Nice-Matin (Cannes)

Lisnard : « Côte d’Azur France une marque forte »

Le comité régional du tourisme organise aujourd’hui ses rencontres départemen­tales. Le maire de Cannes, président du CRT, fait le bilan d’une année de la marque initiée il y a un an

- STEPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

Parler tourisme avec David Lisnard, maire de Cannes et président du CRT – comité régional du Tourisme – c’est fredonner du Nougaro, s’émerveille­r de la lumière de la Côte d’Azur, disserter sur Keith Harings, marcher dans les pas de Romain Gary… Mais, bien sûr, c’est aussi parler chiffres. Moins poétique, c’est sûr. Pas grave, les chiffres sont bons. L’arrière-saison azuréenne assure le coup après un bel été. Puis, c’est aussi évoquer la stratégie pour faire de la marque Côte d’Azur France, un label (encore plus) internatio­nal. Et c’est, encore, rappeler l’obligation de s’adapter sans cesse, de se renouveler… Des enjeux importants. « Parler tourisme, c’est parler de la première activité de la Côte d’Azur dans un milieu ultra-compétitif ».

La marque Côte d’Azur France lancée par le CRT fête sa première année de rayonnemen­t…

La marque territoria­le est une identité connectée à un potentiel économique. On a sur la Côte d’Azur une chance folle, c’est le deuxième territoire le plus fréquenté, le plus dynamique de France après Paris, même s’il y a d’autres régions très dynamiques comme Provence, ou Bretagne. C’est une marque, forte, ombrelle, qui transcende les frontières, composée de plusieurs marques, très fortes, comme Cannes, Nice ou Monaco. Mais aussi SaintTrope­z, Antibes, Mougins, SaintPaul-de-Vence… Une marque ce n’est pas subjectif, ce n’est pas du vent, c’est une notoriété reliée à de l’image, des valeurs, ça véhicule des choses.

Une marque, c’est du tout cuit alors ?

Non, il faut sans cesse la régénérer, et il faut une grande constance. Depuis deux ans au CRT c’est ce que nous faisons, avec peu de moyens. Il faut innover avec les collectivi­tés pour catalyseur­s.

Comment ?

En fédérant les profession­nels, en donnant de la visibilité à l’offre locale en organisant et en étant des stimulateu­rs de séjours événementi­els, culturels ou sportifs. Le CRT met en relation ! On travaille ensemble, avec tous les acteurs concernés : hôteliers, restaurate­urs, cafetiers, parfumeurs, port, aéroport, collectivi­tés, traiteurs, etc. Comment a été lancée la marque Côte d’Azur France ? Déjà on a choisi le parti pris de la «francitude». Après le -Juillet, après la période de deuil et de pudeur, nous nous sommes réunis, on a créé une cellule de crise qui est devenue depuis une cellule de relance. On a fait un travail d’analyse de ce qui caractéris­e et distingue la Côte d’Azur. Se servir des atouts comme des… clichés.

C’est-à-dire ?

Cannes, c’est glamour, bling bling… Il ne faut pas chercher à corriger ce cliché-là. Cannes, c’est ça ! Mais c’est aussi tout le reste et il faut le mettre en exergue.

Et la Côte d’Azur, c’est quoi alors ?

C’est la lumière, ces artistes et créateurs du monde entier qui en ont fait la renommée, l’ouverture culturelle, l’élégance, la nature « mer montagne », la grande agglomérat­ion azuréenne profondéme­nt moderne, les concepts originaux comme les plages urbaines, les paysages incroyable­s des Alpes, le cap d’Antibes, la baie de Villefranc­he, la créativité, la beauté. On a de belles histoires, cette terre ce n’est pas que des ressources naturelles. C’est une terre qui était pauvre et qui a réussi en un siècle à devenir une terre d’attractivi­té mondiale. Il faut véhiculer tout ça, entretenir et moderniser.

Quels sont les leviers dont vous disposez ?

Outre la communicat­ion classique, il faut créer un sentiment d’appartenan­ce. Une fierté locale. Un sentiment d’identité. Mais pas le mot galvaudé. Je parle de l’identité qui s’ouvre sur le monde, qui s’exporte. Les Azuréens doivent être eux-mêmes des vecteurs de leur territoire, des consommact­eurs. Et puis, il y a le numérique qui a tout bouleversé. C’est un élément à la fois rationnel et émotionnel, il a complété sans annuler les anciens vecteurs de promotion. Le partage instantané de photos, vidéos, mots, devient une communicat­ion aussi essentiell­e.

Comment fonctionne le CRT ?

J’ai réussi à obtenir la confiance des partenaire­s, notamment de notre premier financeur, le conseil départemen­tal. Le projet initié après le  juillet, a été rendu pérenne le er décembre . On a reposition­né la marque Cote d’Azur France comme une valeur sûre. Économique­ment et en terme d’identité, en seulement un an. On a, aujourd’hui,  grands partenaire­s à nos côtés,  grands ambassadeu­rs, des sportifs, des artistes, des chefs étoilés… On a   abonnés sur les réseaux sociaux, et  influenceu­rs du monde entier qui relaient la marque à l’internatio­nal. Le hashtag Côte d’Azur France, c’est   mentions en un an ! On a touché  millions de personnes par des images positives estampillé­es Côte d’Azur. C’est une campagne qui fait modèle en France. Un travail qui complète le travail classique, les actions marketing et commercial­es.

Quelles campagnes ont particuliè­rement bien fonctionné ?

Celles, par exemple, qui ont ciblé trois grands marchés, l’Allemagne, les Pays- Bas, l’Angleterre. On a couplé promotion de la Côte d’Azur et compagnies aériennes.

Après un bel été, quid de l’arrière-saison touristiqu­e ?

C’est sûr, il y a des établissem­ents qui ne tirent pas leur épingle du jeu, tout n’est pas linéaire, il y a des échecs, le commerce est difficile par nature. Mais il faut se dire que le succès est partagé. Car on est sur une tendance positive avec deux destinatio­ns qui rebondisse­nt particuliè­rement. Nice a connu un bel été. Pour Cannes, ça a été un peu plus terne en juillet, mais avril, mai juin et août ont été exceptionn­els. Et septembre et octobre le sont également. Cannes est la deuxième ville en terme d’hébergemen­t après Paris.

Quelques chiffres ?

L’occupation moyenne des hôtels et résidences en septembre sur la Côte a été de  %, avec une augmentati­on de  % des nuitées par rapport à . Et pour les trois premières semaines d’octobre, pour l’hôtellerie urbaine, on augmente de  points. C’est Cannes qui tient le marché avec son tourisme d’affaires, de loin, la deuxième destinatio­n française. Pour les réservatio­ns hôtelières, + % en octobre. Quant au secteur aérien, il est en nette progressio­n aussi, + %. Il y a aussi la durée du séjour qui s’allonge de  à  nuits en moyenne : c’est bon signe. Et on assiste à une forte dynamique de clientèle étrangère, +  % sur septembre. +°  % de nuitées françaises.

Des événements porteurs outre les mastodonte­s habituels ?

Quelques belles réussites sur certaines zones géographiq­ues, comme le Festival des jardins initié par le conseil départemen­tal. Avec une notoriété positive.

Et les rencontres départemen­tales ?

Elles auront lieu le  novembre [aujourd’hui à Villeneuve-Loubet Ndlr], sur le thème attractivi­té et compétitiv­ité touristiqu­e.

Vous misez beaucoup sur le sport…

J’y suis très attaché. Cannes, capitale du sport en plein air. Le marathon Nice-Cannes est un vecteur de séjours. Comme le trail urbain aussi, où nous allons faire passer les coureurs dans le Palais des Festivals. Cela va avoir des retombées mondiales. Nos points forts historique­s sont la culture, l’événementi­el. Mais, maintenant il y a le sport ! Le CRT développe le cluster Sport/ tourisme.

Deux gros événements à venir…

Un événement mondial, la Red Bull Air Race. Elle fera étape pour la première fois en France et ce sera à Cannes. C’est très spectacula­ire. Et puis l’IGTMIntern­ational Golf Travel Marketle plus grand événement des profession­nels du golf et du tourisme golfique qui sera pour la première fois en France et, là aussi, à Cannes du  au  décembre. Nous sommes en plein coeur, aussi, de ce que réussit à faire le CRT.

 ?

À travers la marque Côte d’Azur France, le CRT prépare le tourisme pour ces vingt prochaines années. Nous devons toujours fiabiliser la destinatio­n, en renforçant encore l’accueil, notamment en tourisme d’affaires en répondant aux fondamenta­ux :compétitiv­ité, prix et qualité, hygiène, sécurité transports…

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(Photo Gilles Traverso)

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