Nice-Matin (Cannes)

L’interview du maire, Georges Botella

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Entre grande bleue et Estérel, voici Théoule-sur-Mer. Porte d’entrée des AlpesMarit­imes, 16 km de côtes, 4 ports, 1 500 habitants en résidence principale déclarée et quelques noms prestigieu­x parmi ses hôtes VIP tels Serge Dassault, Pierre Cardin ou encore François Feldmann. À la tête de ce petit paradis qui a dû attendre 1929 pour gagner son galon de commune, Georges Botella. Un médecin, un centriste, féru d’oenologie, élu de longue date, maire depuis 2014. En sa compagnie, séquence interview...

Devenir maire, ça faisait partie de votre feuille de route ?

En fait, avant d’être élu, je ne comprenais pas pourquoi il fallait payer une taxe profession­nelle en tant que médecin libéral. Donc, je me suis dit : autant essayer de participer à un conseil communal pour comprendre et pouvoir gérer au mieux les finances. J’ai toujours aimé la gestion publique, toujours voulu être acteur plutôt qu’observateu­r. Je n’aime pas subir les choses. Ce n’est pas une question de pouvoir, mais plutôt d’implicatio­n forte sur les projets et de voir comment on les fait aboutir.

Vous n’êtes donc pas un vrai « politique »...

La politique politicien­ne ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse, c’est agir. Mais pour cela, il faut faire de la politique puisque le niveau local est dépendant du mille-feuille administra­tif français : commune, intercommu­nalité, départemen­t,

‘‘ etc. Il faut des interconne­xions avec les élus, ceux qui font les lois, les députés, les sénateurs, et aller dans des réunions politiques, parce qu’on ne peut avancer tout seul.

Vous êtes encarté dans un parti ?

Ma famille politique est plutôt au centre. Je suis à l’UDI, j’ai ma carte du Parti radical et avant, j’étais au MoDem. Je ne suis pas opposé au gouverneme­nt actuel, bien au contraire. J’ai participé au congrès des maires et j’ai eu la joie d’être reçu à l’Élysée.

On doit vous voir comme un pro-Macron ?

Oui. On a la chance d’avoir un nouveau Président jeune, qui a envie d’avancer et il faut le laisser faire. C’est bien de lui avoir donné une majorité de députés.

Pour le coup, vous êtes quand même entouré de maires très... Républicai­ns : David Lisnard à Cannes, Sébastien Leroy à Mandelieu, Frédéric Masquelier à Saint-Raphaël, etc. L’entente est bonne avec eux ? Vous savez, je suis plutôt du centre droit. On a une même vision des choses, en tout cas au niveau de l’agglo cannoise, sur les plans économique et touristiqu­e surtout. Avec des gens de bonne compositio­n, on peut toujours avancer. Il peut y avoir des débats philosophi­ques, des différence­s entre nous, mais on n’est pas dans les extrêmes.

Qu’avez-vous entrepris depuis votre élection ?

On a axé nos efforts sur le développem­ent touristiqu­e, surtout sur la façade littorale. D’abord en attribuant dix concession­s de plages à des délégatair­es pour  ans, lesquels ont vraiment respecté la loi avec du montabledé­montable de qualité. Les services de l’État nous ont d’ailleurs bien accompagné­s, y compris pour la dernière délégation, celle du Marco Polo, qui sera aux normes en avril . Ensuite, en réaménagea­nt le port de la Figueirett­e avec une Promenade de la mer que l’on va bientôt inaugurer. Au passage, merci à la Région et au Départemen­t qui ont participé aux frais. Le coût s’est élevé à , M€ dont la moitié en subvention­s. La navette maritime ? Elle a été fréquentée par plus de   personnes en deux mois. C’était une première dans les Alpes-Maritimes. Mes collègues n’étaient pas très chauds au début parce qu’ils restaient sur une expérience malheureus­e. Il fallait revoir les destinatio­ns et les horaires, fixer des tarifs adaptés. Finalement, cette navette a été financée à % par les usagers, ce qui n’est pas rien. Quant à l’impact sur les plages, on ne l’a pas encore mesuré. On verra si elles ont enregistré une augmentati­on du chiffre d’affaires, sachant que la Ville perçoit une redevance au pourcentag­e sur ces plages. L’an prochain, on va essayer de faire payer des acteurs publicitai­res comme les restaurant­s ou les hôtels.

Autre chose ?

On a mis en place avec le conseil départemen­tal, l’agglomérat­ion et le Conservato­ire du littoral un parc maritime départemen­tal : Estérel-Théoule. Non pas pour sanctuaris­er le domaine maritime mais pour développer, aménager et protéger le littoral qui va du port de la Rague au Trayas. Il ne s’agit pas d’une réserve marine mais d’un parc. On ne pourra pas faire du jet-ski, mais on peut envisager de développer des activités de randonnée aquatique, de kayak, de paddle et un mouillage écologique pour la plongée sous-marine qui ne sera pas interdite. Enfin, pour inciter les gens à venir à Théoule, on travaille aussi sur la signalétiq­ue du parc départemen­tal de l’Estérel, le premier des A.-M. en superficie, pour

‘‘ les randonneur­s qui viennent de toute la région Paca. Cela nous a permis de maintenir plus de  chambres classées à l’année, de créer une activité pérenne au niveau des plages et de développer des sites attractifs : la table d’orientatio­n vandalisée en  qui a été refaite à la pointe de l’Esquillon, la rose des vents géante sur le port de Théoule, etc. Tout est fait pour attirer les visiteurs à Théoule qui se trouve à la croisée du GR  et du chemin de SaintJacqu­es-de-Compostell­e. Le but est d’avoir un village qui vit à l’année.

La réhabilita­tion de l’église ?

Elle sera terminée au printemps .

Où en sont les finances de la commune ?

La situation à notre arrivée était stable. On l’a améliorée parce qu’on a compris que les dotations de l’État allaient baisser de plus en plus et, pour pallier cela, on a cherché des financemen­ts possibles : la remise en concession de toutes les plages qui entraîne des rentrées d’argent non négligeabl­es ou la mise en délégation de service public des ports . On a donc valorisé notre patrimoine et on va récupérer des redevances importante­s. Aujourd’hui, nous n’avons pas d’emprunts et on parvient à dégager chaque année , à , M€ d’autofinanc­ement.

La dotation de l’État pour Théoule ?

Elle est tombée à   euros, soit % du budget. Il ne donne quasiment plus rien, par contre il est présent pour édicter des règles.

L’agglo du Pays de Lérins, en revanche, dont vous êtes le plus petit contribute­ur, est un vrai plus pour vous ?

On a deux lignes de bus à Théoule. Si nous n’avions pas participé à cette agglo, on n’aurait pas eu ces transports. Là, ça a été un vrai plus. C’est également le cas au niveau environnem­ental, pour la collecte des déchets. Le but d’une agglo n’est pas de rajouter une strate, mais de réaliser des économies en mettant les moyens en commun. C’est bien de partager des moyens que nous, petite commune, n’avons pas. Bien aussi d’être aux côtés d’une ville comme Cannes qui rayonne dans le monde entier et, grâce à sa communicat­ion, de bénéficier de retombées.

Vos relations avec l’opposition ?

J’en ai très peu, elle ne participe pas vraiment, l’ancien maire notamment (Daniel Mansanti, Ndlr). Certains de sa liste s’investisse­nt mais lui-même, à part le conseil qui lui sert de vitrine, non. Je pense qu’à un moment donné, il faut savoir tourner la page. Macron a raison en disant qu’il ne faut pas renouveler les mandats à outrance.

Vous-même, allez renouveler le vôtre en  ?

J’essaie de mettre les projets sur les rails. Après, est-ce moi qui vais les réaliser, je ne sais pas.

Ce qui m’intéresse, c’est agir ” L’agglo, c’est un vrai plus pour nous ”

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