À Nice, ces victimes enfin à l’abri « qui s’ouvrent comme des fleurs »
« La vie nous laisse toujours le choix d’en faire un accident ou une aventure. Et moi, je pars à l’aventure. » Signé : Sophie. Un petit mot parmi d’autres, tantôt touchants, glaçants ou revigorants. Ces messages sont suspendus à la manière d’une guirlande qui accueille le visiteur, à Nice, dans les locaux de L’Abri Côtier. « Dire non, c’est se libérer », écrit Florence. « Dans souffrir il y a tout sauf rire », note une autre. Ces victimes de violences conjugales témoignent ainsi du parcours chaotique, long et pénible, qui les a menées ici. L’Abri Côtier est l’accueil de jour inauguré par la ville de Nice en 2013. L’adresse reste confidentielle, par mesure de sécurité pour ses hôtes. Mais elle est très prisée: 187 femmes y ont été accueillies en 2014, 242 en 2015, 238 en 2016. 176 nouveaux cas de détresse y ont été recensés durant les dix premiers mois de 2017. D’autres sont suivis depuis parfois plusieurs années. « Ce sont des processus très longs, avec des phénomènes d’allers et retours qu’il ne faut pas négliger, tant l’emprise peut être forte », explique Sylvie Tailliez, responsable de L’Abri Côtier. « Mais beaucoup de femmes ont retrouvé une situation normale. D’où l’importance de cet accompagnement », prend-elle soin d’insister. Une psychologue, une juriste, une assistante sociale, une secrétaire et deux éducateurs l’épaulent dans cette tâche délicate.
Reprendre goût à la vie Ici, le harcèlement n’a pas attendu l’affaire Weinstein pour s’inviter dans les récits. Sylvie Tailliez raconte ces victimes « dont le téléphone ne fait que sonner, parce qu’il veut savoir où elle est », ces conjoints éconduits « sans arrêt en bas de chez elles ». Et puis, il y a ces victoires, immenses. Quand une victime vient annoncer qu’elle s’en est sortie. Ou quand « elles se maquillent à nouveau, reprennent goût à la vie, s’ouvrent comme des fleurs ». D’autres structures existent. A l’image du centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) – un deuxième est en cours de construction. Il y a aussi ces deux appartements mis à disposition par le CCAS de Nice, l’hébergement d’urgence de l’association ALC (Phast), ou le centre d’aide aux victimes Harjès, à Grasse. Autant de clés pour franchir le pas. 1. Contact : 04.97.13.39.46.