Nice-Matin (Cannes)

Douce France

La chanteuse disparaît à 70 ans. Figure majeure de la scène française, elle traversa les époques, des yéyés à Michel Berger, avec qui elle construisi­t son oasis ramatuello­ise dans les années 80

- LAURENT AMALRIC lamalric@nicematin.fr

France Gall, qui a traversé les décennies, s’est éteinte hier à Neuilly à l’âge de  ans. Itinéraire d’une « poupée de son » qui a su s’affirmer au côté de Michel Berger. Récit de leur bonheur durant une décennie à Ramatuelle.

Il y a des mots qu’on ne voudrait jamais prononcer. France Gall a rejoint le Paradis blanc le7 Janvier, après avoir défié depuis 2 ans, avec discrétion et dignité, la récidive de son cancer », annonçait hier sa chargée de communicat­ion Geneviève Salama. À la midécembre, la chanteuse était hospitalis­ée pour raison d’infection pulmonaire sévère à l’hôpital américain de Neuilly où elle est finalement décédée ce dimanche peu après 10 h. Née au sein d’une famille de musiciens, Isabelle Gall fera très tôt place à l’interprète dorée, France, sous l’impulsion de son papa, Robert Gall, parolier à succès de Piaf et Aznavour. Il lui signera en 1964 Sacré Charlemagn­e, succès qui mettra en valeur son petit filet de voix original et son physique d’écolière avant de remporter pour le Luxembourg le Grand Prix de l’Eurovision en 1965 avec l’inoubliabl­e Poupée de cire, poupée de son, signée Gainsbourg.

Difficile fin de ’s…

« Pour ma part j’ai écrit pour elle en 1966. Entre la période avec son papa Robert Gall et celle avec Serge Gainsbourg. L’une des chansons s’appelait Il neige. Ce qui est très symbolique en ce moment entre le climat et sa disparitio­n… », laisse planer Jean-Max Rivière qui signa également La Madrague pour BB. « J’avais 27 ans, elle en avait 17. Il était difficile d’imaginer qu’elle ferait une telle carrière à l’époque. Une fois je l’ai d’ailleurs vu pleurer car après les tubes Poupée de cire poupée de son / Les Sucettes, elle était au creux de la vague et désespérai­t de retrouver des chansons pour de nouveaux succès…», poursuit l’auteur parisien qui lui signa également Tu n’as pas le droit. « Une chanson charmante, mais ça n’a pas fait un tube. Au final, celle qui n’était qu’une gamine surprotégé­e par son père s’est affirmée avec les années et les rencontres. La plus déterminan­te étant bien entendu celle avec Michel Berger. Ils étaient tellement fusionnels que je comprends pourquoi après sa mort elle n’est pas allée chercher ailleurs d’autres compositeu­rs », conclut Jean-Max Rivière.

, La Déclaratio­n d’amour

Michel Berger qui, en 1974, lui fait sa Déclaratio­n d’amour devient donc son Pygmalion définitif. Avec les mêmes cheveux blonds, le même minois, elle épouse à la fois la musique et son compositeu­r en 1976. Une troisième vie artistique qui la conduira au(x) Zénith dans tous les sens du terme. Outre des dizaines de disques d’or, de cette union naîtront également deux enfants Pauline, le 14 novembre 1978 et Raphaël, le 2 avril 1981. Une époque Tout pour la musique qui révélera France Gall en vedette populaire. Cette aura lui ouvrira les portes d’un duo en studio avec Elton John avec Donner pour donner cosigné en 1980 par Michel Berger et Bernie Taupin. « J’ai passé un dîner avec France, Michel et Elton John dans la villa du Cap d’Eddie Barclay au moment de la sortie de ce duo. Elton était charmant mais la discussion était plus difficile avec le couple. Ce n’est pas un secret de dire combien France Gall fuyait les interviews», raconte notre confrère toulonnais Jacques Brachet. Les malheurs de la vie qui ne l’épargneron­t pas, entre le départ brutal de son époux en 1992 et celui de sa fille qui meurt le 15 décembre 1997 d’une mucoviscid­ose, feront que l’éclipse médiatique se prolongera.

Claude François, Julien Clerc et les autres…

Autant que sa discrétion sur les relations amoureuses qu’elle a entretenue­s avec Claude François puis Julien Clerc. « Claude était quelqu’un de pas facile. Personne n’était heureux autour de lui… », se laissera-t-elle tout de même aller à dire en 2015, année de son retour artistique – mais non scénique – avec la comédie musicale Résiste. « J’ai fait mon dernier Olympia en 1996 et je n’ai jamais éprouvé le désir de revenir. Je garde de ma dernière tournée un souvenir magnifique, mais il me semble que j’étais au terme de quelque chose et que la vie m’appelait ailleurs », confiait-elle à notre titre lors d’une rencontre parisienne tout en annonçant, enthousias­te, des « projets pour quinze ans ».

Quelle suite à Résiste ?

Effectivem­ent, les tubes composés par Michel Berger étant légion, deux autres comédies musicales devaient être créées dans le sillage de Résiste qui fit étape à Nice le 12 mars 2016… Comme quoi celle qui ne devait être qu’une éphémère bulle pop censée éclater sans gloire à la fin des 60’s en laissant l’image d’une ingénue gourmande de sucettes à l’anis, aura traversé les génération­s sans être dupe de rien. Le poignant et intergénér­ationnel Si, maman si, lui, continue de résonner au coeur de Cécile Berthier, sa mère quasi-centenaire dont on imagine la peine hier.

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AFP) A Cannes, une ingénue gourmande de sucette à l’anis qui traversa les époques et les génération­s.(Photo
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