Lactalis: le rappel s’élargit, la crise s’étend en Europe
Un cas avéré a été recensé en Espagne, et un autre reste à confirmer en Grèce
Lactalis devra reprendre, sans distinction, tous les lots de lait infantile produits dans son usine de Craon (Mayenne) : la décision, radicale, a été annoncée hier par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, alors que la crise s’étend désormais hors de France. Élargissant le précédent rappel qui courait à partir de février 2017, le ministre souhaite ainsi mettre un terme à une crise sanitaire d’autant plus retentissante qu’on apprenait quelques minutes après son point presse qu’un cas de salmonellose avéré avait été découvert en Espagne, alors qu’un autre cas reste à confirmer en Grèce. « Ce sont deux cas touchant des enfants qui ont consommé le lait en question. Le cas espagnol est confirmé [...] Le cas grec ne l’est pas, mais il y a des signes», a expliqué François-Xavier Weill, bactériologiste de l’Institut Pasteur de Paris.
« Faire preuve de davantage de transparence »
Afin de mettre fin à l’inquiétude des familles et éviter que ce scandale ne vienne éprouver la «réputation» d’une filière laitière française déjà en crise, Bruno Le Maire a « demandé à M. Besnier, le président de Lactalis, de faire preuve de davantage de transparence». Le ministre s’est finalement présenté seul devant la presse, après avoir reçu pendant une bonne heure le très secret patron du groupe qui, en dépit d’un appel à venir s’exprimer publiquement lancé par le gouvernement, est arrivé à Bercy par une entrée dérobée, évitant les caméras. «Le président de Lactalis communiquera publiquement sur les causes de la contamination dès qu’elles seront établies», a toutefois assuré M. Le Maire, qui tancé à plusieurs reprises la direction du groupe laitier lors des dernières 48 heures. « Lactalis fera ensuite tous les investissements nécessaires sur le site de Craon pour garantir la sécurité sanitaire du site» ,at-il ajouté, écartant implicitement le spectre d’une fermeture de l’usine actuellement à l’arrêt et dont 250 des 327 salariés sont au chômage technique.
« Défaillance systémique »
Les distributeurs avaient déjà été convoqués à Bercy jeudi soir. Mais ils refusent d’être cloués seuls au pilori. Le patron des centres Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, a estimé jeudi qu’il y avait eu une « défaillance systémique et pas seulement sectorielle», épinglant au passage « des services de l’État ». Plusieurs responsables politiques et syndicaux ont également critiqué l’attitude de l’État, dénonçant notamment une baisse du budget et du personnel à la DGCCRF. Selon le gouvernement, la DGCCRF a réalisé 2 500 contrôles depuis le 26 décembre, et en prévoit 2500 autres dès la semaine prochaine. Ceux déjà effectués ont permis de retrouver des lots potentiellement contaminées dans des supermarchés, mais aussi dans des pharmacies, des crèches et des hôpitaux.