Nice-Matin (Cannes)

À Cannes et Biot, ses soeurs demandent justice

Installées sur la Côte d’Azur, les soeurs de Florence Denefle, professeur de français assassinée au Guatemala en 2010, mobilisent l’opinion pour que le Président Macron relance l’enquête

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

Sur la photo, des yeux rieurs et la chevelure en bataille. Le visage plein de vie de Florence Denefle. Son existence était un périple au long cours, à travers les pays qu’elle visitait depuis toute petite. Une incroyable aventure humaine, au regard de toutes les rencontres et amitiés qu’elle adorait nouer, au fil de ses pérégrinat­ions planétaire­s. Mais cette belle odyssée s’est brutalemen­t achevée le 24 mars 2010, avec la découverte

‘‘ de son corps sans vie, sur un chemin forestier proche de Guatemala City. Elle avait 34 ans. Asphyxiée. Assassinée. À seulement 17 kilomètres de son domicile, dans ce pays où la jolie professeur­e (anglais-français) détachée par l’État français voulait aider les enfants à s’éduquer. « Plus jeunes, nous étions habituées à suivre notre père, promoteur immobilier, lorsqu’il se rendait à l’étranger, raconte Anne, sa soeur aînée qui réside à Cannes et travaille à Biot. Cela avait rendu Florence très altruiste, elle faisait facilement confiance, et n’imaginait même pas qu’on puisse lui faire du mal… ». Et pourtant. Les soupçons se portent immédiatem­ent sur son ex-petit copain, récemment quitté. Profitant de la période pascale, qui plonge le Guatemala en pleine inertie, Christian-Benjamin Castillo-Martinez s’est volatilisé, sans que la police locale n’ait pu l’interroger. Malgré des éléments à charge, qui en feraient le principal suspect. Et depuis sept ans, voilà que l’enquête semble au point mort. Pour les proches de Florence, sept ans d’attente, de tristesse et d’incertitud­e. Sept ans de déshérence, à cause d’un deuil impossible. « Vous savez, on a fait comme on a pu pour continuer à vivre, soupire Anne, mère de quatre enfants obligée « d’aller de l’avant ». Mais en fait, il n’y a pas un jour où je ne pense pas à Florence. Une partie de moi a disparu avec elle. » Muriel, la soeur cadette qui vit également à Biot, a perdu patience. Elle a ouvert une page Facebook et lancé une pétition pour « réveiller » l’affaire. Déjà 52 000 signatures, afin d’interpelle­r le Président Macron. « Depuis la mort de ma soeur, c’est notre troisième Président. Mais à part un formulaire de condoléanc­es signé du ministère, on a l’impression d’avoir été abandonnés, alors que Florence était un haut fonctionna­ire français, regrette Anne, les traits tirés par la funeste absence. Aujourd’hui, on souhaite qu’Emmanuel Macron fasse pression sur son homologue guatémaltè­que, afin de dénicher l’assassin de ma soeur. »

« J’ai besoin que le meurtrier soit arrêté »

Faute de coupable jugé et condamné, Edwige Laigle et son mari François se recueillen­t régulièrem­ent sur la tombe de la jeune femme, inhumée à Amélie-les-Bains. Mais impossible de trouver ni paix ni consolatio­n. «J’ai absolument besoin que le meurtrier soit arrêté, et qu’il me dise comment et pourquoi il a fait ça, insiste la maman de Florence. Je voudrais aussi qu’il exprime des regrets, avant d’envisager refermer cette porte béante, depuis plus de sept ans.» François, le mari et beau-père, ajoute: « Le dossier a été suivi par plusieurs ambassadeu­rs, mais le gouverneme­nt français n’a jamais fait ce qu’il fallait. Vous savez, il y a 6000 morts violentes chaque année au Guatemala, dont 1600 femmes. À tel point qu’on y parle de féminicide…». Une fatalité à laquelle les Denefle refusent de se résigner. Parce que l’approche de Noël a des résonances cruelles. «On se réunit, mais sans Flo, on reste dans une espèce de non-dit…» Anne, sa soeur complice, veut garder ses plus belles images Comme ces instants partagés en musique. Sur un mur de chez elle, Anne a accroché deux guitares basses. La rouge pour elle, la verte pour Florence. Histoire de rester unies, même si le silence a remplacé la mélodie.

Avec la mort de Flo, une partie de moi a disparu”

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Anne, la soeur aînée de Florence Denefle, vit à Cannes et travaille à Biot : « Ma soeur, ce n’est pas un chien laissé au bord de la route. » (Photo Gilles Traverso)

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