Nice-Matin (Cannes)

« Admettre que le prince charmant s’est transformé en bourreau »

Maty Diouf, adjointe au maire de Nice déléguée aux droits des femmes

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Le comité ONU Femmes France a décerné hier soir à la Ville de Nice le titre de « Orange Day Champion 2017 ». Une distinctio­n accordée aux acteurs à la pointe de la lutte contre les violences faites aux femmes. « Ce combat pour les libertés et la dignité des femmes, c’est tous les jours que nous le menons », rappelle le maire de Nice, Christian Estrosi. Son adjointe Maty Diouf, déléguée aux droits des femmes, à la lutte contre les discrimina­tions et le harcèlemen­t, à la parité, a reçu le prix des mains de Marlène Schiappa, hier soir à Paris. Interview.

La Ville de Nice organise deux journées d’action contre les violences faites aux femmes. Quel est votre message ?

Il faut briser le silence. Il faut arrêter de se voiler la face en se disant que cela ne concerne que la sphère privée. Nous devons réussir à conscienti­ser la population, car le harcèlemen­t détruit la vie des femmes. Facebook, qui est un très bel outil, a libéré ce qui est de plus vil dans la parole. Il est donc important de sensibilis­er les jeunes aussi.

Les violences faites aux femmes touchent-elles certains milieux sociaux plus que d’autres ?

La violence ne connaît ni couleur ni barrière. On se rend compte qu’une omerta règne dans les milieux aisés, feutrés. Cette violence ne se dit pas, pourtant, elle existe.

Quels obstacles rencontre la libération de la parole ?

La honte, la culpabilit­é, l’amour... Tout se mêle. Il faut d’abord que la victime admette que son prince charmant s’est transformé en bourreau. Et qu’il est, de surcroît, le père de ses enfants ! La plupart du temps, le déclic vient précisémen­t des enfants.

L’action des services sociaux est essentiel ?

La tâche est difficile, car il faut instaurer une relation de confiance. On touche à l’humain, à des situations dramatique­s. Or, chaque situation est différente, puisque chaque femme est unique. Certaines ont plus de facilité à parler. Pour d’autres, cela peut prendre des semaines, voire des mois. C’est ce travail remarquabl­e que mènent ces équipes.

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