MOTO Casteu manager puissance
Entre Pérou et Argentine, le pilote devenu patron a deux fers au feu, cette année, puisqu’il poursuit l’aventure avec Sherco tout en relançant le team Casteu mis entre parenthèses en 2017
DE emain, lorsque les premiers motards du Dakar graviront le podium de départ planté au Pentagonito de Lima, nul doute qu’un bataillon de fourmis lui titillera le poignet droit. «Un coup d’oeil sur la carte suffit pour raviver le manque », reconnaît volontiers David Casteu. « Regardez le parcours ! Il est vraiment superbe, digne de cette quarantième édition. Il y a d’abord le retour du Pérou. De quoi plonger directement dans le vif du sujet, avec une belle mer de sable à traverser d’emblée. Puis ça va monter très haut, en Bolivie, où le climat froid et humide mettra les organismes à rude épreuve. Enfin, l’Argentine promet aussi quelques rebondissements, notamment dans les secteurs de Belén et Fiambala. Des juges de paix impitoyables. Finalement, seul le Chili fait défaut. Un crochet par Iquique, un petit tour dans le désert de l’Atacama et on touchait du doigt la perfection ! Alors, bien sûr, quand je vois par exemple mon ancien coéquipier chez Yamaha Olivier Pain partir en solo avec sa malle et sa tente, là, ça me fait envie... » Rangé des bécanes de course depuis , le Niçois comptant participations (e du Dakar , trois victoires d’étape en , et ) ne va pas vraiment ronger son frein en Amérique du Sud. Le voilà en effet team-manager puissance . En plus de son rôle de directeur sportif à la tête du commando du constructeur français Sherco qui va tenter de bousculer les mastodontes KTM, Honda et Yamaha, David l’hyperactif reprend aussi les manettes du team Casteu Aventure mis entre parenthèses en janvier . « Trois pilotes pros et autant d’amateurs à gérer de part et d’autre, c’est une chouette expérience, et ça équilibre la balance », sourit-il avant de prendre le large.
« Joan Perdrero peut viser haut »
« Franchement, je ne pense pas que KTM va écraser la course dès le prologue comme ce fut parfois le cas par le passé. OK, ils restent les favoris, compte tenu de leur immense expérience. Mais attention, Honda et Yamaha vont encore jeter toutes leur forces dans la bataille avec l’ambition de briser enfin cette hégémonie (16 victoires KTM consécutives depuis 2001, ndlr). Pour moi, au moins dix pilotes peuvent décrocher la victoire à Cordoba, cette année. Et je place bien sûr Joan (Pedrero) parmi ceux-ci. » Au départ de ce deuxième Dakar dans la peau du boss de l’équipe Sherco, Casteu ne tourne pas autour du pot lorsqu’on lui demande si le David français peut terrasser les Goliath étrangers. Du tac au tac, il réplique que tout est possible, y compris le meilleur des scénarios qui accoucherait d’un triomphe de son pilote de pointe catalan, 5e en
2011 et 2013 (sur KTM). « Le profil me fait penser qu’on va vivre une épreuve par élimination. L’an dernier, Joan aurait facilement fini dans le top 10 sans le problème électrique qui l’a retardé. Là, il peut viser haut, il a sa chance, j’en suis convaincu. C’est un gars qui sait gérer sa progression. La science de la course, ça le connaît. Et puis il s’est super bien affûté en disputant trois vrais rallyes en 2017 : Merzouga, Panafrica et Maroc. » Adrien Metge, lui, veut gommer la rature de l’an passé, ce premier Dakar sous le pavillon bleu Sherko gâché par un départ catastrophique avant de remonter à la 22e place. « A 31 ans, il ne compte que deux participations. Adrien n’a pas le vécu de Joan, mais il est aussi rapide. Il peut réaliser des coups d’éclat ici ou là, viser la victoire d’étape, en particulier sur les tracés longs et difficiles. Quant à Aravind (Prabakhar, le pilote indien tenant le rôle de porteur d’eau), il s’est préparé comme il faut pour tenir le rythme, être un vrai équipier. » Une certitude : Sherco s’est donné les moyens de grandir. « Si on a choisi de différer la sortie d’une nouvelle machine afin de limiter les risques, notre moto est optimisée de A à Z. Châssis, suspensions, moteur : tout a progressé, autant en terme de performance que de fiabilité. Des évolutions validées lors des courses préparatoires. » De quoi franchir un palier pour la firme gardoise qui négocie là son dixième Dakar...
« La der sur deux roues »
« Redémarrer avec trois pilotes qui sont des amis, je trouve que ça a de la gueule ! » Laissé en jachère l’an dernier, histoire de mieux entamer la collaboration avec Sherco, le team Casteu Aventure n’est pas resté inactif longtemps. « Dès le mois de mars, on commençait à plancher sur cette édition ô combien spéciale que personne ne voulait rater », explique le chef de la petite entreprise créée en 2009 dont le pic d’activité fut atteint lors du Dakar 2015 avec pas moins de six motos engagées. Cette fois, la structure réunit trois KTM. Le Français Charles Cuypers et l’Autrichien Nicolas Brabeck comptent deux participations tandis que le Monégasque Adrien Maré, 33 ans, va lui découvrir le monument (voir nos éditions du 2 janvier). « Charles n’a jamais vu l’arrivée. Pire, ses précédentes expériences se sont achevées dans la douleur, par une évacuation en hélicoptère. Donc j’ai très envie de le voir aller au bout. Pareil pour Nicolas et Adrien. Lui, je le connais depuis longtemps. Il a gravi les échelons pas à pas, jusqu’à ce rêve en passe de se réaliser. Comme les pilotes Sherco, ils ont préparé l’échéance en enchaînant les courses et les entraînements. Si les difficultés foisonnent à l’horizon, tout est réuni pour que chacun réussisse son challenge personnel. La structure, coordonnée par Laurence, ma compagne, comprend deux mécanos et un kiné. Moi, je serai là tous les soirs pour débriefer et les aider à atteindre la cible. » Objectif Cordoba ! Une arrivée synonyme de tournant pour le team. « Sûr et certain, c’est la der sur deux roues », annonce ainsi David Casteu. « En 2018, on va changer de cap, bifurquer vers la catégorie T3. Aujourd’hui, les SSV ont le vent en poupe. Comme le réglement, désormais entériné, respecte l’esprit moto, ça me plaît. Alors voilà, avec mes amis pilotes, nous avons tous envie d’explorer cette nouvelle voie... »