Nice-Matin (Cannes)

Didier van Cauwelaert : « Un créateur de liens »

- L.L.

Entre émotion et tendresse, c’est un souvenir éminemment révélateur du caractère facétieux du personnage que garde Didier van Cauwelaert, son ami depuis 1984 : «Il est de loin la personne qui m’a joué le plus sale tour en public, s’amuse -t-il. C’était à l’issue de la remise du prix Roger Nimier, que l’on venait de m’attribuer ce jour-là. Lors du déjeuner qui a suivi, Jean a décrété que le lauréat devait chanter un air d’Offenbach. Chose que j’ai faite, alors que je suis un chanteur de salle de bains ! Quelques semaines plus tard, il a remis ça sur le plateau du Grand échiquier, de Jacques Chancel, où il avait décidé que je serai son seul invité. Je n’étais au courant de rien, et lorsque D’Ormesson a déclaré que le mieux pour présenter mon livre serait que je chante, accompagné par le grand orchestre symphoniqu­e, je me suis liquéfié, mais exécuté ! Ce fût le plus grand trac de ma vie, mais aussi le début de notre amitié. Il faisait montre d’une attention incroyable à l’oeuvre et à la santé morale de ceux qu’il appréciait. C’était quelqu’un qui vous mettait immédiatem­ent de bonne humeur, et luimême se réchauffai­t à la températur­e qu’il allumait dans les yeux des autres. J’ai beaucoup de chagrin à la pensée qu’avec lui s’est éteint l’un des derniers spécimens d’un certain art de vivre. L’un de ces êtres qui incarnaien­t une étincelle d’espoir et de non-conformism­e, à l’instar d’un Félicien Marceau ou d’un Michel Déon. Tout en ayant cet art de la conversati­on qui faisait de cet être résolument moderne un formidable créateur de liens.»

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(Photo Franz Chavaroche)

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