Nice-Matin (Cannes)

La remontada

Menée 2-0 à vingt minutes de la fin, l’AS Monaco l’a emporté dans le final, grâce notamment à deux buts de la tête de Guido Carrillo, dans un match complèteme­nt débridé bien qu’imparfait

- MATHIEU FAURE

On essaie de se mettre à la place d’une personne sortant d’un sommeil prolongé depuis le soir du titre de champion, en mai dernier, et qui s’est réveillée ce matin, lendemain de victoire à la maison contre un promu avec un doublé de Guido Carrillo trois jours après une claque reçue à Porto en Ligue des champions. Surréalist­e ? Un peu. Mais le scénario de cette victoire aux forceps, hier, contre Troyes l’est complèteme­nt (3-2). A vingt minutes de la fin du match, sur un doublé du Sud-Coréen Suk, l’ESTAC menait tranquille­ment sa barque au Louis-II. Et puis Ghezzal est rentré, Carrillo a eu des ballons dans la surface et Troyes a craqué. Epuisé. Ereinté des vagues incessante­s de la bande à Jardim. « On est passé tout près d’un gros coup », conclut, amer, le coach de l’ESTAC Jean-Louis Garcia. Cette victoire incroyable, qui ramène un peu de folie et de vie dans une saison pour l’instant tristounet­te, rappelle que cette équipe est capable de se révolter. Un sentiment que l’on pensait évanoui après les défaites sans combattre de Leipzig, Paris ou Nantes. Dans un match pas franchemen­t maîtrisé, bien aidé par l’arbitrage aléatoire de Frank Schneider, il faudra retenir la fin pour continuer à se relever.

Dos au mur, Monaco a réagi

Mais la conclusion auraitelle été la même sans cette entrée en matière si moyenne ? Monaco a enfin pris des risques une fois le tableau d’affichage en sa défaveur à la suite de deux erreurs de Danijel Subasic. Avant cela, et malgré un onze de départ proche de l’équipe type, il ne s’est pas passé grand-chose dans le jeu. Personne pour éliminer, créer ou remuer l’adversaire. Et ce sentiment que le bloc défensif monégasque n’a de bloc que le nom. Il faudra finalement attendre la fin de match débridée pour voir l’ASM enfin percutante. Quand Thomas Lemar jouait arrière gauche, Rachid Ghezzal éliminait son adversaire dans le un contre un et Guido Carrillo avait des ballons aériens à exploiter. « Les rentrants leur ont fait beaucoup de bien », remarque Garcia. Le coach de l’ESTAC le sait. Le football récompense souvent les audacieux et rarement les frileux. Troyes a terminé avec une défense à cinq, Monaco avec cinq joueurs offensifs. La folie du football a fait le reste dans une fin de match nerveuse, âpre, asphyxiant­e et spectacula­ire où, pour une fois, le public monégasque a joué son rôle. Il y avait des vibrations de l’an dernier, cette époque où l’ASM renversait tout sur son passage. « C’est cette mentalité que je veux voir sur le terrain. A 2-0, on n’a jamais laissé tomber, c’est important », a lancé Jardim, heureux. Pourtant, hier, Monaco a battu un promu à domicile. Rien de plus. Mais en ce moment prendre des points en étant mené au Louis-II, c’est immense. « Quand tu es un passionné de football, c’est un match qui marque », conclut le coach portugais. D’autant que cette victoire permet à l’ASM, toujours roi de France en titre, de se réveiller dans la peau… d’un dauphin.

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Jardim et les Monégasque­s : Heu-reux !

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