Nice-Matin (Cannes)

Trump accusé de racisme après un nouveau dérapage

Le président américain a qualifié Haïti, Salvador et des États africains de «pays de merde», déclenchan­t une vague d’indignatio­n dans le monde

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Donald Trump était hier dans la tourmente après un nouveau dérapage lors d’une réunion à la MaisonBlan­che sur l’immigratio­n. « Pourquoi est-ce que toutes ces personnes issues de pays de merde viennent ici?», a-t-il lancé, en faisant référence à des pays d’Afrique ainsi qu’à Haïti et au Salvador, expliquant que les États-Unis devraient plutôt accueillir des ressortiss­ants de la Norvège. Et de renchérir: « Pourquoi avons-nous besoin de plus d’Haïtiens ? »

C’est, comme souvent, via Twitter que le président américain a réagi à cette nouvelle polémique qu’il a créée de toutes pièces, et qui le met en difficulté au moment où il tente de trouver un compromis au Congrès sur ce dossier sensible.

« Abjects et répugnants »

« Le langage que j’ai utilisé lors de la réunion était dur, mais [ce

qui a été rapporté] ne sont pas les mots utilisés», a affirmé le milliardai­re dans une formule alambiquée, contestant donc le compte rendu effectué par plusieurs médias affirmant avoir de multiples sources. Du reste, quelques minutes plus tard, le sénateur démocrate Dick Durbin, présent lors de la réunion, assurait que le président avait bien utilisé « plusieurs fois » l’expression injurieuse. La Maison-Blanche, elle, n’a ni contesté ni démenti, se bornant à souligner que M. Trump se battrait «toujours pour le peuple américain ». «Les mots utilisés par le président tels qu’ils m’ont été rapportés directemen­t par ceux qui ont participé à la rencontre n’étaient pas “durs”, ils étaient abjects et répugnants », a ajouté en écho le sénateur républicai­n Jeff Flake, un conservate­ur opposé à Donald Trump. Tandis que l’ancien vice-président démocrate Joe Biden a, lui aussi, donné de la voix : «Ce n’est comme cela qu’un président devrait parler et se comporter. Mais surtout, ce n’est pas comme cela qu’un président devrait penser. Nous valons mieux que cela. »

« Vision simpliste et raciste »

Le gouverneme­nt haïtien a dénoncé des propos « odieux et abjects » qui, s’ils étaient avérés, seraient à tous égards «inacceptab­les car ils refléterai­ent une vision simpliste et raciste ».

En Afrique, colère et amertume dominaient. L’Union africaine a déploré des remarques « blessantes ». Et le Botswana, qui a convoqué l’ambassadeu­r américain pour lui faire part de son mécontente­ment, a estimé que les remarques du président américain avaient porté un «coup» aux relations diplomatiq­ues entre Washington et les pays africains. Le Haut-commissari­at de l’ONU pour les réfugiés a déploré de son côté des propos «choquants et honteux ». « Désolé, mais il n’y a pas d’autre mot que “racistes” », a déclaré son porte-parole Rupert Colville. Dans un étrange télescopag­e, le président américain a signé hier en milieu de journée une déclaratio­n en l’honneur de Martin Luther King, qui sera célébré à travers les États-Unis lundi, jour férié. Au cours d’une brève cérémonie, il a a loué « le rêve d’égalité, de liberté, de justice et de paix » du militant noir des droits civiques et salué un homme qui a « changé le cours de l’histoire ». Presque simultaném­ent, à quelques kilomètres de là, le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson défendait les « valeurs » américaine­s lors d’un discours sur le « respect » où il a fait l’éloge de la « diversité » et des « différence­s ».

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La Maison-Blanche n’a ni contesté ni confirmé les propos. (Photo MaxPPP/DPA)

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