Coup de poing mortel à Cannes : défense et police s’affrontent
Dans la nuit du 5 au 6 mai 2016, devant Le Play, une discothèque du carré d’or de Cannes, Sébastien Mazé, 36 ans, originaire de la région parisienne, avait reçu un violent coup de poing. Ce mécanicien, célibataire, divorcé, père d’un enfant, était venu passer quelques jours de vacances chez un ami profitant du pont du 8-mai. Frappé au visage, il avait lourdement chuté sur la chaussée. Il était décédé quelques heures plus tard à l’hôpital d’une hémorragie cérébrale. Onze mois plus tard, les policiers de la brigade criminelle de la PJ de Nice ont arrêté un suspect à Antibes. Mis en examen en avril 2017 pour violences volontaires ayant entraîné la mort, Apti G., un ressortissant tchétchène, est incarcéré depuis cette date. Il nie avoir été présent en France le jour des faits. Son avocat, Me Paul Sollacaro, a demandé au juge d’instruction de dessaisir la police judiciaire. «Cette enquête ne repose que sur un renseignement anonyme, note le pénaliste. La PJ a placé des personnes en garde à vue, notamment des patrons de boîtes de nuit, en les menaçant de faire fermer leurs établissements. »
« Une forme de pression »
« Un rapport à charge a demandé la fermeture du Play mais le tribunal administratif s’y est opposé. C’était, à mon sens, une forme de pression sur des témoins. Une méthode inacceptable que ne peut valider la justice. » A la PJ de Nice, les enquêteurs s’étonnent de cette défiance. Ils se souviennent avoir dû affronter une omertà qui avait singulièrement compliqué l’enquête mais estiment avoir identifié l’auteur. «De quelle pression parle Me Sollacaro ? », s’insurge le commissaire divisionnaire Philippe Frizon, chef de l’antenne PJ de Nice. «Il y a des charges contre la personne mise en examen. La justice décidera ensuite si elles sont suffisantes pour le renvoyer en correctionnelle ou aux assises. En tout cas, elle les a estimées suffisamment sérieuses pour laisser ce monsieur en détention provisoire. » Philippe Frizon estime que la demande de fermeture administrative, établie avec la souspréfecture de Grasse, était justifiée : « La voie administrative n’a rien à voir avec la procédure pénale. La rixe a débuté dans l’établissement et le responsable a évacué tout le monde sur la voie publique. Il y avait en plus de fortes suspicions d’emplois de vigiles non déclarés. »