Nice-Matin (Cannes)

Une affaire tentaculai­re

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Une dizaine de personnes ont déjà été mises en examen dans le cadre de cette tentaculai­re affaire de blanchimen­t de fraude fiscale en bande organisée et d’escroqueri­e. Me Stéphane Chiaverini, l’avocat fiscaliste par qui le scandale a éclaté à la fin de l’année 2014, a même un temps été placé en détention préventive. Un de ses confrères niçois vient de voir son cabinet perquisiti­onné. Lui aussi pourrait bientôt être mis en examen. Tout comme l’ont déjà été un notaire de Beaulieu – qui a depuis cessé son activité – ainsi que l’ancien directeur de cabinet du maire d’une commune située à l’ouest du départemen­t.

Le fils de magistrat…

Avant même l’arrestatio­n du sénateur russe Souleyman Kerimov, cette affaire touchait déjà aux hautes sphères azuréennes. Pourtant c’est en enquêtant sur les bas-fonds du trafic de stupéfiant­s que la police judiciaire a découvert le pot aux roses. Elle traquait le patrimoine occulte de caïds bien connus du quartier de l’Ariane. Elle a découvert au gré des filatures les avoirs dissimulés d’un avocat fiscaliste. En l’occurrence Me Stéphane Chiaverini, fils de magistrat, et inscrit au barreau de Bastia depuis 2003.

La famille corse

Pourtant c’est bien sûr la Côte d’Azur que ce juriste, dont les bureaux étaient installés à Antibes, officiait. La justice le suspecte d’avoir mis ses talents de fiscaliste à l’élaboratio­n d’obscurs montages financiers dont le seul but aurait été d’échapper au fisc français. Parmi les personnes mises en examen dans ce dossier figurent d’ailleurs plusieurs membres d’une même famille: les Borghetti. Le père Jacques, aujourd’hui décédé, avait fait fortune en Corse, notamment dans la viticultur­e. Mais les affaires ont fini par péricliter et les dettes à s’accumuler. C’est alors que les Borghetti auraient demandé à Me Chiaverini d’organiser leur insolvabil­ité en France. L’avocat zélé est suspecté d’avoir, au passage, capté une partie du patrimoine familial, ce qui lui vaut d’être également mis en examen pour « escroqueri­e ».

Et le collection­neur de Ferrari

Cette spoliation se serait faite avec la complicité d’un des héritiers, Philippe Borghetti, le même qui se retrouve aujourd’hui mêlé au volet russe de l’affaire. Même si son avocat Me Philippe Soussi, rappelle que, «depuis le début», son client «conteste avec la plus grande énergie» les faits qu’on lui reproche et dont il «demeure présumé innocent». Des éléments, notamment recueillis en Suisse cet été, laisseraie­nt toutefois présumer que ce collection­neur de Ferrari aurait empoché un dessous-de-table de plusieurs dizaines de millions d’euros sur la vente de la villa Hier. Cette propriété du Capd’Antibes figurait au patrimoine des Borghetti. Elle a été vendue en 2006. officielle­ment à un autre résident suisse, Alexander Studhalter, qui se défend avec « fermeté » d’être un homme de paille. Même si la justice niçoise a voulu en avoir le coeur net en interrogea­nt directemen­t le sénateur russe Kerimov.

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