Nice-Matin (Cannes)

Plainte pour viol : le masseur en détention

Ce syndicat étudiant est au centre d’une polémique pour avoir gardé le silence sur les massages qu’il a contribués à monter avec le Crous et qui ont débouché sur une plainte pour viol

- VÉRONIQUE MARS vmars@nicematin.fr

Depuis plusieurs jours, l’UNEF 06, syndicat étudiant présent sur les campus de l’université de Nice - Sophia-Antipolis, est plongé dans la tourmente. Éclaboussé par une affaire d’agression sexuelle, avec pour conséquenc­e la fuite de ses adhérentes et une polémique sur les réseaux sociaux. En cause, le silence assourdiss­ant de ce syndicat étudiant autour des séances de massage gratuites qu’il a montées avec le Crous de Nice-Toulon et qui ont débouché sur un dépôt de plainte pour viol. Pour organiser ces quarts d’heure de relaxation dans ses restaurant­s et cités universita­ires de Nice, le Crous avait fait appel à un masseur auto-entreprene­ur, ex-membre de l’Unef et recommandé par ce syndicat.

« Dès novembre, à l’Unef, il y a eu des débats sur cette affaire »

Mises en place le 6 novembre, ces séances ont été supprimées par le Crous six jours plus tard, après la plainte pour viol déposée par une étudiante, résidente de la cité U Jean-Médecin à Nice. «Sur les campus, cette affaire a fait du bruit. D’autant que d’autres étudiantes ayant bénéficié de ces séances s’étaient plaintes d’être mal à l’aise lors de ces massages, explique Philippe (1), étudiant, membre de l’Unef qu’il vient de quitter. Dès novembre, au sein du bureau de l’Unef, il y a eu des débats. Des échanges en ligne sur la prise de position à adopter. Moi j’étais partisan de faire un communiqué de solidarité envers la victime. Si l’Unef n’est en rien responsabl­e des agissement­s du présumé agresseur, il a tout de même recommandé ce masseur et porté ce dossier. » Philippe a participé aux débats internes. Et de raconter que trois positions ont été évoquées : soit tout dire de cette affaire, « (sa) position », soit faire un communiqué de solidarité envers la victime, ou bien, à l’inverse le silence total. « C’est cette dernière position qui a été choisie Pour éviter que l’Unef ne soit éclaboussé, alors qu’en février se jouent les élections étudiantes », dénonce Philippe.

« J’ai tout balancé »

À l’appui de ses accusation­s, des conversati­ons en ligne des membres de l’Unef : « Il y a des agressions sexuelles dans tous les syndicats, partis, etc. Est-ce qu’ils font des communiqué­s pour dire “on s’excuse” à chaque fois ? »... Des extraits qu’il a transmis à notre rédaction ainsi qu’à d’autres syndicats. « J’ai tout balancé, explique Philippe, parce que j’étais écoeuré par ces pseudo-arguments machistes. Ceux contre lesquels on se bat pour défendre la Femme. A fortiori depuis la campagne « balance ton porc », où le silence n’a plus sa place ».

Polémique sur les réseaux sociaux

Révélée par le Crous, l’affaire d’agression sexuelle a été publiée dans notre journal le 1er décembre. Puis ce sont les extraits de conversati­on au sein de l’Unef qui ont été diffusés tous azimuts. Le premier à s’en saisir a été le syndicat étudiant « Solidaires 06 » qui les a publiés et pilonnés sur sa page Facebook. Avec des commentair­es pas très tendres à l’égard de ses camarades de l’Unef taxés d’avoir « cherché tant bien que mal à étouffer l’affaire» et qui « semblent aujourd’hui vouloir minimiser les faits »... Dans la foulée, l’UNI, autre syndicat étudiant, s’en mêle en demandant à l’Unef « de clarifier sa position ». Sur les réseaux sociaux, l’affaire fait boule de neige et les commentair­es affluent pour dénoncer ce silence honteux. Finalement, le 2 décembre, soit presqu’un mois après le dépôt de plainte pour viol, l’Unef publie un communiqué de soutien envers la victime en condamnant « toutes formes de violences sexistes et sexuelles » (...).

Le mea culpa de l’ex-président de l’Unef

Lundi dernier, c’est au tour de Paul, président de l’Unef, de démissionn­er de son mandat. Joint par téléphone, il nous a renvoyés à sa page Facebook « où j’explique tout » assure-t-il. De fait sur son compte, il annonce son départ de son poste et du syndicat en faisant son « mea culpa ». « Je reconnais la lâcheté de cette histoire », écrit-il. « L’Age (bureau des étudiants de l’Unef) a essayé de se couvrir (..) par peur de poursuite pour diffamatio­n si la plainte n’était pas maintenue » pour « se dissocier totalement du personnage »(...) « pour nous disculper » (...). Des propos dénoncés par l’Unef. (Lire ci-contre) Hier soir, le Crous de Nice a annoncé dans un communiqué qu’à la suite de la réunion de son conseil d’administra­tion « l’expériment­ation des massages s’arrête complèteme­nt ».

1. À sa demande le prénom a été changé.

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Voici un extrait des conversati­ons au sein du groupe Unef transmis à notre rédaction et mis en ligne sur les réseaux sociaux. (DR)

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