Nice-Matin (Cannes)

Et France Gall participa au festival de San Remo...

Rares sont les personnes à savoir que France Gall, décédée la semaine dernière à 70 ans, s’était produite tout près d’ici, en 1969, dans le cadre du célèbre concours de chansons italiennes

- A.R.

On se souvient évidemment du jour où France Gall a remporté l’Eurovision, en 1965, pour le compte du Luxembourg. Mais qui se rappelle sa prestation au festival de chansons italiennes de San Remo ? C’était en 1969. Deux ans après la participat­ion de Dalida et de son tourtereau Luigi Tenco – qui avait conduit au suicide de ce dernier. Cette année-là, France Gall n’a que 22 ans. Elle fait pourtant déjà figure de has been. Trop gaulliste pour les soixante-huitards. Trop osée pour les autres. Ceux qui n’ont toujours pas digéré « Les Sucettes », un morceau sulfureux écrit pour elle en 1966 par Serge Gainsbourg. Dont elle n’avait visiblemen­t pas compris grand-chose.

Arrivées e avec le morceau La Pioggia

Un peu perdue, la jeune artiste vit une véritable traversée du désert en France. Elle décide de traverser une frontière, cette fois-ci pour redorer son image. Direction la Ligurie, où elle interprète «La Pioggia» (L’Orage) aux côtés de Gigliola Cinquetti. Celle-ci n’est clairement pas inconnue des Italiens, dans la mesure où elle a déjà remporté ledit concours de chant en 1966. Quant à France Gall, on la sait douée quand il s’agit de chanter dans une langue étrangère, presque sans accent. Bien qu’il s’agisse d’un apprentiss­age phonétique. De souvenirs de spectateur­s présents le jour J, la prestation de France Gall n’était pas franchemen­t glorieuse. Et les amateurs préfèrent davantage réécouter aujourd’hui une autre version de cette chanson qu’elle interpréte­ra seule, un peu plus tard, à la télévision italienne. Reste qu’en ce début d’année 1969, les deux chanteuses atteignent la 6e place du concours, derrière Bobby et Iva Zanicchi, les lauréats de cette édition. Pas si mal pour une mal aimée… Questionné­e par les journalist­es de Platine en 1996, sur ce creux dans sa carrière, France Gall admet bien volontiers que les années passées sous contrat avec la maison de disque La Compagnie étaient relativeme­nt désastreus­es. « Qu’est-ce que je n’étais pas bien ! C’est assez angoissant à vingt ans de ne pas avoir d’argent quand on en a eu beaucoup à seize (...). La Compagnie, c’était la galère ! Hallucinan­t. Je suis même allée au festival de San Remo défendre “L’Orage” avec Gigliola Cinquetti. Là, j’ai même chanté avec Little Stevie Wonder. Je me souviens avoir été très mauvaise. » Les principaux concernés sont parfois les pires juges. Et les Italiens, eux, découvrent cette « petite » Française avec plaisir. Au point qu’elle a probableme­nt rencontré un succès plus louable chez les Transalpin­s, avant de croiser la route de Michel Berger, du moins.

Changer d’« hair »

C’est pourtant une autre rencontre, quelques mois après le festival de San Remo, qui aidera l’artiste à sortir de l’ornière. Ne serait-ce que partiellem­ent. En mai 1969, une amie l’emmène en effet voir «Hair». Une version française de la comédie musicale qui fait alors un tabac. Entre autre interprété­e par un certain… Julien Clerc. Fascinée par sa modernité et son charisme, France Gall reprend un peu goût à la vie. Et si sa carrière ne décolle pas immédiatem­ent, les premiers jalons d’un come-back sont posés. « Je voulais changer d’air et c’est Hair qui m’a changée », ironisera-t-elle après coup.

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(Photos DR) France Gall et Gigliola Cinquetti avaient chanté en duo au festival de San Remo, en .
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