La chapelle Saint-Pierre : un sanctuaire au pied des remparts
Retrouvez chaque samedi notre nouvelle rubrique «Résurgences». Histoire de faire la part belle à notre patrimoine local, dans les terres comme sur le littoral. Patrimoine historique si riche et souvent trop bien caché. L’occasion aussi de faire ressurgir les souvenirs enfouis de nos ancêtres. Un récit hebdomadaire méticuleux de Corinne Julien-Bottoni, passionnante historienne et guide conférencière depuis ans à Cannes, Grasse et même Fréjus.
Une protection divine contre les invasions. Si au Moyen-Âge et sous l’Ancien Régime, les remparts symbolisaient la défense de la ville, les lieux cultuels incarnaient, pour les citadins d’alors, une protection divine. La plupart du temps, chapelles et oratoires étaient construits à proximité des remparts ou étaient adossés aux fortifications. Ainsi, le sanctuaire de Notre-Dame de la Miséricorde se trouvait-il au pied de l’ancien castrum, devenu plus tard le Suquet. Avec l’extension de la cité et l’aménagement progressif du rivage, une autre enceinte fut bâtie et un nouveau lieu cultuel édifié. Au XVIe siècle, les côtes s’avéraient peu sûres et souvent soumises aux invasions de pirates, corsaires et autres flibustiers. À la demande des habitants qui craignaient ces invasions fréquentes, on entreprit la construction d’une chapelle au pied des remparts et face à la mer. En cette année 1578, maçons, tailleurs de pierres, tâcherons et charpentiers s’affairèrent sur le chantier du monument. Dans la lignée du Concile de Trente, qui s’était déroulé une trentaine d’années plus tôt, de nombreuses églises et sanctuaires furent construits dans tout le Royaume de France. Dans le même temps, on assista à l’arrivée en ville de nouvelles congrégations religieuses qui se destinaient à l’enseignement.
La chapelle des pêcheurs
Dédiée à Saint-Pierre, le patron des pêcheurs, la chapelle offrait une architecture tout empreinte de sobriété qui rappelait celle du sanctuaire de la Miséricorde, construit à la même époque. Le clocher du monument, dont l’aspect évoquait celui d’une tour, était surmonté d’un dôme couvert de tuiles vernissées. Cet impressionnant campanile dominait alors l’enchevêtrement des toits triangulaires des demeures du bas Suquet. L’activité du lieu qui, au fil du temps, deviendra la zone portuaire de la cité, est évoquée sur le cliché, par la présence d’un homme, sans doute un portefaix, poussant un énorme tonneau. La chapelle présentait une seule nef terminée par une abside en hémicycle. En 1797, l’an VI de la République, une vente des biens du clergé permit au citoyen Lombard, d’acquérir le sanctuaire. Cependant, le nouveau propriétaire négligea l’édifice et n’entreprit aucune réparation. Des travaux s’avéraient pourtant nécessaires, si l’on souhaitait sauvegarder un bâtiment qui se dégradait peu à peu. En 1882, la chapelle qui menaçait de tomber en ruine fut démolie, en même temps que plusieurs vieilles masures qui l’entouraient. Sur son emplacement, se dresse aujourd’hui un établissement hôtelier. Seul, le quai a conservé le nom du lieu cultuel qui fut longtemps un lieu cher au coeur des citadins d’antan.