Nice-Matin (Cannes)

HORS LES MURS Ça vient de paraître

- La trêve L’exposition ANDRÉ PEYREGNE RECUEILLI PAR RÉGINE MEUNIER

Drelin, drelin…: la clochette de la messe de minuit tinte dans l’église de village. L’office va commencer. Mais le curé Don Balaguère, victime du péché de gourmandis­e, ne pense qu’au repas de réveillon qui suivra. «Il imagine l’immense table toute chargée et flamboyant­e, les paons habillés de leurs plumes, les faisans écartant leurs ailes mordorées, les flacons couleur de rubis, les pyramides de fruits parmi les branches vertes…» Alors, il se met à bâcler la messe, sauter des mots et des passages. Les fidèles n’arrivent pas à suivre. «Les uns se lèvent quand les autres s’agenouille­nt, s’asseyent quand les autres sont debout.» La messe tourne à la catastroph­e. Ce soir-là, le curé fut le premier au repas, mangea plus que de raison, noya sa gourmandis­e dans L’équipe du supplément Histoire vous souhaite de bonnes fêtes et vous donne rendez-vous le dimanche  janvier.

Nice: Matisse à Biskra Lorsque Matisse séjourne en Algérie dans l’oasis de Biskra et ses environs au printemps , il n’en rapporte qu’un seul tableau, «Rue à Biskra» (Statens Museum for Kunst, Copenhague). Il est profondéme­nt marqué par ce premier contact avec l’Orient. Au travers de photograph­ies et de cartes postales du début du XXe siècle, l’exposition installée au musée Matisse apporte un regard culturel sur ce qu’était Biskra, lorsque l’artiste la découvre. Attirant de nombreux visiteurs étrangers en quête d’un exotisme facile, Biskra se révèle ici un souvenir sans cesse ravivé par les fresques orientalis­tes peintes sur des immeubles de Nice dans les années . L’exposition est réalisée avec le concours de l’Institut du monde arabe de Paris et le soutien du Consulat d’Algérie à Nice.

Jusqu’au 28 janvier. Musée Matisse, 164, avenue des Arènes de Cimiez, Nice. Fermé le mardi. 04.93.81.08.08.

A Nice : une architectu­re orientalis­te Mercredi  décembre à h, Alex Benvenuto, écrivain, auteur du livre «Henri Matisse Nice et Vence -», aux éditions Serre, donne une conférence qui vient en complément de l’exposition Biskra: rêver d’une oasis. Conférence suivie d’une signature de l’ouvrage à la des flots de vin de messe… et mourut à table avant la fin de la nuit ! Vous aurez reconnu l’une des « Lettres de mon moulin » du cher Alphonse Daudet - intitulée «Messes basses» - extraite de ce livre merveilleu­x où défile tout un cortège de personnage­s semblables à des santons provençaux qui auraient repris vie. Il y a là, souvenez-vous, maître Cornille qui remet en marche son moulin, le père Gaucher et son élixir, le sous-préfet au champ, le curé de Cucugnan, et bien sûr Monsieur Seguin avec sa chèvre.

À l’arrêt en 

Ce moulin d’Alphonse Daudet, existe-t-il ? Évidemment ! Vous le trouverez à Fontvieill­e, près d’Arles, dans les Bouches-du-Rhône. Suivez, à l’écart du village, une route qui monte entre les librairie du musée. Auditorium du musée Matisse,. Entrée libre. Pierrefeu : le Dixmude,  ans déjà ! Le Dixmude, dirigeable français, qui effectua de nombreux vols entre  et , fut dérouté par une tempête lors d’une mission d’étude et a explosé, touché par la foudre, en décembre , au large de la Sicile. Les  personnes, équipage et passagers, périrent dans cet accident. Cette tragédie a donné lieu en  à l’édificatio­n d’un monument commémorat­if d’une hauteur de  m à Pierrefeu. Chaque année, l’associatio­n « des amis du Dixmude» commémore la disparitio­n du dirigeable le  décembre, à partir de h. A l’occasion des  ans de l’édificatio­n du monument, l’associatio­n organise une exposition, où sera présentée la réplique en miniature du monument, réalisée par Roger Lelong, artiste local ainsi qu’une oeuvre originale non retenue lors du concours, lancé pour la mise en place du monument. Il y aura également des clichés photograph­iques de l’époque, ainsi que toute la genèse, de la souscripti­on à l’édificatio­n.

Jusqu’au 21 décembre de 14 à 18h, Galerie Municipale, boulevard Henri-Guérin (à côté de l’Office de Tourisme), Pierrefeu . Renseignem­ents : 06.77.22.82.47. pins. Vous découvrire­z sur la gauche le moulin aux grandes ailes. Il fut construit en 1 814 et fonctionna jusqu’en 1915. La Grande Guerre réquisitio­nna les hommes et le blé et mit le moulin à l’arrêt. En 1931, il fut classé Monument historique, passa en 1935 entre les mains des « Amis d’Alphonse Daudet », fut au centre de conflits entre la municipali­té et le propriétai­re privé au début des années 2000, est rouvert au public depuis 2016. Daudet le décrit dans l’introducti­on de ses « Lettres »: « Ce sont les lapins qui ont été étonnés !… La nuit de mon arrivée, il y en avait bien une vingtaine, assis en rond sur la plate-forme en train de se chauffer les pattes à un rayon de lune… C’est de là que je vous écris, ma porte grande ouverte au bon soleil. Un joli bois de pins tout étincelant de lumière dégringole devant moi jusqu’au bas de la côte. À l’horizon, les Alpilles découpent leurs crêtes fines… » Cependant, on sera déçu d’apprendre que Daudet ne s’est jamais installé dans ce moulin pour y écrire. Mais il l’a visité et l’a admiré. Certaines de ses Lettres ont tout simplement été écrites… à Paris ! Alphonse Daudet, né à Nîmes en 1840, « monta » adolescent à Paris, où il mena une joyeuse vie de bohème. La fréquentat­ion d’une femme proche de l’impératric­e Eugénie lui valut de contracter la syphilis. Son médecin lui conseillan­t la thérapie du soleil, il multiplia, à partir de 1860, les escapades en Provence, rencontra Mauvaise graine. Deux siècles d’histoire de la justice des enfants On les a traités de « mauvaises graines », de « sauvageons », de « blousons noirs » et même de « racailles » . Enfants ou adolescent­s, ils ont eu à affronter l’« Autorité », les tribunaux, les maisons de correction­s, la prison... Deux deux historiens, Véronique Blanchard et Mathias Gardet ont « retrouvé » ces jeunes, exhumant leurs casiers judiciaire­s, refaisant leurs parcours, de la fin du XVIIIe à la fin du XXe, expliquant leurs comparutio­ns, montrant les centres où ils ont été détenus, etc. Le tout retranscri­t dans un livre où certaines photograph­ies sont proches de l’insoutenab­le comme celle de ces enfants enfermés dans les « Cages à poules » d’une maison d’éducation surveillée dans l’Hérault ou celle de ce petit vendeur parisien, qui rappelle La Petite Fille aux allumettes, le conte d’Andersen, à la fin tragique.

, Paris-Soir titre sur un enfant de  ans dans une maison de correction. Pourquoi les enfants ont-ils été si maltraités? Ce qui est intéressan­t dans cet article de Paris soir, c’est que le journalist­e décide d’émouvoir l’opinion publique sur le sort des enfants dans les maisons de correction et que comme on est dans l’entre-deux-guerres, effectivem­ent l’opinion publique se sent très émue et décide que cette maltraitan­ce ne peut plus durer. Des enfants de  ans peuvent effectivem­ent se retrouver en maison de correction, ce sont des petits vagabonds, et leur errance était perçue comme un danger par la société. Les maisons de correction sont à l’époque considérée­s comme des lieux où la rédemption permettra aux enfants de retrouver le bon chemin.

Quelle a été l’évolution de ces lieux de redresseme­nt? Il y a toujours eu des enfants incarcérés en France. Au fil du e et du e siècle, on trouve des enfants soit en prison ordinaire, soit dans les quartiers mineurs, soit dans des prisons qu’on va dire spécifique, comme la Petite Roquette, première prison pour Mistral, découvrit Fontvieill­e en 1864, où des amis de la famille, les Ambroy, l’accueillai­ent avec son épouse Julia dans leur domaine dit « Château de Montauban » - un château que l’on peut toujours voir aujourd’hui à Fontvieill­e. « Braves gens, écrit-il ! Maison bénie ! Que de fois je suis venu là me reprendre à la nature, me guérir de Paris et de ses fièvres aux saines émanations de nos petites collines provençale­s ! » C’est alors que, sur les hauteurs de Fontvieill­e, il découvrit sur la colline quatre moulins appelés Ribet, Tissot, Ramet, Sourdon, du nom de leurs propriétai­res. Il tomba amoureux du premier et sortit son papier à lettre. enfant, située au coeur de Paris. Puis, le milieu du e siècle invente le placement collectif des enfants dans des institutio­ns et toujours au e siècle on imagine un placement individuel des mineurs chez des particulie­rs, souvent des paysans ou des artisans. On appellera cela d’abord le patronage. Ce sont aujourd’hui les familles d’accueil. Enfin, reste la possibilit­é de remettre l’enfant à sa famille, parfois sous le régime de la liberté surveillée, qu’on appelle le milieu ouvert. Selon les périodes, on insiste plus sur la prison, sur le placement ou sur le milieu ouvert.

Qu’est-ce qui a fait changer le statut des enfants? Le statut des enfants, au fil des siècles, change selon les perception­s philosophi­ques, médicales, psychologi­ques et psychiatri­ques. Au e siècle, un enfant est un adulte en miniature. Aujourd’hui, on a des catégories d’âge qui vont de la petite enfance, à l’enfance puis à l’adolescenc­e. Et puis surtout, il y a une raison démographi­que : plus il y a d’enfants et plus on en a peur; moins il y a d’enfants et plus on considère que c’est une richesse pour un pays et on les protège.

Comment Mai  a servi la cause des enfants ? Alors peut-être que ce n’est pas mai  mais plutôt l’après  qui a servi la cause des enfants et tout le courant contestata­ire des années  dans le travail social avec une critique radicale de la norme, du contrôle social, de l’organisati­on judiciaire, psychiatri­que, asilaire, pénitentia­ire, qui fait que les travailleu­rs sociaux vont se mobiliser, lutter pour définir leurs métiers, non plus comme des agents du contrôle social mais plutôt comme réellement des éducateurs. C’est également la période qui va laisser la parole aux usagers, devenue un droit d’expression, et permettre d’avoir de nombreux témoignage­s. €.

 ??  ?? Le vieux moulin, source de lettres… et de cartes postales ! (DR) «C’est de là que je vous écris, ma porte grande ouverte… », a imaginé Alphonse Daudet (DR) Alphonse Daudet, dont les « Lettres » ont tant fait rayonner la Provence. (DR)
Le vieux moulin, source de lettres… et de cartes postales ! (DR) «C’est de là que je vous écris, ma porte grande ouverte… », a imaginé Alphonse Daudet (DR) Alphonse Daudet, dont les « Lettres » ont tant fait rayonner la Provence. (DR)
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La conférence La commémorat­ion

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