Nice-Matin (Cannes)

Un nouveau réservoir d’eau au printemps

Le pianiste, président d’honneur des MMAA, interpréte­ra ce samedi au piano un récital consacré à Liszt et à Moussorgsk­y, pour le dernier concert de la saison au Théâtre Alexandre-III

- PAR PHILIPPE DEPETRIS

Le troisième et dernier concert de la saison des «Moments Musicaux Allegro Amabile » aura lieu ce samedi 2 décembre à 20 heures au théâtre Alexandre III. C’est le président d’honneur des MMAA, Cédric Tiberghien qui sera au piano pour un récital consacré à Liszt et à Moussorgsk­y. Formé au conservato­ire national supérieur de musique de Paris, premier grand prix du concours Marguerite Long-Jacques Thibaud 1998, au cours duquel il remportera aussi 5 prix spéciaux, il est l’un des pianistes français les plus présents sur les scènes internatio­nales où l’on apprécie sa virtuosité, son élégance et son intelligen­ce d’interpréta­tion. Rencontre avec un magnifique interprète dont l’immense talent n’a d’égal que la simplicité.

Quel a été votre parcours ?

J’ai commencé le piano un peu par hasard à l’âge de  ans. Mon premier professeur a joué devant moi. J’ai été ébloui et j’ai souhaité jouer de cet instrument. Je suis entré à l’âge de  ans au conservato­ire national de Paris et j’ai obtenu mon premier prix à  ans. Jusque là, je travaillai­s et consacrais beaucoup de temps au piano mais c’est à ce moment que j’ai vraiment compris que c’était ma vocation et que je serai cocertiste. Puis il y a eu ma victoire au concours LongThibau­d et ma carrière s’est développée.

Qu’est ce qui vous motive ?

C’est d’abord l’amour de la musique, mais ce bonheur intense se double du plaisir de pouvoir le partager avec mes partenaire­s et mon public. Les rencontres conduisent ma vie et me nourrissen­t profondéme­nt. Elles me permettent d’avoir d’autres idées, d’autres approches et d’avancer dans ma connaissan­ce des autres et ma réflexion personnell­e.

Avez-vous une préférence dans vos activités ?

Je partage mon temps et mon activité en trois. Les récitals, la musique de chambre et les concerts avec orchestre. C’est un bon équilibre qui me satisfait. J’ai des partenaire­s privilégié­s avec lesquels je mène un travail de fond comme avec la violoniste Alina Ibragimova avec qui j’ai beaucoup joué et enregistré. Pour le reste je mesure mon bonheur de travailler dans la beauté et de transmettr­e mes émotions aux autres. S’ils se sentent mieux après m’avoir écouté, je sais que j’ai réussi ma mission artistique et humaine.

Comment avez-vous construit le programme de votre récital ?

J’aime penser mes programmes comme une véritable architectu­re autour de thématique­s précises et cohérentes. Chaque pièce est en lien avec les autres. Samedi je jouerai Liszt et Moussorgsk­y. Toutes les oeuvres ont en commun d’être de très grandes pièces pianistiqu­es d’une approche très virtuose, liés à la thématique de la mort. Ainsi, certaines des dernières oeuvres de Liszt que je vais jouer comme la Czardas macabre, Lugubre Gondole, la quatrième Méphisto-Valse ,la Bagatelle sans tonalité et bien sûr la sonate en si mineur sont celles d’un compositeu­r qui a atteint son crépuscule. Les Tableaux d’une exposition de Moussorgsk­y sont de la même veine puisque l’oeuvre est un hommage du compositeu­r à son ami Hartmann. Je l’expliquera­i d’ailleurs au public car j’adore offrir à ceux qui m’entendent des clés pour mieux percevoir les beautés de cette musique.

Comment conciliez-vous toutes les exigences d’une carrière internatio­nale ?

Il faut savoir organiser le travail et être capable de se ménager le temps de la réflexion par rapport aux oeuvres interprété­es. C’est un peu comme un bon repas. Il faut que tous les ingrédient­s soient de bonne qualité, que les cuissons soient parfaites, et que tout soit bien pensé et arrive en son temps dans l’assiette. Et parfois savoir attendre ! Je n’avais jamais joué en public la sonate de Liszt avant l’année dernière. Je sentais que ce n’était pas encore le moment.

Vos projets ?

Je suis très heureux de jouer en France. Et ici à Cannes. Il y a des rencontres et des lieux que j’ai envie de découvrir dans mes rêves. Parfois, il y a des rendezvous manqués : ainsi mon rêve absolu aurait été de jouer sous la direction de Carlos Kleiber ! J’aime jouer dans les grandes salles mais j’aime aussi l’intimisme d’une petite église où j’ai donné un concert devant  personnes. Je sors en ce moment un disque des préludes de Chopin chez Hypérion et je vais enregistre­r très bientôt un CD Liszt. PROPOS RECUEILLIS

Ce samedi 2 à 20 h au théâtre Alexandre-III, 19 bd Alexandre-III à Cannes. Rés. au 06.29.77.60.79. ou sur place le soir du concert (places : 35 € (tarif plein) ; 30 € (adhérents) ;15 € : jeunes moins de 18 ans).

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 ??  ?? Cédric Tiberghien est l’un des pianistes français les plus présents sur les scènes internatio­nales. (Photo Jean-Baptiste Lillot)
Cédric Tiberghien est l’un des pianistes français les plus présents sur les scènes internatio­nales. (Photo Jean-Baptiste Lillot)

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