Nice-Matin (Cannes)

Thomas Pesquet se sent prêt à partir sur Mars !

« Heureuseme­nt que j’ai pris des photos, sinon je pourrais croire que j’ai fait un rêve », plaisantai­t à son retour le dixième Français de l’Histoire dans l’espace. Aujourd’hui, il les réunit dans un beau livre d’images

- FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Après avoir mis ses contempora­ins en orbite, l’astronaute superstar avait un peu disparu des radars. On était donc très heureux – et curieux – de le retrouver à Paris, dans un hôtel du quartier de la Madeleine. Le temps d’une escale puisque son contrat lui impose de résider en Allemagne, Thomas Pesquet présentait, hier, un énorme album souvenir de ses 196 jours de mission, dont il a décidé de reverser les droits d’auteur aux Restos du Coeur. Terre(s), aux éditions Michel Lafon (1), réunit une sélection de ses plus beaux clichés pris làhaut, entre le 17 novembre 2016 et le 2 juin 2017. L’occasion d’un survol en compagnie du dixième Français de l’espace, qui participe, aujourd’hui, à une réunion très technique des agences spatiales, à Cannes, avant de rencontrer un petit groupe de Thales Alenia.

Retour sur Terre

Personne n’a oublié les images du retour, montrant un jeune homme affaibli et chancelant. « Tout va bien », rassure, aujourd’hui, Thomas Pesquet qui dit ne conserver aucune séquelle de sa mission, malgré une exposition prolongée à un fort rayonnemen­t ou un emballemen­t du pouls dans les premières heures. Sa colonne vertébrale a cédé les 2,5 cm gagnés dans l’espace. Il ne souffre d’aucun trouble oculaire et a recouvré rapidement l’équilibre perdu. «Mon système cardiovasc­ulaire a vieilli de dix ans mais depuis, j’espère avoir rajeuni de 9,5 ans. C’est ce qu’on m’a vendu, mais je ne sais pas si c’est vrai ! », confie-t-il en riant.

« Nul en cuisine et en danse »

Avant de partir pour l’espace, il avait franchi avec succès toutes les étapes de la sélection. A l’arrivée, il devait n’en rester que 6 sur 8 000. Thomas Pesquet ou l’étoffe des héros ? « On ne nous demande pas d’être les plus forts du monde dans un domaine. Il s’agit plutôt d’avoir un certain niveau dans plein de domaines différents. Il n’y a pas de prix Nobel de physique dans une sélection d’astronaute­s », insiste-t-il en égrenant quelques-unes des qualités exigées: «Être en bonne santé, avoir une bonne vue et pas de caries… Individuel­lement, rien d’insurmonta­ble. Des tas de gens sont meilleurs pilotes que moi, ou plus forts en maths ou en sport. Simplement, je cochais toutes les cases. » On se consolera en apprenant que, dans la vie quotidienn­e, il a des points faibles : « Je suis nul en cuisine et en danse… »

Service après-vente

Ses clichés ont fait le tour du monde et le bonheur des réseaux sociaux. Ce qui lui a été reproché par de rares esprits chagrins, circonspec­ts sur l’utilisatio­n de nos impôts. Précision utile: « Les photos, c’était en dehors de mes douze heures de boulot. » La nuit notamment, ou tôt le matin, ou encore le dimanche. À 400 km d’altitude, un spectacle de rêve. Mais pas seulement, d’où le titre du livre évoquant une réalité multiple. Muni d’un 800 mm avec multiplica­teur donnant une focale de 1 200 mm, Thomas Pesquet a photograph­ié la promenade des Anglais, le MontSaint-Michel ou Paris. Ainsi que la déforestat­ion en Amérique du Sud, la fonte des grands glaciers, la pollution des fleuves, de grands feux et des phénomènes météorolog­iques extrêmes : « C’est impression­nant. » Depuis, il consacre un peu de son rare temps libre à parcourir les sites survolés. Comme il vient de le faire au Sénégal, accompagna­nt sa compagne qui travaille pour l’ONU. « Elle vit à Rome et moi à Cologne. En réalité, j’habite essentiell­ement dans ma valise», s’amuse Pesquet.

Mars, l’inaccessib­le

À trente-neuf ans, Thomas Pesquet veut croire que le sommet de sa carrière n’est pas derrière lui. Mars : cap ou pas cap ? « Mon boulot, c’est d’être prêt quand on a besoin de moi. Je ne crois pas qu’il y ait eu d’exemple d’un gars qui aurait refusé une mission. Mars, ce sera un gros morceau. C’est loin. Un peu inaccessib­le. Scientifiq­uement, ce sera une grande aventure. Cette planète jumelle nous aidera sans doute à mieux comprendre le passé de la Terre, peut-être même la naissance de la vie. Pourquoi pas dans dix ans? J’ai la chance d’avoir été recruté jeune, donc pour moi c’est jouable. » 1. Terre(s), de Thomas Pesquet, aux éditions Michel Lafon, 320 pages, 39,95 €.

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(© ESA/NASA) Le  février , à la verticale de Nice (la promenade des Anglais et le port), du cap de Nice, de Villefranc­he-sur-Mer, du cap Ferrat et de la pointe de Saint-Hospice. Une splendeur !
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