Nice-Matin (Cannes)

L’homme de l’ombre Chiffres

Contre Nice, Joao Moutinho a disputé son 200e match avec l’ASM depuis son arrivée en 2013. Discret, le Portugais est un cadre silencieux

- MATHIEU FAURE

Claudio Ranieri n’aura passé qu’une seule saison à entraîner Joao Moutinho sur le Rocher (2013-2014) mais l’actuel coach de Nantes avait parfaiteme­nt résumé la manière d’utiliser le Portugais : « Ce n’est pas où il doit jouer qui compte, c’est qu’il joue. » Contre Nice, le numéro 8 du Rocher a donc disputé son 200ème match sous le maillot de l’AS Monaco. On sait que les footballeu­rs sont très attachés aux chiffres, quand ce ne sont pas ceux des salaires, ce sont les statistiqu­es. Et 200 matches dans un club, ce n’est pas rien. « Je suis très bien à Monaco. C’est un club qui m’a beaucoup donné, et j’ai essayé de beaucoup donner à ce club. J’espère rester à Monaco pour y faire encore beaucoup de grandes choses » disait l’internatio­nal portugais (105 sélections) avant le derby azuréen. Un son qui fait écho aux propos de Vadim Vasilyev, vice-président du club, peu de temps avant les fêtes de fin d’année. En fin de contrat en juin prochain, Joao Moutinho pourrait poursuivre son bail sur le Rocher. « On est en discussion avec lui et tout est sur la bonne voie pour qu’il continue son aventure avec nous. Ça va se faire prochainem­ent. », avançait le Russe. Certains se seraient agacés d’avancer sans visibilité sur leur avenir, pas Joao Moutinho. «Çanemepréo­ccupe pas, je veux juste aider mon équipe. Ce genre de choses arrive tout seul, ça va rouler, ça va passer. On verra bien si je prolonge, peut-être pas maintenant. Pour l’instant, il faut jouer » disait-il chez nos confrères de L’Equipe fin août. Une parole médiatique plutôt rare. Surtout dans la presse française. Agacé par les critiques à son encontre lors de sa première saison, il s’est fermé, notamment à la presse. Présenté - à tort - comme un garçon capable de gagner des matches à lui tout seul, Joao Moutinho a sans doute été pénalisé par la vision erronée que les suiveurs avaient de lui en arrivant en France. L’arrivée de

‘‘ Leonardo Jardim sur le banc de touche en 2014 a forcément tout changé. L’ancien coach du Sporting a transfigur­é son milieu, le rendant plus indispensa­ble. Avec Joao Moutinho, l’équipe est plus équilibrée même si son influence sur les résultats n’est pas toujours évidente. Souvent annoncé sur le départ (Zenit Saint-Pétersbour­g, FC Porto, Valence), Moutinho est toujours là. Titulaire dans 70% des matches de Ligue 1 de l’ASM, le numéro 8 est une valeur sûre, un profession­nel aguerri et un homme qui connaît parfaiteme­nt son corps. La preuve avec son début de saison. Revenu tardivemen­t cet été après une Coupe des confédérat­ions disputée avec le Portugal, il débute pourtant le premier match de championna­t onze jours seulement après son retour à l’entraîneme­nt. Si Youri Tielemans, recruté pour 25 millions d’euros, met autant de temps à s’installer dans le onze de départ, le début de saison de Moutinho n’y est pas étranger (5 passes décisives cette saison dont 3 lors des 2 premières journées). Pourtant, Moutinho aurait pu partir, notamment en 2015 quand le projet monégasque a changé. « Dans celui qu’on m’avait présenté, l’ambition était de gagner la Ligue des champions d’ici trois ans » avouait-il en avril dernier au magazine So Foot. Hasard ou non, c’est sur le Rocher qu’il a goûté pour la première fois au frisson d’une demi-finale C1. C’était au printemps dernier. Et dans la dernière ligne droite d’une saison 2016-2017 XXL, Joao Moutinho est (re)devenu ce maître à jouer discret, à la technique sobre et sûre, manquant parfois d’un peu de folie mais toujours au rendez-vous des grands matches. Au vrai, le Portugais n’est pas un amateur de gestes superflus. Il joue utile. « C’est une star qui se met au service de l’équipe » nous disait Pontus Farnerud en septembre. Le Suédois a confirmé son amour du Portugais dans un entretien accordé àSoFoot: « Quand on a une équipe comme le Monaco de l’année dernière avec des joueurs attirés par l’offensive, c’est super-important d’avoir un joueur comme Moutinho qui sait faire jouer l’équipe. Il ne brille pas, il fait briller les autres. Il temporise le jeu, permet de trouver un équilibre. Il n’est peut-être pas assez apprécié aux yeux des Français. Il a l’expérience, le caractère, l’état d’esprit. Il peut être sur le banc pour un match, on sait qu’on pourra compter sur lui au prochain.» Toujours dans les colonnes du mensuel, Joao Moutinho s’était, lui, livré sur sa vision du football au printemps dernier, quand l’AS Monaco marchait sur tout le monde : « Dans le football, il vaut quand même mieux avoir le ballon. Normalemen­t, tu as plus de chances de te procurer des occasions en maîtrisant la possession. Mais ça, c’est la théorie. Il existe des exceptions comme Leicester qui défendait bien et sortait très vite avec le ballon avec des joueurs très rapides. Je pense que notre équipe est un mix. On sait contrôler le ballon, jouer en attaque placée, mais si on a la possibilit­é de placer une attaque rapide, on ne va pas hésiter à prendre des risques dans la transition. Après, on s’adapte aussi à l’adversaire. Les équipes en face connaissen­t notre potentiel offensif et ont tendance à évoluer beaucoup plus bas pour ne pas être prises de vitesse ». Les paroles d’un homme qui comprend tout. Un taulier en quelque sorte. Mais un taulier discret. C’est le nombre de buts marsqués par Joao Moutinho avec l’AS Monaco depuis son arrivée en . Le nombre de passes décisives délivrées sous la maillot de l’ASM. Le nombre de minutes jouées avec l’ASM en  matches, soit une moyenne de  minutes par match. Comme le nombre de match de Ligue des champions disputés avec l’ASM ( but,  passes).

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France