En Corse, les nationalistes visent la majorité absolue
La coalition nationaliste, grande gagnante du premier tour des élections en Corse la semaine dernière, espère conforter ce résultat ce soir lors du second tour, rêvant d’une majorité absolue dans la nouvelle collectivité territoriale unique pour peser dans ses futures négociations avec Paris. « Nous avons besoin de tout le monde parce que nous avons un pays à construire », a martelé mercredi soir lors d’un meeting réunissant un millier de personnes à Ajaccio l’autonomiste Gilles Simeoni, tête de liste de la coalition Pè a Corsica (Pour la Corse). Si la question de l’indépendance n’est pas à l’ordre du jour, la coalition, construite avec les indépendantistes de Jean-Guy Talamoni, espère bien pouvoir avancer en cas de victoire sur les sujets qui tiennent à coeur aux « natios » : amnistie pour les « prisonniers politiques», co-officialité de la langue corse, statut de résident.
Majorité large, stable, absolue
Dans un premier tour marqué par une forte abstention (47,83%), Pè a Corsica, avec 45,36% des suffrages exprimés, a largement devancé les trois listes encore en lice pour le second tour : celle de la droite régionaliste de Jean-Martin Mondoloni (14,97%), celle soutenue par Les Républicains emmenée par Valérie Bozzi (12,77%) et celle de la République en Marche de Jean-Charles Orsucci (11,26%). Gilles Simeoni a invité cette semaine les 234 000 électeurs corses à « amplifier le score» du premier tour, un score qui « nous honore »mais« nous oblige », a ajouté le leader autonomiste le soir devant ses partisans. « Pas une voix ne doit manquer à Pè a Corsica» pour lui donner une « majorité large, stable, absolue qui va travailler dans l’intérêt du peuple corse », a insisté Jean-Christophe Angelini, en 3e position sur la liste nationaliste, devant les militants ajacciens.
Première Collectivité territoriale unique
« C’est certainement l’élection la plus importante que la Corse ait jamais connu», a pour sa part estimé Valérie Bozzi. De fait, le scrutin va donner naissance en janvier à une Collectivité territoriale unique, une première en France métropolitaine, à la place des deux conseils départementaux et de la Collectivité territoriale (région). Ses 63 élus n’auront qu’un mandat de trois ans et demi, jusqu’en 2021, date des prochaines élections régionales. Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, avait assuré dès lundi qu’à «l’issue du second tour de scrutin, le gouvernement travaillera avec l’exécutif qui aura été choisi par les électeurs corses ». Pour Thierry Dominici, spécialiste de la Corse à l’Université de Bordeaux, « l’État a tout à gagner à répondre à au moins une des trois demandes » sur la langue, les prisonniers et le statut de résident : « S’il ne fait rien, tous les insulaires seront dans la rue et les nationalistes n’auront même pas besoin de le demander. »