Un « Saint François » d’El Greco s’envole aux enchères
Un chef-d’oeuvre du maître crétois a été adjugé pour 6,7 millions d’euros chez Christie’s à Londres
4siècles après sa mort, Doménikos Theotokópoulos, dit El Greco (1541-1614) a plus que jamais la cote. Le 7 décembre, l’une de ses toiles est partie pour 5,9 millions de livres sterling (environ 6,7 millions d’euros) chez Christie’s à Londres. Provenant de la Stanford Z.Rothschild Jr. Collection, l’oeuvre représente « Saint François et frère Léo en train de méditer ». Il s’agit de la seconde enchère la plus élevée pour l’artiste crétois, derrière les 8,1 millions de livres (environ 9,2 millions d’euros) obtenus pour sa toile « Saint Dominique en prière » chez Sotheby’s Londres en juillet 2013. Le thème de Saint François a souvent été repris par El Greco et son atelier. Vers le milieu du XXe siècle, l’huile sur toile a d’ailleurs d’abord été attribuée à deux de ses disciples. Ce n’est qu’après avoir retiré les surcouches de peinture ajoutées au XIXe siècle, que le tableau a finalement été reconnu comme étant le travail du maître crétois, et la seule réplique existante de l’oeuvre majeure « Saint François et frère Léo en train de méditer sur la mort », actuellement exposée à la National Gallery of Canada à Ottawa. Célébré de son vivant, El Greco était un libre-penseur de son temps. Chantre de la spiritualité, il peignait, « parce que les esprits murmurent intensément dans ma tête », disait-il. Le maître tomba pourtant dans un quasi-oubli pendant près de trois cent ans après sa mort, avant d’être mis à nouveau en lumière par des collectionneurs et des marchands d’art à la fin du XIXe siècle. Une redécouverte qui contribuera à façonner la peinture du XXe siècle. « De Delacroix à Manet, en passant par Cézanne, Modigliani, Van Gogh, Picasso ou Schiele, tous ont été inspirés par El Greco », a confié l’historienne d’art Jacky Klein. Une reconnaissance qui perdure aujourd’hui sur le marché de l’art.