Nice-Matin (Cannes)

Fornasari-Lambin, deux habitués des cours d’assises

Au 2e jour du procès d’Emile Fornasari et Michel Lambin, accusés de l’assassinat en 2002 à Antibes de Robert Ludi, la cour d’assises a tenté de percer la personnali­té de ces deux figures du grand banditisme

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Dans le box de la cour d’assises des Alpes-Maritimes, des policiers lourdement armés veillent sur les deux accusés classés, dans le jargon pénitentia­ire, « DPS ». Autrement dit : détenus particuliè­rement surveillés. Michel Lambin, 67 ans et Emile Fornasari, 57 ans, comparaiss­ent depuis lundi pour l’assassinat, le 5 février 2002, de Robert Ludi, 33 ans, un gardien d’école d’Antibes, abattu de deux balles de 11.43. Michel Lambin, aujourd’hui paralysé par une sciatique et des séquelles neurologiq­ues irréversib­les, n’est plus que l’ombre du malfaiteur redouté qu’il fut. Il est cité dans une dizaine d’affaires criminelle­s, présenté par la police judiciaire, comme l’exécutant des basses oeuvres du grand banditisme. Emile Fornasari, lui, s’est taillé une solide réputation de braqueur profession­nel. Il a déjà passé vingthuit ans de sa vie en détention. Il est libérable en 2034. Il comparaît pour la sixième fois de sa vie aux assises.

Passionné d’anthropolo­gie

Les points communs sont nombreux entre les deux accusés, plutôt méfiants et critiques envers les psychiatre­s qui ont tenté de les examiner. « Je me suis accroché tout de suite avec l’expert, reconnaît Michel Lambin, au sujet du Dr Giordano. Je lui ai dit : “vous voulez savoir si je mange de la chair humaine ?” J’ai abrégé le débat. » Le psychiatre avait eu le tort de relever une contradict­ion dans les propos de Michel Lambin au sujet d’os carbonisés retrouvés dans sa propriété à Caussols. Peut-être ceux de Jean-Félix Lecca, un Corse dont on a perdu la trace après une évasion avec Emile Fornasari. Un expert avait évoqué au sujet de Fornasari un délire mystique. Avis que ne partage pas un autre médecin: « C’est plutôt un idéaliste passionné par les civilisati­ons disparues, le dieu Ganesh [divinité hindoue, ndlr], l’anthropolo­gie...» Emile Fornasari ne manque pas de préciser en ce mardi matin qu’il prépare un livre de géographie pour enfants. Lui qui, comme Lambin, a quitté les bancs de l’école dès 14 ans pour très vite essuyer ceux des cellules de garde à vue.

Un diplôme d’arbitre de football

À une question de l’avocat général, Marie Nina Vali, sur les diplômes obtenus en prison, Lambin rappelle volontiers qu’il a réussi celui d’arbitre de football : « Dans toutes les prisons où je suis passé, je m’occupais de la salle de sport. » Les deux hommes sont chacun issus de familles nombreuses et prétendent avoir eu une enfance heureuse. Lambin est l’aîné d’une fratrie de huit, originaire de la région parisienne. Fornasari, natif de Cannes, est le septième de neuf enfants. Ils ne souffrent d’aucune maladie mentale, sont même considérés comme des détenus respectueu­x. « Des agneaux » accusés d’avoir participé à l’assassinat d’un homme, uniquement parce qu’il avait eu l’outrecuida­nce de recueillir l’ex-compagne d’Emile Fornasari, malade de jalousie. Les deux accusés ont toujours nié avoir participé à cette exécution en règle. Mais lors de précédents procès, ils ont su parfois ménager leurs coups de théâtre.

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Les salariés niçois se sont rassemblés hier devant l’hôpital Sainte-Marie à Nice. (Photo C. C.)
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Le président Benoît Delaunay a choisi d’entamer le procès par l’examen de la personnali­té des deux accusés. (Photo F. Bouton)

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