« Le climat est bien meilleur que chez nous, à Milan »
Le monde entier la connaît sous le nom de promenade des Anglais. Mais, en cette saison, passeggiata degli Italiani serait plus approprié. Depuis Noël, le bord de mer niçois a pris de forts accents transalpins. À l’instar du centre-ville, du Vieux-Nice, mais aussi de Menton, Cannes ou encore Antibes. « Ma famille a une résidence secondaire à Nice. Nous venons ici depuis une quinzaine d’années, hiver comme été », explique Paolo Ferrario, 42 ans, arpentant le cours Saleya avec Elisa Cassamagnaghi, 34 ans. Ce sympathique couple de Milanais est arrivé au lendemain du repas de natale avec Jacopo, 3 ans, et Olympia, 8 mois. « Le climat est meilleur qu’à Milan. Il fait plus chaud, la mer fait du bien aux enfants, il y a des jeux pour eux, le marché de Noël, la grande roue... Dès que nous le pouvons, nous coupons et nous venons ici. » Paolo et Elisa sont fidèles à la dolce vita à la sauce niçoise. Même après le drame du 14Juillet. « Sinon, on ne bouge plus de chez soi ! Et puis, ils ont mis tant de protections, on croise les militaires... C’est rassurant. » Côté accueil, les Milanais notent que les Français se montrent « plus disponibles avec les étrangers maîtrisant leur langue ». Mais s’ils doivent retenir un point noir, ce sera « le stationnement ! » D’ailleurs, ils évitent la voiture autant que possible.
« Spectacle unique »
Quelques pas plus loin, quai des Etats-Unis – ou, en l’occurrence, bacino del Italia. Une dizaine de membres d’une famille, elle aussi issue de la région de Milan, goûte au soleil d’hiver sur les célèbres chaises bleues. « Pas sûr que notre témoignage soit bon pour votre article..., prévient le père de famille en grimaçant. Le 26, on nous a volé un sac. Le lendemain, on nous a cassé le parebrise de la voiture. Et le mois dernier, ma fille qui étudie à Nice s’est fait voler aussi ! Il y a beaucoup de délinquance ici, non ? » La scoumoune, peut-être. Quoi qu’il en soit,
ces visiteurs comptent bien « continuer à venir... et à défier le mauvais sort ! »
C’est que, malgré ces fausses notes aux airs de mauvaise pub, Nice et sa région ne manquent pas d’attraits. «Il y a tout ici, beaucoup de choses à faire, de bonnes relations avec les gens... », énumère Emiliano. Sa famille a acquis en février un pied à terre niçois. « On aime beaucoup venir ici. Plus qu’en Ligurie, même si je regrette d’avoir
àledire» , abonde l’aîné de la famille Brioschi. Décidément, Milan a débarqué en force. Telle est encore l’origine de Maurizio et Maddalena Guardafreni, 55 ans, croisés sur la Prom’. Eux séjournent à l’hôtel à Cagnes-sur-mer. Leur fille Margherita, 14 ans, guide Costa Azzura en mains, étudie d’ailleurs le français. « On aime revenir ici, explique Maurizio. On a pris quelques jours en espérant du beau temps... Et malgré la pluie à l’arrivée, le climat est bien meilleur qu’à Milan. On se sent très bien ici. Les gens sont accueillants. » Spontanément, Maurizio en vient à évoquer « cette blessure » indélébile, ce « souvenir de l’attentat » qui a ému par-delà les frontières et qui l’a rattrapé, en longeant ce bord de mer en phase de résilience. « Nous en sommes désolés. Mais aujourd’hui, on trouve l’atmosphère très apaisée. » Pas un instant, ce sinistre souvenir n’a dissuadé sa famille de venir à Nice. Parce qu’il y a, aussi, « ce spectacle unique de la vue sur la baie. C’est ça qui me plaît le plus, ici : la couleur de la mer. »