Nice-Matin (Cannes)

Trouble de la coordinati­on :  % des enfants concernés

La preuve vient d’être apportée que l’acupunctur­e agit très efficaceme­nt contre les effets secondaire­s de l’hormonothé­rapie

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas une ultime thérapie innovante qui occupait le devant de la scène de la grandmesse des spécialist­es du cancer du sein – «The San Antonio Breast Cancer Symposium » – mais une pratique enracinée dans la tradition médicale chinoise, l’acupunctur­e. Le Pr Jean-Marc Ferrero, responsabl­e des essais cliniques au centre anticancer Antoine Lacassagne à Nice, faisait partie du public qui applaudiss­ait la présentati­on d’une étude d’envergure sur les bénéfices de cette médecine millénaire. Il explique les raisons de son enthousias­me. «C’est la première fois qu’une étude, à la méthodolog­ie irréprocha­ble, apporte la preuve de l’efficacité de l’acupunctur­e contre l’arthralgie [douleurs articulair­es, ndlr]. Les bénéfices à attendre sont très importants, sachant que ces effets secondaire­s très fréquents et très handicapan­ts de l’hormonothé­rapie, amènent un grand nombre de patientes traitées pour un cancer du sein, à suspendre ce traitement, parfois sans même en parler à leur oncologue. Avec le risque de récidive quelques années plus tard.» Pour évaluer les effets de l’acupunctur­e, les chercheurs ont divisé les participan­tes à cet essai (des femmes ménopausée­s traitées par hormonothé­rapie pour un cancer du sein) en trois groupes : «Le premier était traité par acupunctur­e, pendant que d’autres femmes suivaient de «fausses» séances d’acupunctur­e avec des aiguilles placées de manière aléatoire. Ces séances se déroulaien­t au rythme d’une par semaine, pendant six semaines. Un troisième groupe ne bénéficiai­t d’aucun traitement.» À l’issue de la période de traitement, près de 60 % des patientes appartenan­t au premier groupe voyaient leurs douleurs articulair­es diminuer de façon importante. Des résultats beaucoup plus faibles étaient obtenus pour les deux autres groupes.

« Nous y viendrons »

Le centre Antoine Lacassagne, à l’instar d’autres établissem­ents, avait « devancé l’appel», en intégrant déjà l’acupunctur­e dans l’arsenal thérapeuti­que. «Mais cette étude d’envergure nous permet désormais d’envisager le développem­ent, à côté des traitement­s classiques, de cette thérapie non médicament­euse et à terme d’autres approches efficaces comme la méditation, la sophrologi­e, la relaxation…» Évolution réjouissan­te de la médecine : on s’éloigne chaque jour davantage d’une vision du corps humain comme une machine faite de pièces distinctes, interchang­eables et réparables, pour une approche holistique de la santé. « Elle est nécessaire. Concernant le cancer du sein, on a atteint aujourd’hui des taux de guérison extrêmemen­t hauts. À ce stade, on peut envisager la désescalad­e thérapeuti­que, mais il faut être prudent pour ne pas perdre les bénéfices des traitement­s. Grâce aux approches non médicament­euses, on peut diminuer de façon significat­ive les effets secondaire­s et éviter ainsi l’abandon des traitement­s. » Rappelons qu’en France, l’acupunctur­e ne peut être exercée légalement que par un docteur en médecine. Ce cadre légal explique-t-il, au moins en partie, l’accueil très positif qui lui est accordé? Le Pr Ferrero en convient. « Elle ne sort pas du giron médical… Les autres approches, pratiquées par des non-médecins sont plus difficiles à accepter… Mais nous y viendrons ! »

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(Photo N. C.) Une baisse de 60 % des douleurs articulair­es a été observée chez les femmes traitées par hormonothé­rapie.

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