et innovant à la fois. « En brasserie, l’avenir est à la cannette. Le marché français boude un peu, mais c’est pourtant le meilleur container pour préserver la saveur et la qualité du produit. En outre. L’empreinte écologique d’une cannette de 33 cl est de 170 g là où les même 33 cl en verre pèsent 360 g. » Si elle s’attaque au marché en BtoB, la Blue Coast Brewing Company ouvrira aussi un espace de dégustatio­n le week-end dès le printemps prochain.

« Comprendre les attentes du consom’acteur »

 ??  ?? La Matinale économique, animée par Virginie Atlan et dont notre journal est partenaire, s’est inspirée du thème du Mapic pour sa session décentrali­sée à Cannes. (Photo C.L)
La Matinale économique, animée par Virginie Atlan et dont notre journal est partenaire, s’est inspirée du thème du Mapic pour sa session décentrali­sée à Cannes. (Photo C.L)

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