Nice-Matin (Cannes)

Lecture en fête avec José Frèches à Roquebrune-Cap-Martin

- ALAIN MAESTRACCI amaestracc­i@nicematin.fr

Romain Sardou et Bernard Werber seront les deux invités d’honneur de la nouvelle édition de Lecture en fête qui aura lieu ce week-end à Roquebrune-Cap-Martin. Mais ils ne seront pas les seuls à être présents puisque quatre-vingts auteurs dédicacero­nt leurs livres et participer­ont à des débats. Parmi eux : Daniel Picouly, Marcel Rufo, Sylvain Tesson, Jacques Salomé, Axel Kahn, Gil Florini, Louise Ekland, Patrick Moya, Jean Siccardi ainsi que de nombreux auteurs pour la jeunesse qui, eux aussi, animeront des tables rondes pour les enfants. Dans les invités pour les « grands », les adultes donc, José Frèches qui vient de publier, chez XO, Le Père David, l’Impératric­e et le Panda. José Frèches a romancé une histoire vraie, celle d’un prêtre lazariste sans qui la Chine n’aurait pas eu son emblème, le panda. L’ancien compagnon de route de Jacques Chirac et Alain Juppé, aujourd’hui sinologue, responsabl­e du pavillon français à l’Exposition universell­e de Shanghai en 2010, a répondu à nos questions pour parler de cette aventure.

Pourquoi ce sujet ? Qu’estce qui vous a plu dans l’histoire du Père Armand David ?

D’abord cette histoire n’est pas très connue : il n’y a pas grand monde qui sait que, sans ce lazariste français, né à Espelette dans le pays basque, qui est allé traîner ses guêtres dans le Sechuan pour convertir les Chinois aux évangiles catholique­s, le panda géant aurait été exterminé. J’ai eu l’occasion de me rendre dans le village où ce religieux a fait sa découverte et je suis tombé des nues en découvrant un musée Armand David. Les Chinois sont, eux, tout à fait conscients de la dette qu’ils ont envers ce missionnai­re français.

En fait, c’est lui qui a donné le panda comme emblème à la Chine ?

Le régime communiste chinois a tout de suite perçu que le panda pouvait leur servir d’instrument diplomatiq­ue car c’est uniquement dans cette région que l’on trouve ces animaux.

Ces missionnai­res à la fin du XIXe siècle partaient un peu dans l’inconnu ?

Oui c’était des aventurier­s et j’ai eu envie de raconter leur histoire. Surtout les lazaristes et les jésuites qui partaient un peu la fleur au fusil mais la foi chevillée au corps et des connaissan­ces scientifiq­ues. Comme le père Armand David qui a fait mieux connaître à l’Occident la faune et la flore de la Chine.

Vous avez dû effectuer un gros travail de recherches pour écrire ce livre très documenté ?

C’est un peu ma marque de fabrique: j’essaye de raconter des histoires que j’espère plaisantes, tout en instruisan­t mes lecteurs et en leur donnant les clefs du contexte de la façon la plus précise possible. J’ai beaucoup bouquiné, je me suis plongé dans les archives et j’ai donc eu la chance d’aller sur place.

Justement comment est née cette passion pour la Chine ?

C’est tout bête : j’avais sept ans et on m’avait offert Tintin et le lotus bleu. C’est vraiment cette BD qui a fait l’effet d’un coup-de-poing: j’ai été fasciné par l’univers que Hergé a recréé de manière magnifique car il était conseillé par un Chinois. Et quand j’ai vu cette écriture de haut en bas, ces gens avec les yeux bridés, les nattes, les dragons, les lanternes... je me suis dit : c’est un monde fascinant, il faut aller le voir. En , quand je suis rentré à la Fac de lettres à Aix-enProvence, une section de Chinois venait d’ouvrir et donc je me suis mis au chinois. Puis j’ai réussi un concours de conservate­ur et je suis entré au musée Guimet et, en , j’ai eu l’opportunit­é d’aller en Chine. Ce sont les Chinois qui me fascinent le plus : c’est le pays le plus peuplé du monde et ils arrivent à vivre en bonne intelligen­ce. D’abord, on peut sortir dans la rue sans se faire tirer dessus ou être rançonné comme dans certains pays beaucoup moins peuplés. Après c’est vrai qu’il y a beaucoup moins de libertés que chez nous et la vie n’est pas facile mais je suis admiratif quand je vois comment ils ont traversé des épreuves terribles au cours de leur histoire et que, malgré tout, c’est un pays qui tient debout. Les gens vivent dans l’instant T et sont heureux tout en restant confucéens c’est-à-dire qu’ils ont le sens du devoir.

Lecture en fête. Samedi 2 et dimanche 3 décembre, de 10 heures à 18 heures. Esplanade Jean-Gioan, à Roquberune­Cap-Martin. Gratuit. Rens. 04.93.35.62.87. www.rcm-tourisme.com

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(Photo Damien Grenon)
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Le Père David, l’Impératric­e et le Panda. José Frèches. XO Éditions. 464 pages. 19,90 €.

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