Nice-Matin (Cannes)

Coup de théâtre à Nice : on la croit évadée de l’hôpital

Dans le cadre de ses études pour devenir comédienne, Solène Buchard-Pallanca a joué une patiente en fuite. Beaucoup de Niçois, même les pompiers, ont cru à son histoire

- CÉLIA MALLECK cmalleck@nicematin.fr

Ce qui devait être une simple improvisat­ion s’est transformé­e en une intrigue palpitante. Voici l’incroyable histoire de Solène Buchard-Pallanca. Tout a commencé au Théâtre de Nice (TNN), le samedi 16 décembre, au matin, pour un partiel d’improvisat­ion théâtrale. La consigne : créer un personnage et le jouer dans un lieu public. Ici, le tramway. L’étudiante de 19 ans a choisi le rôle d’une patiente évadée de l’hôpital. Cheveux ébouriffés. Maquillage cadavériqu­e. Blouse de malade. Perfusion à la main et bracelet au poignet. L’illusion était créée. Le rôle endossé. Le partiel pouvait commencer en présence de son professeur, Renato Giuliani, et de ses camarades. Sauf que, rien ne s’est déroulé comme prévu.

« Seule, sans prof, sans papiers »

« Je suis montée dans le tram à la station Garibaldi. Je me suis assise et ai commencé à pleurer de douleur, faisant croire que j’avais des crampes à l’estomac. J’étais censée descendre à Virgile-Barel pour rejoindre tout le monde, mais sans faire attention, je suis descendue à Saint-Roch. Je me suis retrouvée seule, sans professeur, sans papiers d’identité, juste mon personnage… J’ai donc décidé d’aller à l’arrêt Virgile-Barel pour retrouver tout le monde, mais ce court trajet a suffi pour ameuter beaucoup de personnes », relate-t-elle. Les passants s’arrêtent. Insistent pour appeler les pompiers. Une jeune fille lui prête son téléphone. Solène, toujours dans son personnage, appelle son amie, Marion, à l’aide. Le rendezvous est donné à la station Saint-Roch. L’étudiante fait le trajet en sens inverse, à pied. Et c’est à ce momentlà que tout s’enchaîne. Un camion de pompier passe. Sueur froide pour la jeune comédienne qui ne veut pas incarner son rôle, «pour de vrai». L’ambulance passe, sans s’arrêter. Solène souffle, rassurée. Mais une conductric­e se plante en plein milieu de la route, sort de sa voiture et la presse de monter pour l’accompagne­r à l’hôpital. La comédienne refuse et poursuit, tant bien que mal, sa route. Une fois arrivée à l’arrêt de tram, auprès de son amie, Solène pense être tirée d’affaire. Mais deux hommes «particuliè­rement protecteur­s » lui font barrage et appellent les pompiers. Une ambulance arrive au loin. « Quand j’ai entendu la sirène, je ne voulais pas qu’ils me voient, car l’improvisat­ion touchait à ma morale. Au lieu de sauver des vies, ils allaient être face à une gamine de 19 ans qui joue un rôle pour son partiel. C’était inconcevab­le pour moi.» Une seule solution s’offre à elle : prendre ses jambes à son cou. « Une mini-coursepour­suite a commencé dans les rues de Saint-Roch. »

En culotte, seins nus dans la rue

Sauf qu’avec sa dégaine de possédée, échappée de l’asile psychiatri­que, pas facile de filer en douce : « J’ai jeté ma perfusion et le bracelet, j’ai enlevé la blouse, demandé mes affaires à mon amie, mais elle ne les avait pas prises… J’étais donc en culotte, seins nus, dans la rue. Il fallait faire vite. J’ai pris la veste en fourrure de Marion et ma blouse en guise de jupe. » Dans cet accoutreme­nt de fortune, l’étudiante tente de rejoindre le TNN. Mais l’ambulance parvient à la rattraper. Fini de jouer. La comédienne va tenter de leur expliquer… Rien n’y fait. Les pompiers la prennent pour une « folle » et la font monter dans le camion. Hors de question pour elle d’être internée, pour de bon cette fois. La jeune femme se débat. Tente de se faire entendre. Un peu trop. Les secouriste­s la somment de se calmer sinon, c’est l’immobilisa­tion. Aussitôt dit, aussitôt fait. Solène Buchard-Pallanca leur explique calmement les faits. En possession de ses papiers, ils vérifient si elle est patiente dans un des hôpitaux niçois. Réponses négatives. Les pompiers commencent à croire à son incroyable histoire et décident de la conduire auprès de son professeur, qui l’attendait à Saint-Jean-d’Angély. Entre rires et remontranc­es, les secouriste­s félicitent Solène et demandent à son référent, Renato Giuliani, de lui accorder une bonne note. Épatés par sa performanc­e théâtrale de deux heures. Et son rôle de patiente évadée, qui l’aura échappé belle !

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Bernés par son jeu, les passants et pompiers ont tout tenté pour hospitalis­er la jeune fille. (D. R.)

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