Nice-Matin (Cannes)

Ti amo, moi non plus

- PH. D. C. C.

De Roberto De Paolis (Italie). Avec Selene Caramazza, Simone Liberati, Barbora Bobulova. Durée :  h  Genre : drame Notre avis : ★★★ Agnese (Selene Caramazza) et Stefano (Simone Liberati) vivent à Rome dans deux mondes que tout oppose. Elle, 18 ans, est couvée par une mère croyante qui lui demande de faire voeu de chasteté jusqu’au mariage. Lui, 25 ans, a grandi entre trafics et vols occasionne­ls, et veut s’affranchir de son milieu en acceptant un travail de vigile. Quand ils se rencontren­t, se dessine l’espoir d’une nouvelle vie… Présenté à la Quinzaine des réalisateu­rs à Cannes, ce premier film, signé Roberto de Paolis a séduit par ses qualités de mise en scène et d’interpréta­tion. À Nice, où il est venu montrer le film quelques jours avant sa sortie, le réalisateu­r italien a confié avoir beaucoup improvisé sur le tournage pour obtenir de ses jeunes acteurs le réalisme nécessaire à cette chronique sociale intelligen­te et sensible sur la difficulté de s’affranchir de son milieu et de sa culture pour s’ouvrir à l’autre. « Agnese et Stefano sont des coeurs purs en ce qu’ils sont jeunes et déterminés à s’aimer, explique Roberto de Paolis. Mais la pureté est à double sens : si on veut rester pur, on se coupe forcément de l’autre. C’est le problème de l’Italie et de toute l’Europe aujourd’hui, face aux flux migratoire­s. » La métaphore est joliment filée, entre le corps d’Agnese qui doit rester vierge et le parking que garde Stefano pour empêcher les Roms qui se sont installés en bordure d’y entrer. « L’idée du film m’est venue à la lecture d’un fait divers dans le journal, raconte le jeune réalisateu­r. Une fille avait déclaré s’être fait violer par des Roms alors qu’elle avait perdu sa virginité avec son petit ami italien, et les gens du quartier avaient fait une expédition punitive dans le camp rom avant qu’elle n’avoue son mensonge. » Nobuhiro Suwa aime la France et affectionn­e l’approche naturalist­e. Démarche proche du documentai­re… à ceci près qu’il n’hésite pas, dans Le Lion est mort ce soir, à convoquer les fantômes. En revoyant son ancien amour disparu (Pauline Étienne) venir le hanter et le réconforte­r, Jean-Pierre Léaud fait le point sur son existence et se confronte à la génération future, au contact d’une équipe de tournage composée d’ados. Mise en abyme du cinéma, réflexion sur l’acception de la mort – d’ailleurs, comment la jouer ? –, Le Lion est mort ce soir ne manque pas de charme. Le film est pourtant désuet et trop approximat­if pour qu’on y adhère pleinement. Le jeu de l’ancien double de François Truffaut n’est guère concluant tout comme celui de ses jeunes partenaire­s.

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