Putain de camion !
Le drame s’est produit mardi sur une autoroute italienne. Un couple de Saint-Vallier-de-Thiey, leurs deux enfants, ainsi que le jeune frère du père de famille, ont péri dans l’accident
La voiture transportant un couple et trois enfants a été percutée par un camion sur l’autoroute à hauteur de Brescia (Italie). " Le choc a propulsé le véhicule contre un camion-citerne qui s’est embrasé. " Il n’y a aucun survivant parmi cette famille originaire de Saint-Vallier et Grasse.
Dans les rues jonchées de tuiles de Saint-Vallier-deThiey, ce « satané vent » alimentait encore toutes les conversations hier. La faute à ces rafales qui ont soufflé jusqu’à 177 km/h sur la route de Saint-Cézaire, endommageant des toitures par dizaines, venant même à bout d’un chêne bicentenaire dans le quartier Sainte-Anne… Petits malheurs du quotidien si dérisoires au regard du terrible sort qui s’est abattu, deux jours plus tôt, sur une famille entière de ce village du haut pays grassois. Hier, l’immense majorité des habitants de Saint-Vallier ignoraient tout de ce dramatique huis clos qui se déroulait dans une petite villa mitoyenne à l’entrée de la commune. Dans ce quartier des Arboins où Wilfrid, 32 ans, ne viendra plus garer son food truck, « L’en K », qui régalait Saint-Vallier de ses petits plats maison depuis l’été dernier. Son fils de 7 ans, Nolhan, qui avait fait sa rentrée cette année en CP, ne reprendra pas les cours lundi à l’école Emile-Félix. Sa petite soeur de 2 ans, Lina, n’y sera même jamais inscrite. On ne croisera plus, non plus, le sourire discret de leur mère Sabrina, 29 ans, dans les rues du village.
Sur la route des vacances…
Mardi, au lendemain du jour de l’an, toute la famille Kornatowski était montée à bord de la Kia familiale. Ils avaient même fait une place, à Mathéo, le petit frère de Wilfried. Âgé de 13 ans, domicilié à Grasse, lui non plus ne reverra pas ses potes de cinquième du collège Carnot. Tous les cinq ont été fauchés le 2 janvier, en début d’après-midi, sur la route des vacances. Direction Venise. Ils avaient prévu de faire une halte à Vérone. Il ne leur restait plus qu’à contourner le lac de Garde par l’A21, lorsqu’il y a eu un ralentissement sur cette autoroute italienne. La Kia des Kornatowski a freiné. Pas le camion qui arrivait derrière. Le poids lourd a percuté leur voiture, la projetant contre un camion-citerne qui s’est immédiatement embrasé sous l’effet du choc. S’en est suivi un spectaculaire incendie qui n’a malheureusement laissé aucun répit aux Kornatowski. Une famille unie. Dans la vie et le travail. C’est ensemble que Wilfrid et Sabrina menaient de front leur dernier projet : ce food truck qu’ils avaient ouvert le 14 juillet dernier. Elle faisait les salades et les desserts. Lui, le pain et tout le reste.
« Une telle joie de vivre et un tel amour »
Ils se servaient chez les commerçants du village pour préparer des petits plats frais et savoureux. Tout l’inverse, manifestement, de ce déjeuner qu’ils ont avalé en grimaçant sur une aire d’autoroute italienne. Sabrina a pris un selfie qui leur ressemble tant et qu’elle a envoyé à ses parents et beaux-parents. Ultime image d’un bonheur volé. Celui d’une famille qui avait en partage l’amour et que Mathéo, le petit tonton collégien, accompagnait partout. « Je ne connais personne qui avait une telle joie de vivre et un tel amour », souffle Christian Martinez, le papa de Sabrina, anéanti par la douleur. Comment ne pas penser à lui, à eux… Roselba, son épouse, Carole, la maman de Mathéo, Patrick, son papa et celui de Wilfrid, ainsi que Nathalie, la maman de celui-ci ? Comment ne pas se dire, face à une telle injustice de la vie, « putain de camion », ou ce putain de sort qui, souffle Patrick, « même dans la douleur n’a pas réussi à les séparer » ?