Nice-Matin (Cannes)

Eric Ciotti: «Wauquiez va porter une espérance»

Depuis cet été, le député niçois soutient le président d’Auvergne-Rhône-Alpes dans la course à la direction des Républicai­ns. Il est à ses yeux le meilleur pour refonder la droite sur ses valeurs

- PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

Aquatre jours du premier tour de l’élection du président des Républicai­ns, le grandissim­e favori, Laurent Wauquiez, sera ce soir en meeting à Toulon, à partir de 18 h 30 au Palais Neptune. Le député niçois Eric Ciotti, l’un de ses soutiens de la première heure, vante la capacité du patron de la Région Auvergne-Rhône-Alpes à remettre une droite désorienté­e sur de bons rails.

Laurent Wauquiez va sans doute devenir président de LR, mais il ne semble pas beaucoup aimé. Comment l’expliquez-vous ?

Laurent Wauquiez bénéficier­a d’un large soutien des militants et deviendra du même coup le président du premier parti de France, en termes d’adhérents et d’élus. L’enjeu n’est pas d’être aimé mais de servir ses conviction­s pour le bien du pays. Il n’est peut-être pas aimé des commentate­urs ou de ses adversaire­s, mais pour moi c’est plutôt bon signe. Cela veut dire qu’il est fidèle à ses valeurs, sans rien concéder et sans s’excuser d’être lui-même. Il existe aujourd’hui une forme de police de la pensée, qui fait que certaines idées devraient être encensées et d’autres stigmatisé­es. C’est une étrange conception de la démocratie.

Son défi, s’il est élu, sera de rassembler la droite. Comment pourra-t-il y parvenir avec le discours très clivant qui est le sien ?

Certains s’étonnent que dans un parti de droite, Laurent Wauquiez soit de droite. C’est l’inverse qui serait plus surprenant. Ceux qui avaient pour habitude le compromis à l’eau tiède seront en effet déçus. Pour tous les autres, il va porter une espérance, celle de refonder une grande famille de droite républicai­ne, qui a certes failli disparaîtr­e mais qui est toujours là, avec des valeurs auxquelles les Français adhèrent très majoritair­ement : je pense à la liberté, à l’autorité, à la justice. Notre famille politique doit parler aux classes moyennes qui subissent en priorité la politique du gouverneme­nt.

Dire qu’on ne fricotera jamais avec le FN mais qu’on parle à ses électeurs, n’est-ce pas à la limite de l’honnêteté intellectu­elle ?

Pour moi, il n’y a pas d’électeurs FN, pas plus que d’électeurs insoumis ou républicai­ns. Il y a juste des électeurs français, qui méritent tous

‘‘ le respect, loin des caricature­s et des insultes. Parmi les électeurs du Front national, beaucoup ont voté pour notre famille politique par le passé, notamment en . Ils ont été déçus et sont partis vers le FN, dont ils ont pu mesurer qu’il était une impasse, voire une imposture. A nous de les convaincre, par un discours crédible, de revenir vers la famille républicai­ne. La logique qui nous interdirai­t de parler à des électeurs qui n’ont pas voté pour nous à la présidenti­elle serait absurde. Elle nous conduirait à rester minoritair­es à vie. Nous devons donc, par ailleurs, avoir la même démarche envers ceux qui se sont écartés de nous au profit d’Emmanuel Macron.

Emmanuel Macron a quand même réussi à mettre la droite totalement cul par-dessus tête. Que vous le vouliez ou non, il fait des choses qui plaisent plutôt à votre électorat…

Emmanuel Macron a un grand talent. Celui de maîtriser parfaiteme­nt la communicat­ion et le verbe. Certains de nos électeurs, j’en conviens, sont en effet sensibles à son discours. Mais je suis persuadé qu’ils vont perdre leurs illusions face aux actes. Je ne crois pas qu’ils apprécient la hausse massive de la CSG dès janvier, ni l’augmentati­on des dépenses publiques, ni que le chef de l’Etat refuse de parler de laïcité pour des raisons électorali­stes. La vérité va très vite disloquer le brouillard et les lendemains risquent de déchanter. A nous d’éclairer l’horizon, de dire la vérité aux Français et de proposer un vrai projet de réforme avec une baisse massive de la dépense publique, des impôts et, parallèlem­ent, des mesures très fortes pour combattre le communauta­risme islamiste, la dérive migratoire et l’insécurité ambiante.

Vous devriez devenir questeur en janvier, après que Thierry Solère vous a soufflé la place cet été. Cela va-t-il vous amener à lisser votre discours, à ne plus être simplement celui qui parle dru en matière de sécurité ?

Je ne veux pas anticiper sur les événements qui pourraient intervenir en début d’année. Le passé récent me conduit à beaucoup d’humilité. Mon groupe, qui est le premier groupe d’opposition à l’Assemblée nationale, disposera selon le nouveau règlement d’une questure. Il m’a élu pour être candidat à cette fonction. La questure est un poste de grande responsabi­lité puisqu’il revient à gérer les finances de l’Assemblée. J’ai acquis cette expérience de gestion à la tête du Départemen­t des AlpesMarit­imes. Pour le reste, c’est en effet un poste qui appelle à une écoute de tous et à un dialogue apaisé.

Si vous deviez être candidat aux prochaines municipale­s à Nice, pensez-vous pouvoir rassembler sur votre ligne très à droite ?

Je ne souhaite pas aborder aujourd’hui ce débat lointain et qui peut s’avérer source de division. Ma seule motivation est d’être utile à ma ville et à mon pays.

Sur le fond, qu’est-ce qui vous sépare aujourd’hui de Christian Estrosi ?

J’aspire personnell­ement à ce que les tensions s’apaisent, car je mesure qu’elles mettent très mal à l’aise beaucoup de nos amis communs. Christian Estrosi a répondu lui-même à votre question en indiquant (au Parisien week-end, ndlr) qu’il n’aimait pas le Christian Estrosi d’hier. Cela signifie qu’il a changé et ce changement a installé une approche idéologiqu­e différente. Eh bien moi, j’aimais bien le Christian Estrosi d’hier, avec lequel j’étais en phase et j’ai partagé tant de combats.

Le renouvelle­ment du président de la fédération LR des Alpes-Maritimes est prévu en . Serez-vous candidat (l’actuel président est Christian Estrosi, ndlr) ?

La nouvelle équipe qui sera réunie, je l’espère, autour de Laurent Wauquiez à la tête des Républicai­ns, fixera le calendrier des échéances locales. Je me prononcera­i à ce moment-là.

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