VOILE Les « seigneurs » des mers déboulent à Nice
Un format sportif hybride et un terrain de jeu (la Méditerranée) inédit pour une classe Ultimes qui regroupe les plus grands bateaux du monde de course au large : attention, ça va décoiffer !
Le choc des Titans ! ». En levant ainsi le voile, hier à Paris, sur la première édition de ce Nice Ultimed (devant un aréopage de personnalités, dont Christian Estrosi, et une foule de médias en tout genre), Amaury Sport Organisation avait visiblement soigné son plan marketing. Mais pas que, parce que si la formule se veut un brin aguicheuse, elle n’a rien non plus d’exagéré. N’en déplaise à certains, avec ces drôles d’oiseaux à trois pattes (oui, oui, ils « volent »...), aux dimensions surréalistes (lire encadré), on entre dans la démesure. Dans la quatrième dimension de la course au large. Et les comparer à de « simples » F1 des mers semble un chouïa réducteur…
Un plateau de prestige
Et que dire du plateau ! Jugez sur pièces : seront au départ, Thomas Coville (Sodebo), propriétaire du record du monde en solitaire et fraîchement sacré Marin de l’année 2017, Armel Le Cléac’h, vainqueur du dernier Vendée et qui se lance dans l’aventure à son tour avec son tout nouveau Maxi Banque
“On
est au début d’une nouvelle histoire. Banque Populaire n’a été mis à l’eau que tout récemment. Mais on a hâte d’être à Nice, qui sera notre première grande course officielle.”
Armel Le Cléac’h
“Ça
faisait longtemps que je m’interrogeais sur ce que l’on pouvait organiser d’un peu exceptionnel en Méditerranée. C’est chose faite avec ce Nice Ultimed, grâce aussi à ASO, un partenaire historique de la ville.”
Christian Estrosi Populaire IX, Francis Joyon (Idec Sport), détenteur du Trophée Jules-Verne, ou encore Yves Le Blevec (Actual), actuellement en mer pour lui aussi tenter d’établir un nouveau temps de référence dans un Tour du monde à l’envers, contre vents dominants. Bref, que du lourd ! Sachant qu’il n’est pas exclu que François Gabart, actuellement en train de relever un autre défi sur une circumnavigation avec son maxi-catamaran Macif, vienne finalement se joindre à ses petits camarades… Et puis, si le « fil rouge est de faire partager l’extraordinaire » au plus grand nombre, Après avoir remporté une quatrième Jacques-Vabre, le gentleman skipper est définitivement rentré dans la légende de la course au large. C’est donc tout logiquement qu’il a été nommé parrain de ce premier Nice Ultimed.
Jean-Pierre, être le parrain de cette première édition est une fierté mais aussi une jolie reconnaissance…
Effectivement. Ça donne aussi l’occasion de mesurer tout le chemin parcouru. Pour moi, le déclic remonte à et la première Route du Rhum, quand Mike Birch prive Michel Malinowski de la victoire pour secondes. Mais à l’époque, il n’y avait pas grand-chose à Nice. Désormais, avec ce Nice Ultimed, et la présence des plus grands skippers, ce n’est plus le cas. Ce sera un événement réellement hors-normes ? Un événement hors-normes, avec dixit Jean-Baptiste Durier, le directeur de la manifestation, ASO a aussi choisi de proposer un format sportif hybride, innovant ; entre course au large et stade nautique. Pour offrir au public l’occasion de suivre l’évolution des bateaux lors de leurs nombreux passages au plus près des côtes. des bateaux hors-normes. Mais ce qui ajoute encore à l’exceptionnel, c’est que c’est une première. J’évoquais le scénario fou de cette première Route du Rhum qui a fait qu’elle est entrée immédiatement dans la légende. Alors on peut
Une course en équipages
« Un sprint au large » durant lequel il faudra veiller « à ce que la machine ne domine pas les hommes » prévient d’emblée Le Cleac’h. Autre difficulté que les équipages auront à surmonter : les caprices d’une Méditerranée qui, pour être un plan de jeu « fantastique » peut aussi s’avérer « parfois piégeuse ». Et comme ça va sûrement naviguer à vue, surtout les premières heures, la moindre erreur se payera sûrement cash… A noter que si la course en elle-même est programmée le 2 mai (départ à 13h02, de Nice, avec une boucle de 1000 milles nautiques à couvrir deux fois entre Corse, Sardaigne et Baléares), un warm-up à Marseille (sur 3 jours), un run en Baie des Anges et un défilé, entre autres “réjouissances”, sont également inscrits au programme. Mais rien que l’idée de pouvoir approcher au plus près ces monstres des mers, d’avoir la chance de caresser des yeux ces “diableries des océans”, on se prend déjà à rêver... imaginer qu’à Nice se crée une course tout aussi légendaire. Ce serait génial.
Une aventure en Ultime aurait pu vous séduire ?
Forcément. Ça fait rêver. Maintenant, ce sont des projets avec des moyens considérables. Et pour moi, l’histoire s’est faite comme ça. Mais je vais regarder comment ça va démarrer, évoluer, et si ça devient un peu plus tard plus accessible pour les sponsors, sachant que les retombées potentiellement sont énormes.
Votre actu ?
Je suis et reste navigateur. Mais là, maintenant, il faut que je me repose de ma Transat Jacques-Vabre, ce que je n’ai pas encore eu le temps de faire. Mais l’objectif est clair. C’est de continuer en Imoca avec Yann (Eliès) pour l’aider à remporter le prochain Vendée. Et puis, je souhaite aussi m’impliquer dans la série de petits bateaux volants (les Easy To Fly, de sa société Absolute Dreamer). On en a construit et avec leurs propriétaires, on participera au premier Grand prix, à Nice, pendant le Nice Ultimed. Je serai d’ailleurs l’un des skippers, sous les couleurs de ma ville.