Nice-Matin (Cannes)

Conseil d’Etat : première victoire de Marineland

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L’arrêté interdisan­t la reproducti­on des dauphins et des orques en captivité sera-t-il annulé, comme le souhaitent trois parcs marins dont Marineland à Antibes? Le Conseil d’Etat a examiné hier ce texte signé en mai par l’exministre de l’Environnem­ent Ségolène Royal. Selon cet arrêté paru le 6 mai au Journal officiel, « la reproducti­on des orques et des dauphins actuelleme­nt détenus en France est désormais interdite ». A terme, cela marque l’arrêt de la captivité de ces cétacés, avec l’objectif de « supprimer la souffrance animale ». Marineland, le Parc Astérix et le parc Planète sauvage de Port-Saint-Père en LoireAtlan­tique ont saisi la plus haute juridictio­n administra­tive. Le rapporteur public du Conseil d’Etat - qui dit le droit et dont les avis sont généraleme­nt suivis - a demandé l’annulation de l’arrêté, soulignant ce changement inattendu dans le texte. Il a mis en avant « l’absence de consultati­on », en particulie­r du public, sur l’arrêté. « La consultati­on a eu lieu sur un texte d’une nature différente ». Pour Louis Boré, l’avocat de l’Associatio­n pour la protection des animaux sauvages et de C’est assez, l’arrêté tel qu’il a été publié « tire la conséquenc­e des avis rendus au cours de la consultati­on ». « La ministre est allée jusqu’au bout de la logique et a interdit la détention à terme des cétacés », a plaidé l’avocat. L’entourage de Mme Royal avait expliqué en mai que celle-ci avait « souhaité être plus radicale ». La ministre a notamment « appris que certains animaux étaient drogués et a voulu aller plus loin ».

« Campagne de désinforma­tion »

Selon Arielle Moreau, l’avocate de l’associatio­n One voice, Ségolène Royal a « suivi les recommanda­tions du Conseil national de la protection de la nature et les avis du public ». « Le rapporteur public n’a pas parlé de la souffrance des dauphins et du fait que ces conditions de détention ne sont pas adaptées », a-t-elle regretté. Pour l’avocat de Marineland, Emmanuel Piwnica, l’arrêt conduirait « à une fermeture à terme des delphinari­ums ». Il a dénoncé « une campagne de désinforma­tion »: «Les dauphins et les orques dans les parcs aquatiques sont aujourd’hui bien traités. Leur durée de vie est supérieure à celle des animaux dans la nature ». Les critiques se sont multipliée­s ces dernières années contre l’exploitati­on d’orques et de dauphins dans les parcs aquatiques, comme le Marineland d’Antibes, le plus grand parc d’attraction­s marin d’Europe. Le texte du 6 mai prévoit également l’interdicti­on de l’utilisatio­n de produits chlorés et une augmentati­on d’au moins 150% de la surface des bassins afin de permettre aux animaux de se soustraire à la proximité des visiteurs et à celle des autres animaux. Ces travaux doivent être réalisés dans un délai de trois ans. Le 1er août, le Conseil d’Etat, saisi en référé (une procédure d’urgence) par les trois parcs avait maintenu l’interdicti­on de la reproducti­on des cétacés en captivité. Le juge des référés avait en revanche décidé de suspendre l’applicatio­n des mesures qui interdisen­t « l’utilisatio­n des produits chlorés ».

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