Parti socialiste : scénario à l’italienne
Après Luc Carvounas, 46 ans, Emmanuel Maurel, 44 ans, et Stéphane Le Foll, 57 ans, Olivier Faure, 49 ans, chef de file des députés socialistes à l’Assemblée nationale, a décidé à son tour, hier, de se lancer dans la bataille pour prendre la tête du PS, faisant ressurgir le spectre de la guerre des ego dans un parti aux abois. Il a annoncé officiellement sa candidature dans Le Monde d’hier et exposé son projet pour le Parti socialiste. « J’ai envie de conduire la renaissance des socialistes. Je suis candidat pour être le premier responsable du PS », a déclaré au quotidien national Olivier Faure. « Prendre la décision de s’engager à la tête du Parti socialiste dans l’état dans lequel il se trouve implique une motivation, une envie. Il n’y a pas de place pour l’hésitation : si vous hésitez, c’est que vous ne devez pas y aller. J’ai fait le choix d’y aller, je n’hésite pas. Je suis déterminé à réussir la refondation, à reconstruire un collectif et une crédibilité en rassemblant les énergies et les talents ». Et de l’envie, il lui en faudra face à un PS moribond qui pourrait ne plus avoir sa place dans le nouveau paysage politique français. « Personne n’a remplacé le Pa rti socialiste. Qu’il s’agisse du libéralisme jupitérien de l’un, du populisme protestataire de l’autre ou du nationalisme A trois mois du congrès du Parti socialiste, les appétits s’aiguisent. Qui succédera à Jean-Christophe Cambadélis au poste de Premier secrétaire (c’est Rachid Temal, sénateur du Val-d’Oise, qui assure actuellement l’intérim) ? La réponse à cette question qui agite les cadres de la formation sera connue le 29 mars, à l’issue d’un vote des militants. Jusque-là, les candidats doivent obéir à un calendrier bien particulier qui démarre à la fin du mois. identitaire de la troisième, aucune de ces visions ne se substitue aux objectifs et aux réponses socialistes », clame le patron des députés socialistes au Palais-Bourbon. « Placés devant un choix difficile, les électeurs de gauche se sont détournés de nous. La politique, c’est une affaire d’offres, et certaines, plus nouvelles et
27 janvier. – Les prétendants au poste de Premier secrétaire doivent déposer leur « texte d’orientation » lors d’un conseil national (CN) – sorte de « parlement » du parti.
15 mars. – Les textes d’orientation sont soumis au vote des militants. Les statuts du parti prévoient qu’une journée de débat est organisée dans chaque fédération avant cette date
29 mars. – Les militants votent de plus optimistes, ont davantage séduit que la nôtre. Les Français n’ont pas perçu notre capacité à changer leur quotidien et à mener ensemble un projet pour le pays », reconnaît le candidat.
La bonne personne
Trois hommes étaient déjà sur les rangs, le député Luc Carvounas, ancien lieutenant de Manuel Valls, le député européen Emmanuel Maurel, représentant de l’aile gauche du parti, et Sébastien Le Foll, l’ancien ministre de l’Agriculture et « hollandais » controversé. Pour beaucoup de responsables du PS, Olivier Faure est aujourd’hui celui qui peut le mieux prétendre à rassembler les siens, même s’il a comme Sébastien Le Foll longtemps collaboré avec François Hollande lorsqu’il était Premier secrétaire. « La bonne personne c’est Faure. Il a su conserver la distance nécessaire par rapport au quinquennat », dit un de ses partisans. nouveau, cette fois pour désigner le premier secrétaire du parti. Ils doivent départager les premiers signataires des deux motions arrivées en tête lors du vote du 15 mars. Ce même jour, les adhérents sont appelés à choisir leurs premiers fédéraux, patrons des PS locaux. Les 7 et 8 avril aura lieu le congrès qui se tiendra à Aubervilliers SeineSaint-Denis). Les instances nationales du parti y seront désignées. de Et de quatre ! Le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, Olivier Faure, a officialisé, hier, sa candidature au poste de Premier secrétaire du PS. Aussitôt suivi par Emmanuel Maurel, sur son aile gauche. Leurs noms s’ajoutent à ceux de Luc Carvounas et de l’ancien ministre Stéphane Le Foll, déjà déclarés. D’autres, la plupart considérés comme des seconds couteaux, devraient sortir du bois d’ici à la date limite, le janvier. Aucune femme à l’horizon pour le moment : la seule qui semblait assez implantée pour l’emporter, Najat Vallaud-Belkacem, s’est découvert d’autres priorités dans la vie que de relever l’ex-parti présidentiel. Ce n’est pas encore la bousculade digne des premiers jours de soldes. L’essentiel, c’est de faire nombre, qu’il y ait à la louche, autant de monde sur la ligne de départ que pour la présidence
de Les Républicains. « Quatre ou cinq Quatre qui ambitionnent ou cinq qui ambitionnent d’incarner l’avenir du PS.
d’incarner À condition que le PS l’avenir du PS. À condition ait un avenir. » que le PS ait un avenir. Espièglerie de l’actualité : Emmanuel Macron est, aujourd’hui, en Italie, le premier pays en Europe occidentale à avoir enterré son PS il y a un quart de siècle. Un partito socialista italiano a ressurgi en , simple force d’appoint à un parti démocrate italien, grand frère transalpin de La République en Marche ! Ce scénario à l’italienne n’est certainement pas celui que Le Foll, Faure et les autres candidats à la présidence rêvent d’interpréter. Devenir un simple supplétif d’un Emmanuel Macron qui leur a infligé la plus grande déroute électorale de son histoire ? Bof, bof… D’autant qu’à la différence de l’Italie et de plusieurs pays du Sud, tous représentés ce soir à Rome à la table du Med-, notre système politique favorise plus les partis rouleaux compresseurs que les petits partis de coalition. En clair, si le PS disparaissait, pas sûr que le Président essuie une larme. C’est bien tout seuls que les socialistes vont devoir s’imaginer un nouveau destin. Avec les quelques dizaines de milliers de militants qui n’ont pas disparu ou qui n’ont pas rejoint l’ancien conseiller de François Hollande dans sa marche vers l’Élysée. S’ils sont pessimistes, ils se souviendront de ce vers de Lamartine : « Ainsi l’abîme appelle un plus profond abîme », ce qui serait un sale coup pour le parti à la rose. Comme lecture de chevet, mieux vaut choisir Claudel. L’auteur de Le pire n’est pas toujours sûr.