Nice-Matin (Cannes)

Un syndicat de police veut alléger la procédure pénale

Le syndicat Alliance cherche à convaincre les parlementa­ires que la procédure pénale peut être simplifiée pour un gain de temps mais aussi une meilleure efficacité sur le terrain

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

On peut être amené à interpelle­r à 6 heures du matin et ne pouvoir entendre le suspect que 24 heures plus tard, tant les contrainte­s de procédure sont lourdes. » Nicolas Vincent, l’un des représenta­nts du syndicat Alliance Police nationale dans les Alpes-Maritimes, chargé de l’investigat­ion, sait de quoi il parle. Il a longtemps travaillé à la brigade criminelle de la PJ de Nice. Aujourd’hui, lui et ses collègues se lancent dans un projet ambitieux : réformer l’investigat­ion, convaincre les parlementa­ires d’alléger une procédure pénale qui, avec le légitime souci du respect des droits de la défense, est devenue au fil du temps un savant mélange de règles kafkaïenne­s et de bureaucrat­ie soviétique. Une lourdeur vécue parfois comme de la défiance par les enquêteurs. « Plus ça va, plus la procédure est lourde », critique Nicolas Vincent. Au point que certains officiers de police judiciaire renoncent, et c’est inédit, à leur habilitati­on. Pour pallier ce début de crise de vocation, Alliance a créé une boîte à idées pour simplifier la procédure. Quelque 8 852 enquêteurs ont envoyé leurs suggestion­s. Voici quelques propositio­ns simples qui mériteraie­nt, pour certaines d’entre elles, une évolution du code de procédure pénale, explique le syndicat Alliance.

L’allongemen­t de la durée de garde à vue

La goutte d’eau a été la loi du 3 juin 2016, censée renforcer la lutte contre le crime organisé, et qui a ajouté des contrainte­s aux enquêteurs. « On nous demande de laisser la personne gardée à vue s’entretenir avec un proche pendant trente minutes. Incroyable non ? », s’étrangle un commandant qui a plus de trente ans d’expérience. La présence d’un avocat est également désormais nécessaire quand un suspect est présenté à un témoin. Compte tenu de ces contrainte­s, il conviendra­it, selon le syndicat, de porter la durée initiale de la garde à vue à 48 heures. « Auparavant, on faisait deux ou trois auditions dans la journée. Aujourd’hui, c’est une audition maximum. »

Simplifier les perquisiti­ons de nuit

« Si l’on trouve de la cocaïne lors d’une perquisiti­on de nuit dans le cadre de terrorisme, on ne peut pas saisir la drogue et on ne peut pas se saisir des faits, déplore Nicolas Vincent. Il faut faire garder les lieux pour perquisiti­onner à nouveau à 6 heures du matin. »

Davantage de vidéo dans la procédure

Avec l’enregistre­ment vidéo des auditions, perquisiti­ons, constatati­ons... mis en ligne sur un serveur, l’enquêteur ne rédigerait qu’un compte rendu simplifié avec seulement les éléments intéressan­ts.

Fusionner enquête préliminai­re et enquête de flagrant délit

Il en existe trois aujourd’hui : enquête de flagrant délit, enquête préliminai­re et enquête sur commission rogatoire. Alliance rêve que l’enquête préliminai­re et l ’enquête de flagrant délit soit fusionnée. Elle demande également que la compétence des OPJ soit nationale et non plus locale.

La dématérial­isation de la procédure

« Il faut généralise­r la signature électroniq­ue. Cela permettrai­t de supprimer la pose de la Marianne sur une expertise de 50 pages faite en quatre exemplaire­s », propose Nicolas Vincent. « Rien que cette avancée représente­rait un gain de temps considérab­le. » « Au début de ma carrière, un PV de garde à vue tenait en quelques lignes. Aujourd’hui, c’est trois pages », déplore une OPJ, trente ans de maison.

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Nicolas Vincent, un représenta­nt du syndicat Alliance Police nationale a rencontré Loic Dombreval, député de la e circonscri­ption des Alpes-Maritimes, pour tenter de le convaincre d’alléger les procédures pénales. (DR)

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