Nice-Matin (Cannes)

Le loup sera-t-il sauvé par le Conseil d’Etat

La France pourrait proscrire les tirs de prélèvemen­t des loups. Le rapporteur public a demandé, hier, l’annulation de l’arrêté ministérie­l fixant le nombre de spécimens pouvant être tués chaque année

- ALP

Les loups sont entrés dans Paris... Du moins au Conseil d’État. Hier après-midi, l’Associatio­n pour la protection des animaux sauvages et France nature environnem­ent ont déposé trois requêtes afin de faire annuler l’arrêté ministérie­l du 30 juin 2015 fixant le nombre maximum de spécimens de loups (mâles ou femelles, jeunes ou adultes) dont la destructio­n est autorisée, pour la période 2015-2016. À savoir 36. Les associatio­ns ont tenté de démontrer hier que ce plafond de 36, en nette augmentati­on par rapport à la période 2013-2014 (24) était disproport­ionné par rapport à l’évolution de la population sur le territoire. Le rapporteur public, avant de détailler les moyens qui peuvent conduire à la neutralisa­tion de certaines bêtes, a rappelé que « la protection du loup et la conservati­on de la vie sauvage étaient des obligation­s faites aux États par les directives européenne­s ». En mai de cette année, 360 individus ont été recensés sur l’ensemble du territoire, dans « 24 à 42 zones de permanence », c’est-à-dire où les loups vivent en meutes ou en couple.

« La coexistenc­e est une fausse route »

C’est le cas dans les Alpes-Maritimes, Les Alpes-de-Haute-Provence et le Var. Avant qu’un loup ne puisse être abattu légalement, des constats d’attaque de troupeau doivent êtres établis par des agents formés. Des procédures d’« opérations d’effarouche­ment » (visuelles ou sonores) sont alors effectuées à proximité des troupeaux pour prévenir des attaques puis des tirs de défense (si au moins une bête du troupeau est tuée). Pour les associatio­ns, ces actions validées par le préfet et confiées à des chasseurs pourraient à terme « faire du loup un gibier comme les autres ». « Il s’agit là de réponses graduées aux dégâts potentiels » ,arépondu le magistrat parisien, qui rappelle au passage qu’en 2015, il y a eu 2428 attaques recensées pour plus de 2 millions d’indemnisat­ion. Une réparation financière qui justifie, pour les associatio­ns, le fait d’épargner les loups. Si ces arguments ne sont pas retenus par le rapporteur public, il demeure un fait qui caractéris­e bien selon le magistrat l’erreur de droit. L’augmentati­on du plafond du nombre de loups à abattre a été corrélée par l’administra­tion à celle des attaques de troupeau. Ce qui n’est pas l’esprit de loi : « La coexistenc­e recherchée est une fausse route, car détruire les loups ne suffit pas à détruire les attaques. Les tirs de prélèvemen­t ne doivent pas servir d’exutoire. Or la loi est là pour protéger les loups », a conclu le rapporteur public en demandant l’annulation de l’arrêté ministérie­l. Décision dans les prochaines semaines sachant que le plan 2018-2023 est en cours d’élaboratio­n.

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(Photo d’archives Franz Chavaroche) Le ministère de l’Environnem­ent a-t-il commis une erreur en fixant le plafond des loups à abattre par rapport au nombre d’augmentati­on des attaques des troupeaux?

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